"OPHELIA !"
Je hurle et je continue de courir. Je sens qu'il ne me reste plus beaucoup de temps pour l'aider.
La boue me retient, éternelle alliée de ma soeur qui gagne du temps.
Je crie, je la vois de baisser et dégrafer sa jambe pour la poser à terre.
Mon dieu. J'essaie d'accélérer mais mes muscles me brûlent et mes poumons sont sur le point d'exploser.
Mon corps me hurle de m'arrêter mais ma tête est rivée sur l'objectif qu'est ma soeur.
Son imperméable jaune se détache du ciel gris et il semble me narguer.
Elle l'enlève sous mes yeux pour le jeter au vent. La voilà, maintenant frêle et fragile, face à la nature impitoyable.
Il ne reste plus que quelques dizaines de mètres à parcourir. Mais c'est long pour mes muscles, trop long.
"OPHELIA ATTEND !"
Je hurle à nouveau. C'est son rire qui me répond.
Je sens des larmes qui coulent le long de mes joues, brouillant ma vue.Larmes de rage et d'impuissance. Larmes, je vous déteste.
Ma soeur écarte les bras, offrant une prise plus grande au vent qui siffle à mes oreilles.
Il reste 20 mètres, 20 mètres entre moi et ma soeur.
Mais, les uns après les autres mes muscles se tétanisent, rendant cette distance plus longue qu'elle n'y paraît.
Les larmes affluent, tout comme la rage que j'éprouve envers moi meme.
J'essaie d'être le plus rapide possible mais j'ai l'horrible sensation de ne plus avancer.
Alors que je ne suis qu'à 20 mètres.
VOUS LISEZ
Là où s'arrête la nuit
SpiritualLa vie s'arrête aussi soudainement que l'éclair tombe. Ophélia le sait mais elle n'a pas peur. Elle est toute puissante en haut de sa falaise, en haut de son existence.