Chapitre 5

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Deux jours.

Ça fait maintenant deux jours depuis ma confrontation avec Stéphan que nous n'avons plus d'eau ni nourriture. Je sais que c'est de ma faute et les autres le savent aussi. Ça m'apprendra à prendre des décisions idiotes.

Je me sens si faible et si fatigué. J'ai à peine mangé en presque une semaine. Six jours précisément, pendant lesquels il nous a donné un verre d'eau par jour.

Pourquoi nous n'avons pas encore été retrouvés? Huit adolescents ont disparus et ça n'a alerté personne? C'est impossible que Stéphan n'ai laissé aucune preuve. Tout ce que je pourrais dire si j'arrivais à contacter quelqu'un est que je suis Livia Hill et que j'ai été kidnappé par Sébastien Connor. C'est possible de faire des recherches à propos de cet homme, mais qui sait combien de personnes avec le même nom existe dans le monde, il pourrait y en avoir des millions. Mais néanmoins, cela aiderait l'enquête.

Si je pouvais trouver un moyen de contacter quelqu'un, quelqu'un peut-être pourrait nous aider à sortir d'ici. Le problème est que je ne sais absolument pas où nous sommes et je n'ai rien pour entrer en contact avec quelqu'un de l'extérieur.

Mais maintenant que j'ai perdue la confiance de certaines personnes ici comment vais-je même trouver quelqu'un de confiance avec qui parler de mes plans? Ce n'est pas comme si des personnes partageant de façon décontractée le même sous-sol que moi sont des personnes fiables.

Peut-être que si je gagnais la confiance de Stéphan il me laisserait quitter le sous-sol de temps en temps. Je veux dire, je suis sûr qu'il accepterait de me laisser quitter le sous-sol si...

Non. Non, c'est horrible. Un, ça ne fonctionnera jamais parce qu'il ne doit pas être attiré par moi et deux, je ne vais pas commencer à me prostituer pour sortir d'ici, je préfère rester dans ce sous-sol moisi le reste de ma vie. 

Peut-être que les autres ont des plans propres? Si nous sommes tous en équipe, nous pourrons mener un plan ingénieux pour sortir d'ici, je dois vraiment en parler aux autres.

Cassie frappe quelques coups à ma porte avant d'entrer, je met mes plans de côté et la regarde.

– Hé, dis-je alors qu'elle s'approche lentement. Ma voix est sèche et roque en raison de la déshydratation. Elle me fait un triste sourire.

– Salut, sa voix ressemble à la mienne. Je suis tellement désolé, dit-je en soupirant. Nous sommes dans cet état par ma faute.

Elle s'assoit à côté de moi sur mon matelas.

– Ne le sois pas. Tu as voulu résisté, mais tu peux être sûre qu'il te voit comme une menace maintenant.

– Comment pourrais-je être une menace pour lui? Je suis une adolescente affamée enfermée dans son sous-sol.

– Eh bien, elle prend une pause avant de continuer. Tu as lutté contre lui. Il essaie de te punir en nous affamants. Il veut que tu aies peur de lui, mais tu n'as pas peur de lui et il le sait.

Je lâche un petit rire.

– Tu te trompe, il me terrifie. Il est fou.

– Ne lui dit pas que tu as peur. Laisse-le croire qu'il ne t'effraie pas. Il va devenir paranoïaque.

J'acquiesce.

– Je ferai de mon mieux.

Je touche du bout de mes doigts les ecchymoses sur mon cou, celles que Sébastien m'a faite en m'étranglant. Comment vais-je faire pour lui montrer que je n'ai pas peur de lui sans me faire tuer?

Il y a un silence assourdissant, je décide de le rompre.

– Qu'est-ce que tu faisais..? Avant d'être kidnappé.

Elle tourne le regard à sa droite un instant. La direction de la mémoire. J'ai regardé une vidéo à ce sujet une fois, quand vous regardez votre droite, vous vous souvenez de quelque chose et lorsque vous regardez votre gauche, vous pensez de manière créative.

Ses yeux se remplissent de larmes.

– J'avais juste quitté la maison pour courir comme je le fais normalement. J'ai ressenti ce sentiment étrange, comme si j'étais surveillé. Un sentiment que j'avais eu beaucoup de fois cette semaine. Je me disais que c'était probablement juste quelqu'un qui me regardait courir par sa fenêtre. Je suis tellement stupide. Il me regardait tout le temps, il savait exactement quelle route je prenais aussi. Je suis arrivé à cet arbre qui marquait 1500 mètres et il était assis là, agrippant son genou couvert de sang.

Elle mordit ses lèvres avec colère.

– Je me suis arrêté à côté de lui et lui ai demandé s'il allait bien. Il a secoué la tête, m'a dit qu'il était tombé en courant. Je lui ai demandé s'il voulait que j'appelle une ambulance, mais il a refusé. Puis il a bondit et a mit un mouchoir sur mon visage, j'ai sauté en arrière en me sentant de plus en plus faible. J'ai reculé de quelques pas avant de mettre à courir, mais il a été plus rapide que moi, il m'a rattrapé, m'a plaqué au sol, puis a mis le mouchoir sur mon visage et je me suis endormis. Je suis tellement naïve!

Je dépose ma main sur son épaule.

– Je suis vraiment désolé.

Elle laisse échapper un soupir.

– Je courais calmement, puis quelques minutes après je courais pour ma vie. C'est tellement ridicule.

– J'étais au travail, dis-je. Je venais de sortir de mon quart de travail, j'avais hâte de rentrer à la maison. Je me suis rendu à l'arrêt de bus et il s'est assis à côté de moi. J'étais totalement inconsciente qu'il allait me kidnapper dans les prochaines minutes.

Elle se tourne vers moi pour se blottir contre moi et je la serre, j'ai envie de pleurer, mais je dois me retenir. Il y a une caméra dans cette pièce et je dois faire semblant d'être courageuse devant Stéphan. Je regarde dans la direction de l'appareil. Stéphan sait qu'il ne me fait pas peur.

Il ne me fera plus de mal, jamais.

Les jeux de la mort [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant