"Belle technique d'approche, dis ! Je pourrais en dire de même de toi mais encore faudrait-il que je puisse apercevoir ton regard - fougueux, je l'espère" 

Le sourire aux lèvres et particulièrement fière d'elle, Mathilde se raffala sur son canapé, ne sachant délibérément plus que faire. Elle fixa les murs qui l'entouraient le temps d'un clin d'oeil, ne les connaissant que trop par cœur puis se posa sur le banc qui faisait face à son piano droit, l'un des seuls mérites qu'elle avait dans sa demeure. Sans besoin de réflexion, ses doigts filèrent au contact des touches du clavier, tel le ferait un informaticien avec face à un ordinateur, à la seule différence près qu'elle, n'était pas une professionnelle. Après plus de vingt années passées à tâter les touches du piano, elle pouvait remercier sa mère de l'avoir inscrite à ce cours de solfège l'été précédent son entrée en primaire : si seulement elle avait su les moments de joie qu'elle passerait avec son instrument, durant toutes ses années, malgré les nombreuses épreuves. 

La soirée s'acheva par la composition de sa propre mélodie : un morceau sur lequel elle travaillait depuis des mois déjà. Naturellement, elle n'était jamais satisfaite du résultat et passait beaucoup de temps à recomposer des notes sur lesquelles elle avait passé des weekends entiers. Quand ses doigts se résilièrent à s'accorder, elle comprit qu'elle ferait mieux de se coucher car ses paupières ne tarderaient pas à se retrouver. Le choc lumineux fut brusque quand elle rejoignit la cuisine pour se préparer une tasse de thé : elle n'avait pas vu le temps passer ni le soleil se coucher sur la ville et ses yeux eurent besoin de quelques minutes pour s'habituer à l'obscurité. 

La tasse de thé posée sur sa table de chevet, elle s'affala sur son matelas tel un enfant et ne tarda pas à trouver le sommeil, le thé jouant un rôle clé dans cette quête.

vingt juin dix-sept

ensanglantéWhere stories live. Discover now