Il ne se souvenait plus très bien de comment ça s'était passé. Sa mère était venu le chercher comme on vient chercher un enfant à l'école. Puis noir. Elle l'avait laissé dormir. Il s'était réveillé. Elle avait une casserole à la main, une casserole fumante, et un sourire presque enjôleur, presque effrayant. "Bon garçon ne bouge pas.", il avait obéit, il avait regretté. Elle le prit par les cheveux et lui renversa violemment la tête en arrière, une vieille musique dans un tourne disque se jouait en fond, une musique glauque. Et au moment où il cligna des yeux, elle lui renversa la casserole d'eau bouillante sur les yeux, il hurla d'abord alors elle continua. Cliché la musique, il avait pensé. Il sentait sa vue se troubler, puis noir total. Plus rien.
"Monsieur Sören ?" il se réveilla, "Aaaaaah il est réveillé, bonjour Sören !" une voix inconnue et du noir, que du noir, il commença à paniquer "Ne paniquez point Sören, c'est juste du noir, nous allons vous enlever votre bandage !" il commença à se rassurer et il sentit les mains du supposé médecin s'avancer pour déserrer son bandeau, puis il ne sentit plus rien, il ouvrit les yeux, et les larmes lui vinrent. "Nous ne pouvions rien faire...." chuchota le médecin à sa mère, elle fit un bruit de dégoût, "Remettez lui son bandeau beurk !", le médecin déglutit et obéit. Il ressentit le bandage sur ses yeux, bandage qui fut trempé de larmes, larmes silencieuses. Il ne verrait plus que le noir. Après l'enfer venait le noir. L'obscurité sans fin.
Les années passèrent et le jeune homme s'était accoutumé à être aveugle, il avait fait écrire sur son bandeau, le mot "Godless" sa mère, ne parlant pas un mots d'anglais ne comprendrais pas le sens de ce mot. Oublié. Oui il l'était. Sans dieux aussi. Il s'était enfuit à ses quinze ans. Sa mère ne l'avait pas cherché et était morte quelques années après. Il avait vécu une vie de pauvreté et de débauche, avait apprit à se battre à mains nues et avait développé un sixième sens. Sixième sens qui lui apprit notamment à se battre au sabre, arme qu'il avait trouvé un jour de pluie, abandonné prêt d'un dojo. Il ne s'en était plus jamais séparé. Et il tranchait des têtes, éventrait, sans plus aucuns sentiments, sans plus aucunes craintes. Il retourna au monastère, qui n'avait pas changé. Toujours les mêmes personnes. Il toqua. Plusieurs minutes passèrent et on lui ouvrit, "Bonjour je me suis perdu, pourrais-je loger ici ?" le même sourire sadique se glissa aux lèvres du prêtre qui accepta avec grande joie. "Vous êtes ici chez vous pour autant de temps que vous voudrez mon cher, relaxez vous." le même réfectoire, toujours aussi bruyant, et grinçant, des moines qui trinquaient, se bourraient jusqu'à l'os, "Merci beaucoup messieurs..." mima l'homme. Il entendit le prêtre caler une chaise sur la porte pour la bloquer, "Biiiiiiiiiien !" dit-il une fraction de seconde plus tard, "Messieurs faisons la fête comme jamais !", les autres crièrent "Skoell !" , le garçon ne trinquait pas, et les autres le regardaient, il le savait, il sourit et riait haut et fort, il riait de tout son être, au début les autres ne riaient pas, puis ils le suivirent en symbiose. "Vous avez tous couru à votre perte mes chers amis ! Comme c'est dommage l'alcool brûle vite !" il découvrit son sabre de dessout le vieux tissu, il continuait de rire aux éclats, les autres se turent et commencèrent à pleurer et à hurler. Plusieurs se jetèrent sur lui, les autres, presque tous bourrés tombèrent de leurs chaises sans pouvoir se relever, il y eut des cris, du sang sur les murs, et le bourreau riait aux éclats, "DITES MOI PÈRE VOUS NE M'AVEZ PAS OUBLIE TOUT DE MÊME CE SERAIT REGRETTABLE, VOUS QUI M'AVEZ SI BIEN APPRIT !" il ne restait plus rien que des cadavres qui s'empilait, et le prêtre était coincé contre un mur, tremblant, priant, appelant au secours, "Que vous êtes ridicule..." fit remarquer l'homme en se dirigeant vers le prêtre. Il prit un vers de vin et le bu tout en marchant, dégainant l'arme, l'autre lui balança une bouteille au visage qu'il brisa du bout de son sabre, "Que vous êtes devenu lent... Ne voulez vous pas trinquer pour votre dernière leçons ?" , il suppliait de son côté. Trop Tard. Le bourreau récitait le notre père, tandis qu'il poursuivait le père, "Délivrez nous du Mal..." et il planta son sabre dans le ventre gras du vieillard. Plus rien, un grand silence suivit le massacre. "Tu as finis par revenir mon garçon..." marmonna une voix tremblante, "Le vieux..." , l'intéressé sortit de l'ombre, "N'as-tu point de peur vieillard ?" demanda Sören, "A un âge avancé nous ne craignons plus la mort. Et dans votre regard ne se cache point l'envie de me trancher la gorge. Je le sais." il grelotait et tremblait, puis prit un couteau dans sa main, "Partez à Salem jeune homme, vous y serez bien là bas, et vous vivrez en tout anonymat, c'est ma ville... Je ferais croire que c'est moi qui les ai tué le temps qu'ils comprennent la ruse vous serez partie bien loin..." il avait du mal à parler et s'était assis sur un des cadavres, sa longue barbe tombait dans les flaques de sang, "Pourquoi faites vous cela ?" grogna le garçon sur ses gardes, "Parce que j'étais comme toi, et je suis comme toi." il se découvrit de sa capuche et laissa apparaître ses yeux, voilés de blancs, "Non seulement je suis aveugle, mais je déteste la religion et j'espère sincèrement que tu te battras contre ça...". Il rangea l'arme dans son fourreau après l'avoir nettoyée, et salua le vieillard, "Merci le vieux..." dit-il refermant la porte, en faisant un signe de tête. Plusieurs jours plus tard il était dans une voiture, une drôle de langue se parlait, tout du moins il savait que c'était de l'anglais, mais il ne savait que dire quelque phrase, sinon il avait apprit le japonais, mais il doutait que ça allait servir ici, "Bienvenue à Salem, j'espère que vous n'avez pas peur des sorcières, car elles roderont ce soir dans les rues, eh oui c'est Halloween aujourd'hui mes poulets !" il avait comprit ces mots, et souriait en coins.Il n'y aura pas que des sorcières.
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Blind Eyes, Red life
AcciónIceland, monastère de Reykjavik, un homme torturé par la religion fait couler le sang des faux croyants, et retourne aux Etats Unis pour y mener une vie peut-être tranquille. Peut-être ou peut-être pas.