Les amoureux du clair de lune

122 24 36
                                    

La fille aux écouteurs n’est pas réapparue… Mais qui sait peut-être qu’un jour ?...

En attendant, je demeurais assis là, à observer les allées et venues des gens, à écouter leurs discussions plus ou moins intéressantes.
Souvent, je repartais le soir venu afin de profiter de la nuit, mystérieuse et envoûtante.
Un jour je décidai de rompre ce rituel qui allait finir par faire de moi, encore tout jeune un vieillard gâteux.
Et ce que je découvris cette nuit-là me stupéfia plus que tout…
Installés dessus ils étaient deux, un homme et une femme.
Mon frustration fut immense en découvrant que l’on avait piqué mon banc ! Mon trésor ! Mon précieux !
Je m’avançai en colère prêt à les faire déguerpir par n’importe quel moyen.

“– Line…

Je stoppai un instant ma marche, curieux de connaître la raison du stress perçu dans sa voix. Cependant, je décidai de ne pas me laisser attendrir et repris ma route.

– On se connaît depuis si longtemps toi et moi…

Cette fois-ci je m’arrêtai, intrigué. J’avais envie d'en apprendre plus. Je m'agenouillai donc la tête entre les bras, les pupilles dilatées afin de mieux suivre cette scène d’intimité.

– Le collège en fait… Lorsque je t’ai vue pour la première fois, je ne dirais pas que je suis directement tombé sous ton charme…

Je pouvais sentir chaque battement de cœur là où je me trouvais. Son souffle saccadé trahissant les émotions violentes auxquelles il faisait face, et sa chaleur humaine… Je n’en parle pas…

– Mais après, en apprenant à te connaître, j’ai commencé à t'apprécier. Line, ce que je veux dire par là…

Mon instinct me prévenait que quelque chose d’intense allait se passer. Mais quoi ?
Finalement, la jeune femme l'arrêta d’un geste de la main, deux de ses doigts sur ses lèvres.

– N’en dis pas plus… J’ai compris… “

Et sans autres cérémonies, elle colla sa bouche sur la sienne. Fou de joie, l’homme lui rendit aussitôt son étreinte.
Gêné et rempli de l’impression que j’assistais à quelque chose d’assez privé, je détournai le regard.

Là haut, la lune veillait. Vêtue d’argent et de blanc, elle gardait sa place de reine d’un soi. Merveilleuse et lumineuse, elle était ma dame à moi…

Tous deux quittèrent le banc lorsque le ciel commença à s’embraser, plus de trace de mon Aphrodite nocturne mais celles de deux passionnés.

Passionnés de la vie et ce qu’elle représentait.
Cette nuit-là, sans le vivre, j’ai découvert l’amour.
Une des plus grandes raisons d’être de l’humain.

La raison de vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant