Chapitre 2

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— Bon anniversaire ! crièrent en cœur mes collègues infirmières.

Il était 00h30, l'heure de ma pause en salle de repos. J'avais à peine ouvert la porte que mes cinq copines me souhaitaient mon anniversaire. Elles avaient toutes des chapeaux pointus sur leur tête, un gâteau étincelait par une bougie à deux chiffres et des bouteilles de soda reposaient sur la table.

— Merci les filles, vous êtes adorables, m'exclamai-je avec un grand sourire.

Je passai ma pause à m'empiffrer de gâteaux et à discuter de mes nouvelles résolutions pour ma vingt-cinquième année. Fallait-il encore en avoir ! Mes collègues souhaitaient me voir en couple. Qui voudrait de moi avec un emploi du temps surchargé et un profil atypique ? Aucun homme. Personne ne me remarquait avec ma petite taille de 1m58 et mince comme une guêpe. Heureusement, mes cheveux de feu attrapaient certains regards. Mes professeurs de combat disaient que ma petite taille était un avantage, rapide et hargneuse, je mettais souvent mes adversaires au sol.

Ma bonne humeur s'effaça au bout d'une heure. Je posais des points de suture à un patient lorsque j'eus une envie subite de vomir. Je me précipitai aux sanitaires pour rendre mon gâteau d'anniversaire. Cela dura encore trente minutes. Je fis des allers-retours entre les chambres de mes patients et les toilettes. J'étais exténuée. Je me demandai comment j'allais encore tenir jusqu'à six heures du matin. Ma tête bourdonnait et ma vision se troublait par intermittence. L'infirmière en chef m'attrapa et m'isola dans la salle radiographique.

— Eirenn, va prendre l'air deux minutes. Si cela ne passe pas, tu iras voir le médecin de garde.

Je ne me le fis pas dire deux fois. J'enfilai mon manteau et sortis par la porte de service qui donnait sur une rue déserte derrière l'hôpital. J'humai l'air profondément. Il faisait un froid de canard, alors pour me réchauffer, je marchai sur une vingtaine de mètres tout en prenant de grandes respirations. La nausée passa doucement mais j'étais épuisée. Je m'arrêtai un instant pour fermer les yeux. Cela m'aidait à reprendre le contrôle de moi-même. Lorsque je les ouvris, je ne contrôlais plus rien. Je me trouvais à dix centimètres d'un homme qui me dépassait de trois bonnes têtes et ses yeux étaient de couleur cristalline. Il me regarda avec un sourire malsain. Je me retournai aussitôt pour rentrer aux urgences, mais je me retrouvai de nouveau contre un autre homme. Celui-ci ne me dépassait que de deux têtes, il était brun aux cheveux rasés et ses yeux jaunes illuminaient son visage carré. Contrairement au premier homme, il ne me regarda pas mais observa plutôt le type aux yeux cristallins d'un air féroce.

C'est halloween ce soir ? Ils sortent d'où ces hommes ?

— La Luna Nera n'a envoyé qu'un Élu ? provoqua l'homme aux yeux jaunes à l'intention de l'autre individu.

— Tu ne me fais pas peur l'Élite ! ricana l'autre homme.

Élu, Élite, je me trouvais où là ? Dans une série télévisée ? Pourtant je ne vis aucune caméra. J'aurais pu mettre en pratique mes cours de Krav Maga, mais je manquais de force. J'optai plutôt pour reculer de quelques pas afin d'observer ces deux bêtes prêtes à bondir.

— Je ne suis peut-être qu'un élu, mais elle est à moi !

— Tu te trompes, elle repartira avec moi, affirma d'une voix glaciale l'homme aux yeux jaunes.

Ils se parlaient sans m'adresser un regard comme si je n'étais qu'un objet pour lequel ils se disputaient. Malgré la peur qui me prenait aux tripes, la colère me submergea.

EirennOù les histoires vivent. Découvrez maintenant