L'océan s'étend là, sauvage et magnifique, sous mes pieds. Je l'entend se fracasser sur les rochers 30 mètres plus bas. C'est une longue plainte régulière qui s'arrête pour laisser le silence s'imposer l'espace de quelques secondes avant de revenir avec cette puissance indescriptible.
Les gouttes s'envolent, trop lâches pour supporter l'altercation entre l'océan roi et les rochers noirs. Elles sont comme ces filles insignifiantes du lycée : trop faibles pour supporter la critique.
Les vagues provoquées par le choc viennent s'écraser contre la pierre brute de la falaise puis se retirent, amochées a jamais. Je suis comme ces vagues : je suis née d'un problème, j'ai tenté de faire face aux autres avant de m'écraser face à la vie.
Le fracas retentit comme une douce mélodie à mes oreilles, je ferai bientôt parti de cette symphonie éternelle.
Le vent me frappe de plein fouet a intervalles irréguliers, j'accueille ces claques salées avec une joie immense. J'ai entendu dire que l'on ne se sent jamais vivant avant de se retrouver face à la mort.
Et dieu que c'est vrai.
Une mouette pousse son cri rauque au dessus de moi avant de s'élancer vers de l'océan immense. La mort m'avertit que j'entre bientôt en scène.
J'entend une voiture se garer plus loin sur la route. J'imagine la vue que je dois donner à ces conducteurs trop occupés a poursuivre le temps : un silhouette jaune et frêle face à l'immensité de l'ocean.
Je rigole seule, puis je contemple une dernière fois l'eau malmenée par les vents et les marées impitoyables.
Les nuages donnent a l'eau cette couleur gris perle mais je sais que le fond reste noir quelque soit l'humeur du ciel. Je n'ai jamais eu peur de sauter car je savais déjà lorsque j'étais petite comment était le fond des mers. Noirs et infinis.
Et l'infini appartient à celle qui saura la trouver.
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Là où s'arrête la nuit
SpiritualLa vie s'arrête aussi soudainement que l'éclair tombe. Ophélia le sait mais elle n'a pas peur. Elle est toute puissante en haut de sa falaise, en haut de son existence.