Chapitre 3 : «Jour J» partie 1

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Je descendis les marches. J'entendais vaguement des bribes de conversations entre ma mère et Laura. Cette dernière s'entendait bien avec tout le monde. Ma mère la considérait un peu comme sa troisième fille ; elle faisait pratiquement partie de la famille.
Je n'ai qu'une sœur, mais si j'en avais eu une autre, j'aurais volontiers accepté qu'elle ressemble à ma meilleure amie.

– C'est pas trop tôt, me lança-t-elle.
– Ça fait toujours plaisir de te voir !

Elle se contenta de rouler des yeux. Typique Laura.

– Très joli, cette camisole ! Il faudra vraiment que tu me la prêtes la prochaine fois qu'on sort.

Je ne pu m'empêcher de rire un peu. J'avais dû perdre la moitié de mes vêtements en les lui passant. Elle disait toujours qu'elle me les redonneraient, mais elle «oubliait» souvent.

Ma mère regarda sa montre.

– Si vous voulez arriver à l'heure, il faudrait peut-être que vous partiez bientôt.

C'était sa façon polie de nous mettre subtilement à la porte. Pour la subtilité, on pouvait trouver mieux. Je pris mes clés et suivit Laura à l'extérieur.

– J'ai attendu cette soirée toute la semaine ! me dit-elle.

Je m'esclaffai. Elle n'était pas sérieuse, si ? Voyant l'incompréhension sur son visage, je compris qu'elle ne plaisantait pas. Ça faisait à peine deux jours qu'elle avait été invitée, je trouvais que Laura était vite sur le terme semaine. J'avais beau chercher, je ne comprenais pas comment elle pouvait être si excitée à l'idée d'aller festoyer la fin de l'école, puisqu'il nous restait encore 1 an complet. Oui, d'accord tous les finissants seraient là, mais quand même.

Charlotte m'avait brièvement décrit les lieux comme étant une jolie grange sur le bord de la mer. Aimant l'eau, je me suis dit que si jamais la soirée était d'un ennui mortel, j'aurais toujours la possibilité d'aller me promener sur la plage, le vent dans le dos, la sable encore tiède caressant mes orteils.

– Laura, ça fait à peine 48h que tu as été invitée !
– N'empêche que l'attente m'a parue aussi longue qu'une semaine.

Elle avait le don d'exagérer les choses, mais je ne l'aimais pas moins pour autant.

– Tu crois que Will sera là, me demanda-t-elle ?

Will. Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu son prénom, et ça me fit l'effet d'une gifle en pleine figure. Son nom réveillait en moi trop de souvenirs pour que je puisse songer à lui de temps en temps. J'essayais d'oublier, en vain. Je crois qu'on ne peut effacer les choses de notre mémoire, même si on le souhaite très fort. Croyez-moi, j'ai essayé plusieurs fois avant d'en arriver à cette triste conclusion.

– Je m'en fiche.

Nous savions toutes les deux que ce n'était pas vrai. Mais à quoi bon ? Je n'avais pas envie d'en parler.

– Désolé, je n'aurai pas dû mentionner son nom.

Honnêtement, je ne lui en voulais pas. Il n'en valait pas la peine, et même si ça avait été le cas, les meilleures amies avant tout.

– T'en fait pas, vraiment, lui dis-je. Le passé, c'est du passé. On ne peut pas le changer, et franchement ça me va très bien comme ça.

Elle hocha la tête.

On a roulé pendant une trentaine de minutes en parlant de tout et de rien. Les sujets de conversations venaient naturellement, probablement dû à la complicité que l'on partageait. Le GPS émit un bip.

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