01:58. Samedi 24 juin 2017. 15°C.J'ouvre la fenêtre en évitant de faire un vacarme habituel. C'est une vieille fenêtre bien plus que moi.
Il ne faut pas lui en vouloir.
Ces quelques centimètres de bois à 75% pourri réussissent encore le miracle de maintenir les petites 24 vitres qui la constituent. Le léger vent frais et soutenu m'effleure violemment la figure. Le rictus d'un sourire bref anime furtivement mon visage.
Cela faisait plus de six heures que j'étais devant mon ordinateur portable. L'envie m'en était pris de dessiner Link de ''The Legend of Zelda'' et de poffiner et de détailler sur chaque millimètres carré ses traits hyliens. J'ai eu chaud avec la lampe de bureau qui me brûlait psychologiquement la peau telle une insulte crachée au visage dont on ne voit pas le mal qu'elle a causé en nous.
Je l'ai posté sur les réseaux sociaux.
À une heure du matin.
Oui.
Cela ne sert à rien.
Tout le monde dort à cette heure.
Et puis les réseaux sociaux sont de véritables snobs prétentieux en ce qui concerne la reconnaissance du travail d'artiste. Bon Dieu, que ce soit l'écriture ou le dessin, j'ai été des dizaines de fois frustré de voir mon travail, mes oeuvres niés par le monde...
Une brise s'engouffrant dans la chambre me fait échapper le fil des pensées.
Pas évident de le retrouver dans le noir.
Tiens, les réverbères de la rue ne sont pas allumés? Étonnant mais tellement plaisant.
Le Boulevard est peu animé... Dire que plus de 48.000 voitures passent tous les jours sur ce bitume craquelé et usé jusqu'à la moelle.
Je croise les avant-bras et pose la tête dessus. Je sais que sous le macadam, il a toujours les vieux pavés de Soignies datant des siècles précédents. Les boloss de la Commune avaient eu la flemme de les retirer pour refaire la route en 1936.
Qui plus est, la Senne (la senne, la senne et moiii #reference ), trouvant sa source à quelques kilomètres d'ici dans un bosquet rue de Mignault.
Cette rivière passe par les trois régions avant de se jeter dans la Dyle qui se jette dans l'Escaut qui ce dernier termine sa course dans l'Estuaire d'Anvers (Mer du Nord)
Elle traverse même Bruxelles du sud au nord et a contribué à ses développements économique et démographique !Bien-sûr, milieu de seconde moitié du XIXe siècle, elle a été voûtée et déviée.
L'administration bruxelloise avait choisit, pour le métro (ligne 6 ou bleue pour les visualistes), d'utiliser le lit asséché de la Senne pour y construire des stations prémétros.
C'est triste de savoir que cette rivière ayant un passé tellement dingue est à présent cachée dans l'ombre sous des milliers de tonnes de bétons et autres matériels.
Elle passe sous ce Boulevard.
Face à moi.
T'imagine.
Allez.
Deux siècles plus tôt, j'avais la Senne au bord de mon avant cour et elle traversait le centre-ville de Bruxelles comme la Seine à Paris.
NEED UNE DELOREAN !
Je souris et secoue ma tête. Mais où ai-je pu obtenir ces infos? Je m'étonne quelque fois...
Mon téléphone m'annonce qu'il est 03:32.
Ma peau est glacée. Je n'arrête pas de me perdre dans mes pensées que cela en devient un exposé de faits randoms et peu intéressants.
Le désintérêt.
C'est que je crée provoque.
Le désintérêt voûté sous l'indifférence.
Je frissonne au vent pourtant affaibli. Je me relève et prend soin de fermer la fenêtre avec le plus discrétion possible. Mon action ninjaèsque terminée, je me dirige à mon lit prêt à m'accueillir après avoir accordé au chat d'y dormir dessus. Je soupira légèrement.
Cela va être une courte nuit.
C'est sûr.
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Recueils
Non-FictionA la base, ce devrait être un coup de gueule sur Facebook mais au fur et à mesure de l'écriture, c'est devenu un petit truc personnel...