VI

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«-Est-ce qu'il y a quelqu'un ?»

Ma voix déjà faible se perds dans la brume et je me sens de plus en plus seul. Je tourne la tête de droite à gauche mais le brouillard est trop épais et je suis comme happé à l'intérieur. Je resserre ma veste contre mon torse, la douceur de l'étoffe me rassure un bref instant mais le vent froid transperce les barrières du tissu et gèle chaque parcelles de mon corps.

J'avance doucement à l'aveugle, tremblant et terrifié, quand deux yeux viennent interrompre ma marche. Des yeux immenses et de couleurs mauve se dressent sur mon chemin comme deux énorme phares. Je me dirige vers eux, d'un pas décidé, me sentant tout de suite plus joyeux et léger. La couleur éclatante me réchauffe de l'intérieur, m'apaise, et me fait oublier où je suis. Elle me donne un but, un endroit où aller, quelque par pour me réfugier.

J'arrive près des yeux mais plus je me rapproche, plus ils noircissent. Bientôt, la bienveillance qui les animait disparaît et je me retrouve devant deux cavités vides entièrement noires et qui semblent grossir de plus en plus. Cette fois ce n'est plus de la peur que je ressens, c'est de la terreur. Une terreur qui me glace encore plus que le vent qui souffle autour de moi.

Je tente de faire un pas en arrière mais mon pied est comme enlisé dans le sol et je suis poussé a l'intérieur d'une de ces cavités béantes.

L'oeil se referme sur moi et les ténèbres m'engloutissent...

Je m'éveille en sursaut, mes vêtements me collent à la peau et je m'empresse d'enlever ma couverture. Je prends quelques minutes pour reprendre mon souffle tandis que je reviens peu à peu à la réalité. Encore un cauchemar.

Je tourne la tête de droite à gauche, vérifiant que je sois bel et bien seul dans ma chambre. Personne. Je souffle, rassuré.

Dehors, la ville est toujours éclairée par la pleine lune. Les immeubles présents dans le centre de Séoul, visible au loin, sont eux aussi allumés. J'en conclu donc que, vu le bruit de la circulation, il ne doit pas être si tard que ça; aux alentours de 1 ou 2 heures du matin je dirais. Je ferme les yeux, me laissant bercer par ces sons qui me manquent terriblement. Je repense à ma mère, à mon défunt père, à mon frère parti à l'armée et ce il y a maintenant 1 an, à mes amis, à tout ceux que j'ai laissé derrière moi à cause de ce foutu test sanguin.

Je me maudit intérieurement. Je me maudit d'être né en tant que moi-même. D'être né impur. D'avoir causé le doute, la peur et même la tristesse au sein de ma famille, de mes proches en général. En ce moment même, j'aimerais mourir. J'aurais aimé être à la place de l'élu. Ça ou bien retrouver les personnes que j'aime. Arrête de penser n'importe quoi Jimin, tu sais très bien que tu peux t'en sortir. La petite voix présente dans ma conscience me tire de mes pensées. ...tu peux t'en sortir... Je rouvre les yeux, essuie les quelques larmes qui s'étaient mise à couler sur mes joues et me met à sourire bêtement, dans le vide.

Je repense à ce que ma dit et fait Namjun. Les yeux toujours rivés sur le vide,le sourire toujours scotché aux lèvres, j'attrape mon poignet gauche de ma main droite et commence à effleurer mes points de sutures. Je peux m'en sortir. J'ai tout ce qu'il faut pour m'en sortir. Tout, sauf le courage.

Je reste un instant sans rien faire, puis décide finalement de me recoucher, demain étant tout de même un jour de cours.

🌑⏳🌑

Les cours de langues ne m'ont jamais vraiment intéressé; bah oui, pourquoi apprendre une langue que l'on ne pourra jamais pratiquer à l'étranger puisque nous sommes destinés à rester vivre ici jusqu'à la fins de nos jours. Mais aujourd'hui, c'est particuliers, le cour est largement plus qu'ennuyeux ! C'est presque si la prof va s'endormir d'une minute à l'autre tellement qu'elle parle doucement.

LA CURE - m.yg + p.jmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant