Chapitre 2 - Présentations

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Après avoir encore une fois changé de vêtements, nous nous retrouvons avec plus de cinq-cents autres personnes dans le Harem où nous avons l'habitude de nous retrouver lorsque nous ne sommes pas occupés à servir nos maîtres. Ce même Harem qui est quasiment la résidence principale de plus de trois-cents jeunes femmes ayant pour unique rôle de combler Darius, lorsqu'il était encore là. Il y en a une pour chaque jour de l'année, dit-on. Cette journée est assez spéciale quant aux nouveaux arrivés et nous sommes par conséquent avec Nabarzanès en attendant de rencontrer réellement Alexandre puis, avec lui, Hephaestion.

- Vas-tu un jour décider d'arrêter de gesticuler ainsi? Nabarzanès sermonne Bagoas. T'enlever deux parties de ton anatomie n'a pas été suffisante, bâtard? Tu veux que l'on te débarrasse de ta tête, peut-être?

L'eunuque ne répond pas. Je me rapproche de lui et mêle discrètement nos doigts ensemble. C'est exactement ce qu'il faut pour le calmer ; il garde juste les yeux fixés devant lui.

A première vue, Bagoas est quelqu'un d'extrêmement paisible, sauf s'il a en face de lui une situation stressante. Enfin... pas toujours puisque, sinon, Darius l'aurait déjà fait tuer.

Soudain, le visage de Bagoas se couvre d'un masque ne laissant même pas paraître une ombre d'émotion. Ce masque, j'ai l'impression de le connaître trop bien. Il s'en arme à chaque fois qu'il sait que quelque chose d'important est sur le point d'arriver ou sinon s'il se trouve en présence de quelqu'un d'autre que moi ou Nabarzanès. Et à cet instant, les deux conditions sont réunies. Je suis son regard et aperçois Alexandre qui arrive, suivi d'Hephaestion. Je le vois pour la première fois de si près. Avant, je n'avais pas remarqué les nombreuses cicatrices défigurant son visage, qui reste pourtant extrêmement beau et irrésistible. Il possède en lui quelque chose d'attirant et charismatique malgré sa mine apparemment pas si enchantée à l'idée de nous rencontrer.

Les deux hommes s'arrêtent à un mètre de nous et Nabarzanès prend la parole :

- Votre Majesté, Mon Sire Hephaestion. Comme promis, je vous présente Bagoas et Saya. Regardez-les, ne sont-ils pas beaux? Ils ont même su faire partie des favoris de Darius! Magnifique, n'est-ce pas? Observez-moi ces jeunes! La nature a réussi à les gâter du meilleur!

Pendant qu'il poursuit son monologue en essayant de nous mettre en valeur le plus possible, Hephaestion nous dévisage à tour de rôle intensément, paraîssant assez tendu et même un peu mal à l'aise. Quand Alexandre prend la parole, on dirait que toute la pression qu'il a accumulée redescend grâce à la seule force de la voix du souverain.

- Et d'où viennent-ils? s'enquière le Roi.

- Du Nord.

Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, c'est Bagoas qui a répondu. Tandis que Nabarzanès lui lance un regard rempli de haine, Alexandre semble agréablement surpris d'entendre l'eunuque parler à son tour. Je trouve l'accent de Bagoas assez mignon, même si je sais que ce n'est pas du tout le moment de penser à ce genre de choses. Je suis interpellée par le Roi :

- Et qu'en est il de toi? Saya, est-ce exact?

- Ma famille était grecque. Mais je n'ai jamais connu ces terres. J'ai toujours vécu entre Persepolis, Babylone et les autres grandes cités Perses.

- Je te promets de t'emmener un jour voir l'Acropole, ma belle.

Je ne sais plus quoi dire. Je suis peut-être heureuse, mais, dans ce cas, je me méfie également. J'ai toujours eu presque une phobie des hommes puissants et influents. À moins que cela n'ait commencé avec le début de mon serviceour Darius...

Je me contente de hocher la tête sans me résoudre à une réponse verbale.

- Et n'as tu pas envie de revoir tes proches en Grèce? m'interroge le souverain.

- Toute ma famille est morte, comme celle de Bagoas. Avec votre consentement, mon Roi, nous préférons rester.

Je m'étonne moi-même d'avoir prononcé ces mots. Il y a quelques mois, j'aurais sauté sur la moindre occasion de quitter la Perse mais à présent, je me rends compte que je saurais pas survivre dans un environnement dont je n'ai qu'entendu des récits tous plus insolites les uns que les autres.

Alexandre se tourne vers le reste des présents, pour la plupart occupés à se trouver un ou une partenaire pour la nuit (car c'est aussi la principale fonction du Harem), et il déclare, une fois sûr que tout le monde l'écoute :

- Je veux que, dès cet instant, tous ceux qui ne sont pas ici de leur plein gré soient - s'ils le veulent - renvoyés chez leurs familles. Tous les esclaves, les eunuques et les filles de joie sont libres.

Malgré quelques paroles de désapprobation de la part de certains de ses généraux, le Roi ne cède pas. À ce moment, les trompettes retentissent en annonçant l'arrivée d'un ou plusieurs membres de la famille royale. En l'occurrence, il s'agit de la princesse Stateira, fille aînée de Darius III. Nous n'avons pas le temps d'entendre l'échange entre elle et Alexandre, car Nabarzanès nous tire déjà vers l'aile des esclaves.

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Bonjour, Bonsoir!
J'ai eu un souci et n'ai pas pu poster hier soir mais me voilà!
Je ne promets rien quant à la fréquence de la parution des chapitres mais je vais essayer de faire attention à ce qu'il y ait moins de deux semaines entre chaque.

Sinon j'espère que l'histoire vous plaît toujours!

Dans l'ombre d'AlexandreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant