Trouble-moi

( c )

J'arrivai au bureau dans l'heure qui suivit. Tout était clean. Kadiri était passé par là. Il avait arrangé la totalité de mes affaires... Et plutôt que de retenir son geste comme étant une preuve qu'il tenait à moi et se préoccupait de mon organisation au boulot, je préférais me le mettre à dos avec ironie, histoire de le faire flipper un peu. Il présentait un risque que je devienne sociable avec mes sous-fifres.

— Il est où mon lieutenant ? me demandai-je à moi-même en passant la tête dans une pièce vide d'existence.

Alice arriva dans mon dos.

— Je vais être jalouse, me sourit-elle de très bonne humeur.

À la vue de mon expression, elle prit peur.

— Ça s'est mal passé avec Ada ?

— Mais non, c'était très bien. Dites donc vous, je croyais que vous me faisiez confiance !

— Mais bien sûr que je vous fais confiance, commandant. Puisque je vous aime.

— Hm.

— Tenez, à ce propos... Puisqu'on n'a pas encore d'enquête, je me disais qu'on pouvait aller visiter votre cabinet de curiosités, votre refuge et repère...

— C'est vous mon repère. Et non, on n'ira pas dans mon refuge.

— Pourquoi ?

— Vous avez rien oublié, non ?

— Je ne vois pas de quoi vous parlez.

— Venez.

Je l'entraînai dans le bureau et le fermai à clé. Elle fut surprise de mon acte et crut un instant que je me préparais à l'embrasser passionnément. Ce qui n'était hélas absolument pas dans mes intentions.

— Une photo qui crame, déjà ça me plait pas, mais quand c'est nous dessus, ça me plait encore moins. C'est quoi ce truc ? Qui vous fait chanter ?

— Oh mais non c'est pas vrai... soupira-t-elle.

Elle devenait de plus en plus tendue. Moi je l'étais depuis ce matin.

— C'est tout ce que vous trouvez à dire ?

— C'est Léa !

— Quoi, quelle Léa... Ma Léa ? Nan, attendez, c'est pas possible...

— Si, figurez-vous. Elle n'est pas aussi sereine qu'elle a pu vous laisser entendre. Je suis désolée.

— C'est pas vrai...