- Penses-tu que nous en connaîtrons encore beaucoup, des rois?
- Tout dépendra de leur ténacité! rigole Kyan. Nous verrons bien si cet Alexandre dont tout le monde fait l'éloge est capable de ménager la Perse.
Alors que l'eunuque continue de me préparer, je fais de mon mieux pour éviter l'ennui en animant la discussion.
- On dit de lui qu'il est clément envers les conquis. Qu'en sais-tu?
- Il doit bien y avoir une raison pour que les Égyptiens le considèrent divin.
Nous sourions ensemble. La porte s'ouvre laissant entrer Nabarzanès suivi de près par Bagoas. Après une salutation rapide, Kyan s'en va et Nabarzanès commence à parler animé de sa frénésie habituelle. J'y fais à peine attention mais en retiens quand même l'essentiel. La première impression est de loin la plus conséquente. Le défier tout en montrant une soumission totale. Le regard est dans ce cas d'une importance capitale. Garder une certaine distance, attiser la curiosité. Plaire.
- Bagoas? Comment vas-tu?
Alors que Nabarzanès quitte la pièce en me traitant d'irrespectueuse gamine, Bagoas, depuis son arrivée tendu et stressé se calme visiblement et s'assoit sur le lit à mes côtés.
- Dans tous les cas je te remercie. Nous aurions pu manquer les festivités si tu ne l'avais pas arrêté.
- Je t'ai posé une question. Réponds-moi, Bagoas.
Sa manie de détournement de conversations est très irritante pour moi, supposément sa confidente. Comment voulez-vous que je l'aide alors qu'il m'en empêche lui-même?
- Ils disent que Darius est mort.
Je prends Bagoas dans mes bras dans une tentative de consolation.
- Penses-tu que si... si l'autre roi l'avait attrapé. Tu penses qu'il l'aurait laissé vivre?
Si je ne dis rien, il pleurera. Si je réponds, il en sera de même. Dans les deux cas, toute sa préparation n'aura servi à rien. J'ai l'impression d'être extrêmement dure avec lui aujourd'hui mais qu'importe. Notre survie est peut-être en jeu.
- Non. Probablement pas. Lève-toi, nous sommes attendus.
Sans grande surprise, il ne bronche pas. Il lui faut à peine quelque secondes pour s'armer de son masque infaillible. Je parierais qu'aucun acteur grec n'arrive à la cheville de Bagoas lorsqu'il s'agit d'enfiler un tel déguisement émotionnel. Je l'aide à réajuster sa robe avant de sortir avec lui du harem pour la première fois depuis mon arrivée.
Prologue court et malheureusement ayant tardé à paraître. De même je ne promets rien quant aux prochains chapitres. Ces derniers mois je me suis intéressée plus à l'Histoire autour de l'histoire, c'est-à-dire le contexte géopolitique mais encore le développement plus profond de mes personnages comme de ceux que j'ai emprunté à l'Histoire. Je me base toujours sur les acteurs du film d'Oliver Stone pour ce qui est de l'apparence des personnages mais je risque de dévier du scénario d'Alexandre de multiples fois. Pour l'instant je pense laisser les chapitres jusqu'ici publiés de l'ancienne version, surtout parce qu'ils me sont un certain support pour celle-ci. J'espère que cette nouvelle introduction vous aura plue en tout cas, malgré le délai. Et n'hésitez surtout pas de me faire des suggestions quelconques (je ne promets pas cependant de tout réaliser) et de me signaler des fautes éventuelles (même après relecture il peut y en avoir).