6. Parce q-que tu m'aimes.

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Je caressai doucement les cheveux de Titania, qui s'était endormie. Cela faisait deux semaines que ma mère était au courant pour notre secret, et elle venait tous les trois-quatre jours nous rendre visite. Elle avait réussi à détendre Titania, qui lui parlait avec plus de facilité, même si elle restait toujours un peu gênée, n'oubliant jamais qu'il s'agissait de la reine.

Je sentis une boule de poils se coller contre moi, alors me tournai pour prendre Grisou, devenu un beau chat, dans mes bras. Je le sentais ronronner sous mes doigts, et mordis mon sourire. Je quittai le lit pour m'asseoir dans un fauteuil, le regard fixé sur le corps allongé sur la couche. Je passai mes doigts dans la fourrure de l'animal, amusé de le sentir vibrer. Je me penchai pour embrasser son museau, et le sentis planter ses griffes dans mon pantalon en signe de protestation. Aussitôt, je le lâchai, et il trottina jusqu'au lit, y grimpa, et se roula en boule contre le ventre rond de Titania. Il n'y avait qu'elle qui avait le droit de le serrer contre elle, de l'embrasser sans qu'il ne proteste.

Je les fixai tous les deux, attendri, et sentis mon cœur se gonfler de bonheur. Je me passai une main dans les cheveux en soufflant, et ma joie retomba. J'avais parfois tellement honte d'être sourd, de ne pas pouvoir entendre sa voix, de ne pouvoir faire quelque chose si jamais il lui arrivait quelque chose et que j'avais le dos tourné... Je baissai la tête pour fixer mes mains, la mine sombre. Titania avait beau me rassurer en me disant qu'elle s'en fichait, qu'elle m'aimait quand même, je savais qu'elle aurait, au fond d'elle, préféré épouser un homme « normal ». Et cela me déchirait le cœur. J'avais conscience que ce n'était pas bien pour moi de me morfondre ainsi, mais... Je n'y pouvais rien.

Je vis, à la périphérie de mon regard, Titania bouger. Elle se redressa doucement, me cherchant des yeux. Quand elle me vit, assis devant la fenêtre, un sourire soulagé illumina son visage. Je me forçai à sourire à mon tour, me levant pour venir m'agenouiller devant le lit. Je l'interrogeai du regard, lui demandant silencieusement si tout allait bien. Elle acquiesça en me caressant les cheveux. Je tentais de faire bonne figure, ne voulant surtout pas l'attrister. J'effleurai sa joue des doigts avant de me détourner pour embrasser doucement son ventre. Puis je le caressai, souriant malgré moi. J'adorais lorsque je sentais de petits coups contre ma paume.

Elle releva mon visage vers le sien pour m'embrasser tendrement, et je compris à travers ses baisers qu'elle avait compris que j'étais triste. Un sourire amusé m'échappa. J'étais surpris qu'elle me connaisse à ce point. Elle sépara nos bouches et colla son front au mien :

« - Qu'y a-t-il ?

- C-comme toujours. »

Elle fronça ses délicats sourcils, avant de soupirer :

« - Viens donc dans mes bras, Côme. »

J'enlaçai docilement sa taille en la rallongeant sur le matelas, et me blottis contre elle en faisant attention à ne pas appuyer sur son ventre. Je posai ma tête à côté de la sienne, et vis qu'elle me fixait, une lueur triste au fond de ses prunelles. Aussitôt, je me mordis la lèvre, avant d'articuler :

« - Ne s-sois pas... Triste. »

Titania eut une moue contrite, et m'offrit un sourire crispé avant de tourner légèrement la tête, n'offrant à ma vue que sa nuque. Avec un sourire joueur, je me penchai légèrement pour poser mes lèvres sur sa peau, et la sentis soupirer. Elle tourna de nouveau la tête pour me regarder, et eus une moue faussement boudeuse :

« - Tu m'énerves. Je n'arrive jamais à rester fâchée contre toi. J'en ai assez que tu te sentes inférieur, alors je veux bouder, mais... Je n'y arrive pas. »

The sound of silence (Tome 2) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant