Ophélia

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Je lui souris document avant de reculer d'un pas, et je vois son visage s'affoler. 

Mon talon est à présent dans le vide, et j'aime cette sensation, celle qui te dit que tu es maître de ta vie. Et a ce moment précis, rien n'est plus vrai que ça. 

Et mon frère le sais, que je suis maître de ma vie, et donc de ma mort, et cela lui fait peur.

Je crois qu'il m'aime...

Je baisse la tête, ma décision flanche l'espace d'un instant, puis je me reprend. C'est mon frère, il comprendra. 

Et puis sinon, tant pis, nous nous expliquerons quand il me rejoindra, ce que je veux le plus tard possible, car il a tout pour réussir. 

Je suis faite de ce qu'il a laissé, ce dont il n'a pas besoin, de choses inutiles...

Le vent hurle à mes oreilles et l'océan m'appelle, là, trente mètres plus bas. Je tourne la tête vers les vagues.

"- J'arrive." 

Le grand bleu m'a entendu, malgré les mouettes, malgré le vent, il m'écoute, lui.

Mon frère arrive vite. Je lui tend la main et il saisit mes doigts, en un dernier contact avec la vie.

Je sens son espoir au bout de mes doigts, sa joie, sa bonne santé. Durant une seconde, une seule seulement, j'hésite.  

Puis je me laisse tomber vers le vide, vers ma libération.


Là où s'arrête la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant