Chapitre 5 : A tes cotés.

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Hey ! Moi c'est Caroline mais appelle moi Caro, et toi ? Donc tu vas en Chine ? Ok, c'est plutôt logique puisque l'avion atterrit à Pékin aha ! Mais c'est la première fois ? Interrogea la blonde assise à mes côtés. Décidément, elle avait vraiment choisi le bon moment... J'avais tout sauf envie de parler. Et puis son sourire était un peu trop figé à mon goût. En réalité elle respirait le superficiel avec son fond de teint orangé et son blush trop foncé ! Je n'étais pas à l'aise, mais quoi ? Ça pourrait me changer les idées, parce que 10h de vol jusqu'à Pékin notre escale, à ressasser ça fait long...

- Heu Martin... Répondis-je timidement avec un faible sourire.

- Ah ouai ? Moi je vais faire du tourisme pour me changer les idées, surtout que je viens de me faire larguer par mon mec tu vois le genre ? Pas top aha mais c'est bon j'suis passée à autre chose maintenant ! J'suis célib' quoi ! T'y vas pour un reportage c'est ça ?

J'ai cru qu'elle n'allait plus s'arrêter de parler, ouf.

- Oui, en fait j'ai une correspondance pour Pyongyang après, et je viens effectivement faire un reportage pour l'émission dans laquelle je travaille !

- Coool ! Ca va être l'éclate !

- Heu "l'éclate" je sais pas mais intéressant c'est sûr. Mais... attends deux minutes... Comment tu savais que j'allais faire un reportage ??

Elle rougit un peu, les yeux baissés sur ses mains posées sur ses cuisses, puis me regarde d'un air de petite fille prise sur le fait.

Bah... Tu sais t'es quand même reconnaissable Martin Weill ! Dès que j'ai vu qu'il y avait une place de libre à côté de toi je m'y suis précipitée ! T'es vraiment mignon et tout quoi... Bah ! Fais pas genre tu l'sais pas ! Tous mes potes te trouvent super séduisant et tout. Mais tu vois j'voulais pas passer pour la groupie de base donc j'ai fait genre j'te connais pas quoi, tu vois ?
Trop tard. J'aime pas les gens qui font semblant. Pathétique et flippant pour résumer la situation.
Je ferme alors les yeux pour me concentrer, trouver quelque chose à faire, n'importe quoi. Mais lorsque je les ouvre de nouveau, elle est toujours devant moi tout sourire.
Devant mon exaspération et ma non réponse elle décide (enfin) de prendre congé afin d'aller aux toilettes. Soulagement.

Cette fois je pose ma tête contre le hublot. Ma tête pleine de pensées... et l'image d'Hugo qui persiste... J'ai la tête dans les nuages comme on dit ! Ceux-ci défilent à perte de vue. C'est magique. Et à force, mes yeux se ferment petit à petit sans que je m'en rende compte.

A mon réveil, ma première vue est un ciel bleu roi comme parsemé de coton. C'est magique. Une fois de plus. Oui mais je repense alors à ma charmante voisine à qui je vais surement être obligé de parler. Oh non. Une idée soudaine me vint à l'esprit, et sans même avoir tourné ma tête vers elle je referme brusquement les paupières. Je vais me rendormir et finir mon trajet sans encombrements. J'attends. Une minute. Deux minutes. Cinq minutes. Le temps passent si lentement et moi qui ne parvient pas à retrouver le sommeil... 

Tout à coup une tête se pose sur mon épaule.  Mais c'est quoi son problème à la fin ?! Même quand je dors elle en profite c'est pas vrai ! Je tourne mon visage vers elle et lui saisis le bras afin de la réveiller. Enfin LE réveiller. Hugo Clément. Infatigable cet enfant décidément. Mais alors que ma main gauche reste inerte sur la peau de son bras, comme une barrière pour protéger ce petit corps fragile (Ben oui après tout c'est un enfant), sa main droite m'agrippe le bras et le rapproche de son torse, et tandis que sa tête toujours nichée dans le creux entre mon visage et mon épaule se recale confortablement, il finit par dérouler mon bras droit et le place sur ses épaules. Et tout ça les yeux clos, et surtout sans aucune pression. 

On peut dire qu'il prend ses aises quoi. Irrécupérable. 

Il est quand même beau, tout calme, comme si plus rien ne l'atteignait et ne l'attendrait jamais. Manque plus qu'un ronronnement pour couronner le tout.

Mais c'est un peu facile de débarquer comme ça sans explication après tout.

- Face de rat.

Pas de réponse apparente de sa part. Je continue et m'enhardis. (enfin à ma façon bien entendu)

Raton laveur !

Chat grognon !

- Ah c'est une insulte ça maintenant "chat grognon" ? ironise t-il les yeux toujours clos.

- Tu vois t'es grognon.

- Miaw

Je m'empêche de rire pour paraître sérieux suite à ma question suivante :

- Et puis pourquoi tu vas pas rejoindre ton âme sœur d'abord ?

- C'est fait. Je suis là.

Mes joues s'empourprent un peu mais je ne me laisse pas influencer aussi facilement.

- Non Pana est derrière. Je jette au même moment un petit coup d'œil machinal derrière moi. Pana dort profondément la bouche à demi-ouverte, un filet de bave ruisselant vers le bas de sa joue.

Ses cheveux glissent sur mon menton car sa tête s'est dégagée de mon cou en un éclair. Il a ouvert les yeux. Ma main est toujours agrippée à son bras. Lorsque je m'en rends compte, je l'enlève, gêné. Mon regard se pose ensuite sur lui, très loin de moi alors qu'il y a un instant il était dans mes bras. L'air offusqué il s'écrit :

- Pardon ?!

- Fais pas genre que c'est faux  ! Tu lui tenais la main ! 

Puis je continue en marmonnant :

- Et dire que tu m'as déshabillé pendant mon sommeil en plus.

- Quoi ? Tu me penses capable de faire ça ? Merci ça faire toujours plaisir. Je comprends pas, je comprends plus. Quand je pense que t'étais trempé et que j'ai failli enlever ta chemise pour que tu sèches plus vite (et rien d'autre) et que je me suis ravisé parce que je voulais pas CETTE réaction justement. T'sais quoi je sais même pas pourquoi j'me justifie sérieux !

C'était pour ça le bouton ouvert... Il avait juste commencé alors ? Merde. J'étais comme un con du coup, les yeux fixés sur le siège juste devant moi. J'apercevais une dame dont les cheveux bruns ondulés lui tombaient jusqu'au coude au moins. Ma vision traîna un peu sur la main qu'elle tenait vers un homme doté d'une barbe de 3 jours environ, les yeux clairs, il affichait un grand sourire tout en contemplant celle qui devait être sa copine. Waw c'était vraiment pas près de m'arriver ce genre de truc...  J'ose un regard vers Hugo, toujours vexé les bras croisés, fixant lui aussi le siège de devant, il avait dû voir mon air las (et un peu jaloux on va pas se mentir) devant ce couple amoureux. Après un coup d'œil vers moi avec une tête de renfrogné, il soupira.

- T'es même pas beau en plus. lança t-il d'un air mi-faché, mi-malicieux.

Je le dévisageais surpris. 

- Tu l'penses ?

-N.. Peut-être ! un ton malicieux dans la voix. 

Nos yeux se rencontrèrent au même moment, abordant d'abord un air sérieux puis après quelques secondes plongées dans ses beaux yeux marrons, nous éclatâmes de rire en même temps.

Un sourire marqué sur mon visage, je me dis que c'est quand même bon de le retrouver, pour un moment au moins. Je tourne la tête encore une fois vers lui qui me regarde encore. Je le dévore des yeux puis comme si je l'avais tout bien vu, sous tous les angles, je forçais mon regard à admirer le ciel étoilé à travers le hublot. Mais au bout d'à peine quelques secondes passées sans le voir, ma tête retourna évidemment et implacablement vers Hugo. Les étoiles, tout l'univers et le monde entier n'ont décidément rien à envier à ce bellâtre. Mon Hugo. Oui ça l'était, durant cet instant ensemble du moins. On se souriait l'un l'autre inlassablement comme des ados ! Que dis-je ? Des enfants.

Il m'empoigna subitement la main.

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