24. Allez viens, sœurette.

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Je manquai de m'étouffer avec ma salive, alors toussai à m'en arracher la gorge. Je sentis les petites mains de Juliette me taper dans le dos, tandis que Bertrand me fixait d'un regard désolé :

« - C'est bien ce que je pensais...

- Pas maintenant, je vous en prie. »

J'eus un coup de tête discret pour ma fille. Aussitôt, le blond acquiesça :

« - Je comprends. »

En temps normal, je me serais peut-être offusquée de sa familiarité, mais... Il m'était sympathique. Et puis, il avait accepté de me prendre, sans chercher à connaître mes motivations. Avant que je ne puisse répondre, des écuelles furent brutalement posées sur la table. Je vis Juliette sursauter, juste avant qu'un sourire affamé n'étire ses lèvres. Bertrand tendit une poignée de pièces à l'homme, qui déposa un pichet d'eau devant nous, ainsi que des verres, des couverts, et un verre rempli d'un épais et mousseux liquide jaunâtre. Puis, il partit.

Aussitôt, je chuchotai au blond :

« - Il est hors de question que vous payiez tous nos repas !

- Vous feriez mieux de garder votre argent pour vos enfants. »

Son regard était doux. Je sentis des larmes de gratitude me monter aux yeux, alors baissai le visage pour fixer la table. J'entendis la petite voix de Juliette demander :

« - Je peux manger ? »

Aussitôt, je reportai mon attention sur elle, lui répondant en souriant :

« - Bien sûr, ma puce. Fais attention, c'est peut-être chaud. »

Elle passa outre mon conseil, attrapant rapidement une fourchette pour la planter dans une carotte, qu'elle porta à sa bouche. Je l'observai attentivement, craignant que la nourriture ne lui brûle la langue, mais elle mâcha rapidement avant d'avaler sans problèmes. Elle leva un regard émerveillé vers moi :

« - C'est bon !

- Alors continue à manger, mon cœur. »

Je pris ma propre fourchette, puis jaugeai mon écuelle du regard. Bertrand eut un sourire amusé avant de boire sa boisson. Je lui demandai doucement :

« - Que buvez-vous ?

- De la bière. Vous voulez goûter ? »

Je pris son verre qu'il me tendait, puis reniflai le liquide. Une odeur âcre envahit mes narines. Je lui tendis aussitôt son verre en grimaçant :

« - Non merci, je préfère boire de l'eau. »

Il eut un léger rire, et j'ébauchai un sourire. Enfin, je piquai un morceau de viande de ma fourchette, et le portai à ma bouche. Et contre toute attente, c'était délicieux. Je mangeai avec enthousiasme, la présence de Juliette et de Bertrand réussissant à me faire oublier un instant Côme. J'écoutai d'une oreille distraite ma fille exprimer au blond son ressenti du court voyage, l'observant avec amour. Elle faisait de grands gestes avec sa fourchette, s'arrêtait parfois de parler pour manger, puis reprenait sa conversation. Et il l'écoutait avec attention, comme si elle était une adulte.

Mon attention dévia sur Bertrand. Je le détaillai d'un air songeur. Il était très agréable. Il n'avait pas insisté pour connaître les raisons de mon voyage, de ma fuite soudaine, et se montrait très souriant, très gentil. Il me rappelait Côme, avec sa douceur. Aussitôt, mon cœur se serra douloureusement, et je crispai brusquement mes mains sur mon ventre. Côme, qui m'avait abandonné, et qui avait pris une maîtresse en espérant sans doute que je ne l'apprenne jamais. Une boule de tristesse se forma dans ma gorge, et les battements de mon cœur s'accélérèrent. Je reniflai, essayant de refouler les brusques larmes qui me montaient aux yeux. J'entendis Juliette demander d'une petite voix inquiète :

The sound of silence (Tome 2) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant