- Ça va mec ? Tu sais j'te l'ai pas encore dit mais j'ai vraiment très envie de partir avec toi. Juste toi... et moi tu vois ?
Je le déteste et l'aime tellement en même temps. Oh mon dieu il est vraiment très près de moi. Je le sens tout contre moi. J'ai vraiment très chaud.. pourquoi je perds toujours mes moyens quand il est en ma présence ? De dos au lavabo j'ai les deux mains posées contre le rebord, tandis que lui est face au miroir. Il se rapproche encore de moi. Qu'est ce qu'il se passe ?... Il approche tout doucement son visage du mien tout en appuyant sa main droite sur mon épaule. Sa main gauche, elle, est presque sur la mienne. Ses yeux sont à demi-clos. Je sens mon visage qui brûle, et je ferme les yeux.
- Ton col est mal mis. me murmure t-il à l'oreille. Sa main déjà posée sur mon épaule abaisse mon col et lisse ma chemise par petites tapes rapides. Puis il s'éloigne en direction du plateau, me laissant seul, perplexe, et muet.
*
Vers 21h30, je l'attends à la sortie. Il parle encore avec Camélia. Ils ont l'air de bien se marrer. J'me retrouve encore une fois comme un con à l'écart. C'est long. Il fait gris et je commence à sentir quelques gouttes tomber sur ma parka Carhartt. J'allume une clope pour faire passer le temps. Mais elle est très vite éteinte par la pluie qui tombe maintenant à grosses gouttes. Un éclat de rire se fait entendre. Puis un coup de tonnerre. Camélia. Mon estomac se ressert. J'en ai assez d'attendre, je prends une profonde respiration et ne réfléchis plus.Alors je cours, les cheveux trempés, vers Hugo. Camélia et Hugo se retournent, légèrement surpris. Ils se sont arrêtés nets de parler. Un long silence laisse place à la mélodie discontinue des gouttes d'eau sur le béton dur.
- Martin ?
Je ne réponds pas à Hugo car je sais que si je parle je vais craquer. Trop tard. Des gouttes de tristesse se mêlent à la pluie amère qui ruisselle sur mon visage.
Hugo passe ses longs doigts dans mes cheveux. Ses sourcils sont froncés, sa mine visiblement affectée.
- Martin tu es trempé, tu..
Il n'a pas le temps d'achever sa phrase. Je l'attrape par le poignet et le tire sans aucune hésitation, vers sa voiture, dans laquelle nos valises sont déjà rangées.
Il ne se retourne pas vers elle. Je sens en effet son regard fixement posé sur moi. Mais en cette nuit d'hiver je ne me retourne pas vers lui, de risque de le perdre.
Nous sommes installés mais je ne me suis pas mis à l'avant. La honte et la gène m'envahissent déjà, je ne peux affronter son regard. Qu'est qui m'a pris de faire un truc pareil ? Mais il ne démarre pas. Il attend peut-être que je m'explique. Ma jambe tréssaute de façon frénétique. Il ne démarre toujours pas. Maintenant je sais. Il ne veut plus partir avec moi, il a changé d'avis. Ce qu'il m'a dit dans les toilettes ne compte plus (si cela a un jour compté et j'en doute). Hugo laisse échapper un long soupir en se massant le front d'un air préoccupé. Il pose sa tête dans l'angle de la vitre, toujours de dos à moi. Il est pratiquement sec mis à part quelques gouttelettes que JE lui ai infligées. Il prend sa respiration, je comprends qu'il s'apprête à parler. Je vais partir de moi même avant qu'il ne m'ordonne de le faire, ce sera plus simple pour lui, moins douloureux pour moi, et...
- Martin.
Je ne dis mot et avale ma salive.
- On passe chez moi.
- Hein ?
-Il est hors de question qu'on parte comme ça alors que tu es mouillé jusqu'au cou. Tu passes te sécher et on part.
- Mais on va être en retard...
- A mes yeux tu es bien plus important que ce voyage putain.
On ne s'est plus adressés la parole du trajet mais cela n'était pas gênant. Étrangement, une ambiance assez paisible régnait. Juste derrière lui, je pouvais sentir les effluves de son parfum. Fort, frais et rassurant à la fois. C'est la première fois que je vais chez lui. Je ferme les yeux et tente d'imaginer son appartement. Chez Hugo.
Lorsque j'ouvre les yeux, je ne suis plus dans sa voiture. Paniqué, je me redresse et découvre que j'étais allongé dans un grand lit dont la couette est bleu clair... comme une de ses chemises... Soudain tout me revient, j'avais du m'endormir dans sa voiture et c'est donc.. son appart' mais... comment ? Ça veut dire qu'il m'a porté et.. haha il m'a enroulé dans pleins de serviettes pour que je sèche c'est trop mignon. Je veux rester ici pour toujours mais mes habits sont presque secs maintenant, surtout ma chemise. Ma chemise qui est ... à moitié ouverte ?
Oh non qu'est ce qu'il s'est passé ? Je saute du lit pour chercher Hugo et lui demander des explications. Un long couloir. J'entends de l'eau couler... C'est la porte à droite. Elle est entre-baillée, alors je la pousse d'un mouvement résigné.
A ce moment précis je m'attendais a tout, sauf voir Hugo, nu, dans sa douche aux parois transparentes.
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Un Nouveau Départ
FanfictionUn voyage à l'autre bout du monde avec Hugo Clement ? L'occasion pour Martin Weill de se rapprocher du beau journaliste ! Son amour ne sera t-il qu'à sens unique ?...