Hélias Owlbeak

Un bureau et des inconnus

Artémis et moi on se regarde. La voix grave résonne dans ma tête. On s'assoient sur les chaises qui sentent le moisi. Par courtoisie, je prends celle qui est bancal. J'étais assis dans un bureau miteux avec la plus belle fille de la Terre à coté de moi et un hibou sur l'épaule. Je suis entouré de trois êtres vivants et j'aimerais être tout seul. Seul chez moi. Sur mon lit. Et dormir jusqu'à ce que le malaise que je ressens en ce moment se dissipe.

"- Bien.." Dit le directeur

Il vient s'asseoir à son bureau en face de nous. La chaise émet un craquement sinistre au moment où son énorme derrière se pose sur le bois. Parce que oui, il était pas maigre. Il nous regarde avec ses petits yeux porcins. Depuis que je suis rentré, je fixe le bureau. Il est jonché de bibelots en tout genre : Un cadre sans aucune photo avec la vitre brisée, une vieille agrafeuse rouillée, un vieux morceaux de sandwich, un vieux téléphone et une pile de feuille en papier. Un grondement sonore se fait entendre. L'orage éclate. Les éclairs zèbrent le ciel par dizaine. La pluie forme un fin rideau sur les fenêtres. J'entends le souffle stressé d'Artémis à coté de moi. Le hibou cache sa tête dans la capuche de mon sweat-shirt. 

"- Premier jour de cour et c'est déjà la pagaille" dit le directeur

"- Mais on a rien f.." 

Le directeur l'interrompe d'un mouvement de main.

"- Je vous ai autorisé à parler jeune fille ?. . ." 

De nouveau le silence, un éclair illumine le ciel.

"- Heuu..n..."

Il refait un signe avec sa main.

"- Tant que je ne t'autorise pas à parler, tu ne parles pas. Ais-je été clair ?.."

On se tait. Il nous regarde l'un et l'autre. Il regarde le hibou.

"- C'est quoi cette chose ?" me dit-il en désignant le hibou de la tête

Je ne répond pas. 

"- Hé bien je t'écoutes ?"

Je garde le silence.

"- Tu te fous de moi ??" dit-il en se levant brusquement

"- Non, vous ne m'avez pas autorisé à parler donc je ne dit rien"

Je lui fait un grand sourire forcé, presque moqueur.

"- Toi, tu ne perds rien pour attendre ! Attends que j'appelle tes parents !"

Il se dirige vers le téléphone mais il se fait interrompre par le surveillant.

"- Monsieur le directeur ?.."

Le gros directeur devient tout rouge.

"- Quoi encore ?!!"

"- Des gens sont rentrés dans le lycée sans autorisation. Ils ont forcés le passage. Le concierge à essayer de les virer mais il y a eu un éclair et juste après il les a laisser passer en leur faisant la révérence.."

Une goutte de sueur coule le long du front du pion.

"- Que veulent t-ils ?"

"- Tous les gosses" répondit le surveillant

Le proviseur ne dit plus rien. 

"- On va utiliser les bonnes vieilles méthodes pour dégager des intrus"

Il part vers sa vieille armoire en métal. Il tire la porte qui s'ouvre en grinçant atrocement. Il fouille dedans une bonne minute pour en sortir un vieux fusil.

"- Vous n'aller quand même pas leur tirer dessus ??" dit le pion

"- Ho que si, personne n'entre dans mon établissement sans autorisation !"

Il charge le fusil qui émet un "clac-clac" rapide. Il se dirige vers la porte.

"- ils vont voir.. VOUS ! Vous rester là !"

Artémis et moi on acquiesce de la tête. Le hibou se cache derrière le dossier de ma chaise. Le gros directeur passe la porte d'entrée et part vers les escaliers avec le surveillant. 

"- C'est mon premier jour ici et je sens déjà que je vais passer une année formidaaable" dis-je ironiquement.

Artémis s'esclaffe et le hibou revient se poser sur mon épaule.

"- C'est quand même bizarre ces individus qui rentrent dans le lycée.. Pour nous.."

"- Attends je vais voir"

"J'y vais tout seul, je te laisse la garde du hibou"

"Non, je viens avec toi !"

Je ne pouvais pas résister à son regard.

"- Bon okay viens mais ne fait surtout pas de bruit"

Je me dirige à pas de velours vers la porte, Artémis sur mes pas. J'ouvre légèrement la porte. Elle grince un peu. Je vois le directeur au bout du couloir avec son fusil et son badaud de pion à coté de lui. Il parle aux "gens" qui sont rentrés. Ils sont tous encapuchonnés dans de longs fichus noir. Le directeur les menacent avec le fusil rouillé. Le plus grand sort un bout de bois de sa poche. Il prononce un truc inaudible. Un flash doré vient frapper le proviseur. Il reste figé. Il se tourne comme guidé par quelqu'un. Il brandit le fusil en direction du pion. 

PAN