Ma vue est trouble, mes oreilles bourdonnent, mon corps vient de heurter violemment le sol après avoir entendu le bruit sourd d'une explosion. Toujours au sol, je sens mes poumons me brûler, cette brûlure est du à la brusque bouffée d'oxygène que je réclame. Cette douleur qui me lance maintenant dans tout mon corps me fait savoir que je suis toujours vivant.
Pour quelqu'un qui a tué une "petite" centaine de personnes, torturé à plusieurs reprises, condamné à la peine de mort et pendu, je ne m'en sors pas si mal que ça. J'ai échappé à Blackdeaf, au conseil, certes avec un peu d'aide mais je m'en suis sorti.
-Tu peux marcher ? me demande une voix grave.
Ma vue brouillée se rétablit petit à petit et la silhouette que j'ai aperçu est bien celle d'Aitor. Qui aurait pu croire que mon ennemi me sauverait la vie un jour ? Certainement pas moi en tout cas. Mais je sais que ce sauvetage de dernière minute à un prix, tout à un prix de nos jours.
J'acquiesce légèrement, encore un peu sonné.
-Tant mieux parce que j'ai besoin que le tueur qui est en toi vienne me prêter main forte.
Un rictus se forme sur mes lèvres, en un an, Aitor n'a décidément pas changé.
-Tuer ? C'est ce que je fais de mieux...
Mes cinq sens se mettent en éveil comme lorsque j'étais soldat. Je saisis le poignard que me tend Aitor.
-J'ai cru comprendre que c'était ta spécialité.
Sa voix est toujours aussi posé et calme, même pour quelqu'un qui vient de faire évader l'homme que tout le monde souhaite mort.
J'ai à peine eu le temps de m'emparer du poignard, que je me retourne vivement et enfonce la lame directement dans la carotide d'un garde. Malheureusement, c'est loin d'être le seul et mon corps ne s'est pas encore bien adapté à ce changement radical, par conséquent je suis moins performant qu'avant.
A bout de souffle, j'arrive tout de même à mettre hors jeu mon quatrième garde.
-Déjà fatigué ? remarque Aitor, qui lui semble en pleine forme.
-C'est pas comme si j'étais en train de suffoquer et que tu me regardais...
-Petit contre temps, mais t'es toujours vivant, enfin pour l'instant.
Avant même que je réponde, il poursuit :
-Allons-y avant que d'autres factions arrivent. Je ne tiens pas à laisser ma vie ici pour t'avoir sauvé...
J'opine de la tête et commence à le suivre quand une douleur dans mon dos me lance subitement. Instinctivement, mes mains se portent au niveau de cette douleur et sentent le liquide chaud qui coule abondamment. Du sang coule, la douleur n'est que plus grande, mais je me retiens de hurler. Hors de question de passer pour une chochotte devant Aitor. D'ailleurs, celui-ci ayant entendu mon gémissement, se retourne et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, dégaine son arme à feu et abat le garde qui vient de me planter.
-Quel lâche ! ne peut-il s'empêcher de cracher. Dépêchons nous, les autres ont sûrement entendu la détonation.
-A...au cas où t...tu n'aurais p...pas remarqué j'...j'ai un, un t...trou dans le d...dos.
-Tu es pas croyable, même poignardé tu arrives encore à faire le malin. J'espère que tu ne vas pas mourir, je me suis donné du mal pour te libérer. En attentant, tais toi et économise ton énergie.
Je m'appuis sur mon nouvel allié et nous avançons dans les ruelles, espérant semer les soldats qui doivent nous rechercher.
Je ne sais pas exactement ce que cherche Aitor mais au lieu de quitter la ville, il empreinte des rues isolées, certes pour éviter les gardes, mais je n'ai pas l'impression qu'il souhaite nous éloigner de la Place.
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Blackdeaf, Une Âme Brisée
ParanormalIl y a plusieurs siècles, le monde était divisé en plusieurs royaumes : les Winter, les Summer, les Spring et les Autumn. Ces quatre rois étaient dotés de pouvoirs qui leurs permettaient de faire respecter l'ordre des saisons. Mais aujourd'hui, tout...