CHAPITRE DOUZE (fin)

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JE N'AVAIS aucune envie d'entendre parler quiconque, ni de recevoir des messages, ni même de sortir pour voir de nouvelles têtes

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JE N'AVAIS aucune envie d'entendre parler quiconque, ni de recevoir des messages, ni même de sortir pour voir de nouvelles têtes.

J'étais resté cloîtrer chez moi, dans ma chambre, mon lit dérobant mon corps, le suicide de Momo se déroulant infiniment dans mon esprit tel un film traumatisant mais seulement, ce n'était pas un film. Mon amie est morte, rien ne pourra la ramener, on est dans la réalité et à part prier pour elle en espérant qu'elle aille bien, je ne pouvais rien faire.

Je ne suis qu'un humain et je me sentais vulnérable et surtout inutile, si seulement j'avais eu les bon mots, si seulement je lui avais parlé pendant son voyage au Japon, si seulement je l'avais pris sous mon aile comme je l'avais fait avec Yixing mais comme on dit si bien, on referait l'Histoire avec des "si".

— Je peux entrer ? Fit Yixing en toquant à la porte.
— J'ai dit non à Pranpriya, t'as quand même pas cru que j'allais te dire oui à toi, pestais-je.
Euh... si ? Non vraiment, je veux qu'on parle, implora le chinois.

Je soupirais lourdement en levant les yeux au ciel, quel âge a-t-il pour faire des caprices de ce genre sérieusement ? On ne pouvait vraiment rien lui refuser sinon il comptait me harceler jusqu'à ce que j'accepte.
Je finis tout de même par déverrouiller ma porte, il entra en souriant puis, lorsqu'il vit mes yeux rougis par la tristesse et des traces de crayon sur mes joues, son sourire tomba comme... Momo...

— C'est la première fois de ma vie que je te voie pleurer, j'ai presque envie de te prendre en photo, annonça-t-il.

J'arquai un sourcil avant d'ouvrir la porte en grand. Je n'étais vraiment pas d'humeur.

— Tu sors.
— Non non ! C'était juste une remarque ! Je suis venu pour te remercier en fait, m'avoua-t-il.

Je soufflais pour la seconde fois, qui sait, peut-être qu'il saura me remonter un peu le moral même si celle qui faisait habituellement ça c'était Momo. C'est dingue comme avant je ne pensais jamais à elle en sachant pertinemment qu'elle allait bien et que depuis son suicide, elle hante mes pensées. C'en est presque malsain j'ai l'impression que c'est une sorte de fantôme qui compte me hanter jusqu'à la fin de mes jours.

Il s'asseyait sur mon lit tout en me fixant de peur que je ne lui fasse une énième remarque puis ses fesses inexistantes se plaquèrent entièrement contre ma couverture, je restais debout, prêt à le défenestrer s'il osait dire un mot de travers (oui je suis plutôt sensible quand je suis énervé).

— Mes parents ont trouvé un nouveau travail, finit-il par déclarer avec le sourire.
— Sérieusement ?! M'exclamais-je avec stupeur et joie. Yixing, c'est formidable ! Tu ne retourneras pas en Chine avec Han et Minghao... et Junhui... et les trois quart de la classe j'ai envie de dire.
— Oui ! Grâce à l'argent des godes, ma maman a pu faire une pause pour chercher un autre travail et elle s'occupe maintenant de l'épicerie près de la poste.

J'attendais qu'il me parle de son père mais vu son manque de détails, je suppose que monsieur Zhang était définitivement retourner en Chine afin d'avoir un meilleur emploie. Il me semblait que son père avait un diplôme niveau BAC donc il n'aura sans doute aucun mal à trouver un métier en Chine.

— Ah et, continua-t-il, merci de m'avoir accueilli chez toi pendant que je ne m'entendais plus trop avec ma famille.
— C'est normal ! D'ailleurs, qu'est-ce qui s'était passé ?
— C'est gênant mais... mes parents voulaient me marier à ma cousine.

Je le regardais quelques instants avant de lâcher un rire nerveux suivit d'un  "C'est une blague ?" Mais vu sa tête, ça avait l'air d'être du sérieux. Bordel ! Je ne savais pas qu'il y avait toujours ce genre de famille arriérée en Chine ! Vive la Thaïlande !

Son regard changea du tout au tout, il déglutit bruyamment et n'osait même plus me regarder dans les yeux. (NDA: il fait la même tête que dans le gif là.)

— Je voulais que tu saches... que si tu ne m'avais pas autant aidé, j'aurais sans doute commis le même acte que Momo, déclara-t-il faiblement.
Arrête, Yixing tu n'es pas aussi vulnérable... il m'interrompit instantanément.
J'y ai pensé. J'allais le faire mais je n'ai pas eu le courage alors j'ai préféré aller chez toi.

Je le dévisageais durant de longues minutes en réalisant qu'il aurait pu être six pieds sous terre si jamais je n'aurais pas été là cette nuit là. Je me rendis compte à quel point il comptait à mes yeux lorsque je fus presque au bord des larmes en remarquant qu'il était bel et bien en vie, devant moi, respirant, en bonne santé. Et que c'était en se soudant qu'il avait pu s'en sortir.

— Tu n'as pas à porter le poids de sa mort sur tes épaules, au contraire, t'es le seul qui a eu le courage de monter sur le toit pour essayer de la dissuader mais il était déjà trop tard. Elle avait le cœur brisé.

Un extrait s'était alors joué dans ma mémoire, le moment où je la tenais par le poignet, où si j'avais été plus fort, j'aurais pu la hisser et la couvrir de mes bras pendant qu'elle pleurerait à chaud larmes mais ça ne s'était pas passé ainsi. Je n'avais pas été assez fort et je l'avais lâché, elle ne s'était pas envolée tel l'ange qu'elle était mais s'était juste écrasé comme une vulgaire sous-race, comme le sol coréen la voyait.

En commençant à avoir les yeux vitreux, Yixing m'avait faiblement souri avant de s'éclipser jusqu'à sortir complètement de mon domicile. Toujours la honte de pleurer devant moi, hein ? Quelle fierté ces chinois.

Je fixais mon smartphone, je parcourus mon répertoire jusqu'à atterrir sur le numéro de Momo, j'étais tombé sur une vieille conversation où elle m'avait confié ses mots de passes de ces réseaux sociaux le temps de son voyage au Japon car elle n'aurait certainement pas la tête à être active mais en même temps, elle voulait garder ses followers. 

Je me connectais alors sur son compte Instagram afin de publier une photo de elle et moi ainsi qu'une légende expliquant son décès et la merveilleuse personne qu'elle était. Faire des funérailles sur les réseaux sociaux était quelque chose de vraiment étrange parce que son compte était toujours là, j'avais toujours l'impression qu'elle était en vie. 

Au moment où j'avais décroché mes yeux de l'écran tactile, Maria se tenait dans l'encadrement de la porte, les larmes aux yeux, elle avait sûrement dû passer le pire voyage de sa vie. 

  — Est-ce que tu peux me raccompagner à l'aéroport, s'il te plait... 

J'avais simplement hoché la tête et ranger mon téléphone dans la poche arrière de mon short, j'espère réellement que tout se passera mieux lorsque j'irais à Ottawa en Septembre. Je veux juste profiter des gens qui m'entoure désormais et surtout Maria. 

INTÉGRATION +14/06/2017. 

intégration ! kunpimookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant