II.

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Il était 22h30. Il était 22h30 et il n'était pas encore là. Inès ne trouvait pas ça normal. En effet, d'habitude, son voisin arrivait toujours vers les 21h pour le « coup d'un soir ». Depuis qu'il a emménagé le pavillon à côté, depuis la rentrée il y a 2 mois, la petite brune d'1m55 - dont sa taille faisait tout son charme - ne cessait de voir une fille différente toutes les semaines, rentrer chez lui à ses côtés pour faire des choses pas très catholiques. Beuurk, pensa-t-elle. Elle se disait qu'il était tellement médiocre au lit que ses conquêtes s'enfuyaient tellement c'était affreux.

On pouvait croire qu'elle faisait cela juste parce qu'elle était jalouse. Mais ce ne fut pas le cas. Elle ne s'intéressait pas réellement à lui, il l'occupait tout simplement. Le fait qu'il avait l'air d'un homme à femmes lui donnait raison de le trouver peut être arrogant ? Ou macho ? Et donc de pouvoir lui lancer des petites piques - seulement dans sa tête évidemment - en toute liberté. Mais ce genre de futilités ne lui donnait pas une mauvaise image d'elle, il n'y avait même pas une once de méchanceté dans ses propos. De plus, cela ne reflétait pas sa personnalité. Elle était de nature douce, gentille et rendait l'atmosphère agréable autour d'elle ; et évidemment avait un humour bien à elle.

Le temps passait, et il n'y avait toujours rien. A cause de lui, elle ne pouvait pas faire son petit rituel quotidien qui était donc de pester sur la fille qu'il allait ramener ce soir. Elle était déçue. On pouvait penser qu'elle faisait cela juste parce qu'elle était jalouse. Elle en avait tellement l'habitude, et de plus, cela l'occupait un minimum car l'année de terminale pour elle était gagnée. Elle avait de bonnes notes dans les matières les plus importantes - la SES et les maths - et cela lui suffisait. Et aussi, ses parents, étant très occupés avec leur travail, ne prenaient pas suffisamment de temps pour pouvoir en passer avec elle, en famille. C'était donc pour cela que ce fameux garçon, dont elle ne connaissait pas le nom car elle ne savait rien de lui, était devenu une source de distraction pour elle.

L'atmosphère devint plus pesante au fil des secondes tant la jeune brune s'impatientait. Peut-être était-ce devenu une obsession pour elle, qui avait grandi au fil des jours sans qu'elle ne s'en rende compte, depuis l'arrivée du brun. Bien évidemment, de nature très têtue, elle refusait cette idée qu'il puisse l'attirer un minimum. De plus, elle ne lui a jamais parlé, donc elle conclut rapidement que cette idée d'attirance n'était que du vent.

Toujours à moitié allongée sur son mini canapé noir, qui occupait un petit espace dans le renfoncement du mur près de la fenêtre, elle pensa à qui il pouvait bien être. En effet, elle ne connaissait rien de lui, ni son prénom ; ni son âge ; rien. Sur sa boîte aux lettres, il n'y avait marqué que Jang. Et pour être honnête, cela ne l'aidait pas réellement. Pourtant, elle avant vu son visage plusieurs fois et pensait qu'il devait avoir son âge. Elle ne l'avait jamais vu au lycée et serait donc dit qu'il était dans un autre ou qu'il avait arrêté ses études.

Toujours dans sa propre réflexion, elle fut brutalement coupée lorsqu'elle entendit une portière claquer avec fracas. Elle se remit donc sur ses genoux et s'approcha doucement et discrètement de sa fenêtre, afin de ne pas se faire repérer. Elle regarda d'où venait ce bruit. Ses yeux s'illuminèrent d'un coup. C'était lui. Mais la confusion et l'incompréhension s'installèrent aussi rapidement dans son regard.

Elle se mit soudainement à jurer.

« - PUTAIN, IL EST BI ?! Cria-t-elle instantanément, encore sous le choc.

- Yaah ! Pas de gros mots, j'ai dit Inès ! Répondit sa mère en criant, qui était dans le salon, ayant une ouïe aussi fini qu'une chauve-souris.

- Solly Eommaa. Lui dit-elle avec un ton légèrement enfantin et boudeur. »

Il était avec un homme. Ce dernier était vêtu d'un sweat noir à capuche, qui lui couvrait la tête. Son voisin avait l'air paniqué, voire beaucoup. Il avait aussi une certaine lueur de rage et de colère dans ses yeux. Inès ne le voyait pas, mais elle le ressentait. Il poussa de faible jurons, adressés à son ami, à peine audibles. Il lui tenait la main un peu violemment, ou plutôt la manche de son haut, afin d'accélérer le pas jusqu'à chez lui. Son mystérieux copain ne rouspéta pas. Il se laissa faire, sans rien dire, comme si aucune émotion ne le traversait à ce moment-là.

WHY [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant