LUNDI 4 NOVEMBRE :
J'avancais dans ce qui serait désormais mon lycée, mon coeur semblait danser la samba. Je me sentais minuscule au milieu de tous ses lycéens en uniforme qui riaient et discutaient ensemble. Nous avions beau être tous habillés de manière identique, je me sentais tout de même ridicule, comme si je nétais pas à ma place. Je fonçai donc vers le bureau du directeur, plus que mal à l'aise et, prenant une grande inspiration, frappai. Un homme faisant surement le double de ma taille vint m'ouvrir et m'invita à rentrer.
- Bonjour, vous êtes notre nouvelle étudiante je suppose?
- Oui, Clara Gauthier, enchantée.
- Mr. Walker, enchanté. Sachez que nous sommes ravis de vous accueillir parmis nous, dit-il chaleureusement, souriant de toutes ses dents. Tout au long de cette année vous pourrez vous tournez vers moi en cas de besoin, et nous ferons au mieux pour faire en sorte que cet échange se passe bien.
- Je vous remercie, répondis-je, lui rendant son sourire.
Après une explication très complète (et très ennuyeuse) du règlement, il m'expliqua le chemin jusqu'à ma salle de classe où m'attendait mon professeur principal et mes nouveaux camarades. Je m'y rendit donc, plus nerveuse que jamais.
J'avais dû vérifier que je m'étais rendue au bon endroit une bonne dixaine de fois avant de m'approcher de la porte. Je levai la main pour frapper, avant d'être ralentie par une bouffée d'angoisse. L'envie d'hurler et de pleurer, de s'enfuir et de se rouler en boule, la nausée l'impression de manquer d'air. Tout cela à la fois. Je remontai mes chaussettes hautes et plissai ma jupe, tentant de me calmer. Les élèves australiens ne devaient pas être pires que les élèves français, si? Et puis il faudrait bien le faire un jour ou l'autre. J'ajustai ma cravate et frappai, luttant pour contrôler mes tremblements.
La porte s'ouvrit sur mon professeur principal, un homme d'une trentaine d'année, sûrement d'origine asiatique, interrompu en plein cours de français. Derrière lui, trente paires d'yeux me fixaient. Le jeune enseignant s'excusa auprès de la classe et sortit me rejoindre dans le couloir
- Tu dois être Clara Gauthier, je présume? Mr. Brown, enchanté. Je suis ton professeur principal, mais également professeur de français.
- Enchantée...
MINCE CLARA DIS QUELQUE CHOSE, VITE! Ohlala le malaise...
- Tu m'as l'air stressée, dis moi! Rit-il, rompant le silence. Ne t'en fais pas, tout va bien se passer, la classe était très excitée à l'idée de ton arrivée, et je suis là pour t'aider. Prête? demanda-t-il en posant la main sur la poignée en attente d'une réponse.
J'aquiescai, et il m'ouvrit la porte. J'entrai dans la classe, fixée de partout, nouée par la peur et ne sachant pas où me mettre. Mon professeur me fit sur la petite estrade devant le tableau, à ses cotés et me posa une main sur l'épaule.
- Mesdemoiselles, messieurs, je vous présente Clara. Clara Gauthier. Elle vient de France pour un échange linguistique et passera l'année entière avec nous. Je compte sur vous pour l'accueillir au sein du groupe, je sais que dans l'ensemble la classe entière s'entend bien alors ne la laissez pas à l'écart. Je t'en pries, prend place à côté d'Emily, Clara.
Je me dirigeai vers le fond de la classe, où je m'assis à côté de la fameuse Emily, une jolie petite blonde au grand sourire. Un élève me siffla en passant. Tiens, ca me rappelle étrangement la France.
- Emily April, ravie de te rencontrer. N'hésites pas si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis à ton service.
- Clara, ravie également. Merci, j'y penserais.
Nous échangeâmes un sourire mais ma, je l'espèrai, future amie, voyant ma gène, se reconcentra sur le cours et je fut laissée à ma propre réflexion. Donc les présentations officielles étaient faites. C'était déjà ça de moins. Je voyais depuis ma place les autres lycéens me lancer des regards chacun leur tour, le visage empreint de curiosité. Un jeune homme au premier rang, arracha une feuille de son cahier et y gribouilla quelque chose avant de me brandir sa feuille d'un air fier.
FRENCH KISS ?
Cela eut pour effet de me faire éclater de rire. Ca faisait un bien fou! On dirait bien que les françaises ont une sacrée réputation à l'étranger! Le garçon me fit un sourire amical et se reporta sur son cahier. Un peu plus détendue, je pris le risque de me retourner pour parcourir le reste de la classe du regard. Les regards continuaient mais bien moins soutenus, les adolescents étant concentrés sur la leçon de Mr. Brown.
Je remarquais au bout d'un moment deux jeunes hommes assis côte à côte. L'un était blond et avait l'air d'avoir de beaux yeux clairs. Il dessinait sur sa table, les yeux perdus dans le vague. L'autre était brun, légèrement typé. Ce dernier me regarda et, voyant que je le regardais, m'adressa le sourire en coin le plus craquant que je n'ai jamais vu. Je lui rendit son sourire, mon coeur faisant un petit saut périlleux. Des comme ca, par contre, on n'en avait pas en France.
