C comme Chasseur.

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Le vent. Dévorant chaque once de Zaarël, mon souffle de vie.
Le froid. À nouveau sec et glacial, comme il y a quelques siècles, quand mon âme n'appartenait pas encore aux ténèbres.
Les deux présageant quelque chose de sombre, de funeste.

Elle est revenue. Pour moi.

"Oh mon ange, tu éprouves des scrupules ? Mais il est trop tard maintenant Aslane, tu es à moi. Fuis, mon coeur. Tu sais bien que je finirai par te retrouver. Où que tu ailles."

En nage, je bondis sur mes jambes loin de la paillasse sommaire qui me sert de couche, me précipitant à l'extérieur pour respirer l'air qui me manque. Dehors, la brise tiède fait tourbillonner les rares feuilles aux sols, tandis que le soleil levant viens picoter ma peau en signe d'accueil.
Que je fasse ce rêve chaque fois que je daigne bien fermer les yeux depuis un bon paquet de siècle n'aide pas du tout à enrayer la panique qui me submerge à chaque réveil. Elle est toujours aussi vive et tenace. C'est le dernier présent qu'Elle m'a légué, avant de sombré dans un sommeil l'amenant aussi loin du Ciel que de la Terre. Amer, je décide tout de même d'interrompre ce filon de pensées, mon esprit apaisé par les sons de la forêt, et je m'empresse de me vêtir. Ma cape grise sur le dos, signe distinctif de ma profession, et mes armes en poing, je quitte ma planque d'une nuit, pour poursuivre la quête qui m'a amené dans le sud d'Eisdreel.

Ma cible n'a de cesse de m'échapper depuis le début de ma chasse, comme si il me sentait venir. Pourtant, cela devrait être impossible, puisqu'ils sont incapables de sentir notre présence. Ce vampire doit avoir une botte secrète, que je n'ai pas encore identifié. Mais cela ne saurait tarder, car il en va de mon devoir. Etre un Chasseur implique de lourdes responsabilités.
Nous sommes l'équilibre entre chaque espèces de ce monde, Humains, Garous, Vampires, Mages, Sorciers et d'autres créatures magiques, tous doivent respecter les règles qui régissent Eisdreel. Notre mission à nous, Chasseurs, est d'arrêter ceux qui font fi de ces règles, et qui menacent de ce fait la paix déjà fragile instaurée entre chaque clans terrestres. Ce qui est le cas de ma cible qui fait du grabuge depuis pas mal de temps, terrorisant les rares humains encore présents dans cette région de notre continent. Mais ce n'est pas cela qui a poussé les Chasseurs à m'envoyer m'en occuper. Ce satané vampire s'en ai pris aux Malkhiris, ou enfants-esprits, sacrés chez les humains d'Eisdreel. Il les a vidé de leur sang, a arraché leur têtes de leur corps fragiles, se délectant de la fibre magique contenue dans leur liquide vital. Je dois l'avouer, c'est la rage qui m'a poussé à accepter cette chasse. Je suis vieux, vraiment très vieux, pourtant mon inconscient n'a pas oublié mon ancien statut, celui qui me pousse à défendre les humains plus que les autres espèces.
Une nouvelle fois, je décide de tenir mon passé loin de mes pensées, me concentrant d'avantage sur le présent. En traversant silencieusement la forêt, je réfléchis à mon plan d'action, puisque je sais depuis hier où le vampire c'est réfugié. Depuis quelques jours, une recrudescence de meurtre sévit dans la petite bourgade d'Istera, et on a attaqué une nouvelle fois des enfants esprits. Ça ne peut être que ma cible.
Sans trop avoir à y réfléchir j'atteins la dite bourgade.

Les allés sont vidées de toute vie, il n'y reste qu'un cheminement croissant de peur et de terreur, tandis qu'au loin, des cris et des pleures se font entendre. Je devine que je suis arrivé au moment où le vampire a décidé une nouvelle fois de passer à l'attaque. Il ne m'en faut pas plus, je me munis en un éclair de mes armes, et j'active mon mode chasseur. Les cris sont ma boussole, et bientôt j'arrive au point névralgique de l'assaut. C'est une grande place circulaire, où une estrade du même type se tient en son centre. Devant moi, un chahut à son apogée se déroule. Les humains courent dans tout les sens autour de l'estrade, tandis que quelques courageux essaient de l'escalader, pour sauver les enfants inconscients allongés de part et d'autres de cette dernière. Ils sont tous rabroués parce que je sais être des Poings d'air. Un Mage ? Impossible, ils ne s'en prennent pas aux enfants-esprits. Un Sorcier alors, c'est beaucoup plus plausible. En tout cas ce qui est sûr c'est que ce n'est pas un vampire. Je ne m'attarde pas une seconde de plus sur cette surprenante information et je bondis sur l'estrade près à combattre. Pourtant, aucun sorts n'est lancés. Je fronce promptement les sourcils, observant plus attentivement la Sorcière qui me jauge avec un sourire mesquin collé sur le visage. Elle est vraiment très belle, mais d'une beauté bien trop dangereuse pour être réelle. J'avance d'un pas, resserrant ma prise sur mes armes. Son sourire s'agrandit et un ricanement sort de sa bouche.

"Ah Chasseur ! Je t'attendais. Ils ne m'avaient pas dit que tu étais si beau !"

Valahar, Les Serres Maudites.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant