P R O L O G U E

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Face à moi, la feuille blanche se métamorphose en un milliers de doutes et d'interrogations.

C'est bien plus que ça.
Un monde incolore, vide de sens, laissé à la merci d'une artiste dépassée.

Je soupire. L'inspiration me fuit, je crois bien qu'elle me fuit toujours. Mes yeux s'égarent, se perdent dans le vague.

J'oublie tout.

Un voile oppressant recouvre mon âme. Pire que le froid ou la douleur. Pire encore que la peur. Il a attendu trop longtemps pour se taire. Il revient contempler ma faiblesse, si imposant que mon rêve en est écrasé. Plus rien n'existe, sinon la noirceur et le vide qui s'emparent de mes gestes.

Je songe au passé, au présent. À tous ces changements.

Le temps se fige et les bruits disparaissent tandis qu'un blanc irréel hante mes pensées. Silence. Les minutes défilent, spectatrices attentives de mon désarroi grandissant.

Que faire face au néant ?
Comment peut-on partir d'un rien puis façonner le monde ? Et plus important encore : est-il possible de rentrer aux Beaux Arts en rendant feuille blanche ?

L'espace d'une seconde, peut-être plus, un avenir terne se dessine dans mon esprit. Je me sens impuissante, désemparée face au stress et à l'inquiétude qui accaparent mes pensées. Une larme coule, puis une autre. Voilà que le monde prend un goût salé.
Souffrance.
Je songe à ma maison. Immédiatement, l'odeur du tabac envahi l'espace. La peur, insidieuse, s'infiltre dans mes veines.
J'entends le mugissement régulier de l'autoroute, les cris, et une plainte lancinante.

L'évidence me frappe, sans aucun préambule : Peindre, ou mourir.
Le choix n'est qu'illusion.

En un instant me voilà détentrice d'une détermination sans faille. Je perds le contrôle, mes mains s'activent d'elles-même. De la couleur éclabousse, déchire l'obscurité, salit l'immaculé​. Je souris, émerveillée tandis que mes doigts peignent l'univers, et que l'univers se fond sur le papier.

Il me semble que je pourrais créer le vent, comme si l'air devenait visible, opaque sous mes pinceaux décidés. Plus rien ne m'échappe, je capture la lumière en mouvements spasmodiques, incontrôlés.
J'oublie la fatigue jusqu'à m'oublier, moi. Mon monde se limite à une œuvre inachevée. Je peins comme si ma vie en dépendait, jusqu'à​ ne plus pouvoir plier un doigt ou bouger le poignet. Jusqu'à atteindre une perfection que rien ne saurait troubler.
La sonnerie retentit.

L'épreuve est terminée.

***

Salut à toi, lecteur égaré !

Merci mille fois d'avoir pris le temps de lire cette production un peu bancale ;) Je suis toujours à la recherche d'un avis pour m'améliorer, n'hésites donc pas à me dire franchement ce que tu penses !

On se retrouve entre les lignes....

Trois Teintes D'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant