Monstre

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Eren se sentait terriblement bien, des draps frais et douillets l'entouraient et il venait de faire un rêve délicieux.
Il ouvrit les yeux, et se trouva face à un plafond en bois qu'il ne connaissait pas. Il se redressa, et regarda autour de lui; c'était une chambre assez grande, avec des tapis bleus et délavés, un bureau et des armoires. Tout cela couvert d'une couche énorme de cahiers, feuilles, habits qui formaient un désordre monstre.
Eren ne connaissait pas cet endroit, et n'avait aucune idée de la raison de sa présence ici, car la veille il s'était pourtant bien endormi dans sa chambre grande, luxueuse et surtout impeccable.
Il se leva et marcha jusqu'à la porte, dont il abaissa la poignée. La porte était fermée à clé.
Le jeune homme se dirigea dans la direction opposée, là où il y avait l'unique fenêtre de la pièce. Il put l'ouvrir sans peine, mais des barreaux l'obstruaient.
Eren, malgré l'évidence du danger de la situation, ne paniqua pas le moins du monde.
Il n'avait aucune raison d'avoir été fait prisonnier. Aucune. C'était tout simplement inimaginable, pour lui, qu'on lui veuille du mal.
Et puis, on devait sûrement déjà être à sa recherche, et s'il avait réellement été kidnappé, on ne tarderait pas à le retrouver.
Eren était comme ça, si innocent et peut-être si naïf qu'il avait confiance en sa chance en toute circonstance. Il restait serein malgré tous ses problèmes.
En attendant, sa principale source de préoccupation était divisée en deux parties: la première était son ventre qui ne cessait de gargouiller, la deuxième l'ennui qu'il ressentait déjà, enfermé dans cette pièce.
N'ayant actuellement aucune solution pour son premier problème, il décida de s'occuper du deuxième; il commença par ouvrir chaque tiroirs, et remarqua que leur contenu avait en grande partie été versé sur le sol.
Il commença par trier les feuilles qui couvraient le sol. C'était, manifestement, des fiches scolaires, tests, etc... Rien ne lui offrait d'indices sur sa prison et son geôlier.
Il tria les feuilles par différentes branches, français, sciences, latin, mathématiques, etc, puis recommença en triant chaque feuilles par ordre alphabétique. 
Celui lui prit plusieurs heures, mais il fut satisfait. Il n'était pas forcément quelqu'un d'extrêmement maniaque, mais il avait au moins pu s'occuper. Il ne supportait pas de rester plus de quelques minutes sans rien faire, et avait toujours besoin de garder ses mains en mouvement.
Il n'avait aucune idée de l'heure précise, mais au vu de la lumière extérieur abaissante, il sut que la nuit arrivait. Il se posait des questions quant à la raison de sa présence ici, mais sans réellement s'en soucier. Son caractère confiant l'en empêchait.
Sa plus grande inquiétude était sa faim croissante insatiable. Mais, comme en réponse à son problème, la porte s'ouvrit. Il n'eut pas le temps d'esquisser ne serait-ce un seul mouvement, que la porte se refermait à nouveau.
Malgré qu'il n'ai pu voir l'homme derrière la porte, sur le sol, il y avait un bol de soupe et un bout de pain, ce qui le réconforta aussitôt.
Eren se précipita et engloutit ce repas tant attendu. Enfin rassasié, il finit par s'endormir sur le lit chaud et confortable de cette pièce inconnue.

En se réveillant le lendemain, Eren vu un plateau qui comportait son déjeuner. Un petit pain, un verre de lait et un yoghourt. Mais Eren était intolérant au lactose. Ne désirant pas tomber malade, il dégusta seulement son petit pain.
Sentant sa vessie se tendre de plus en plus, il regarda autour de lui, et vu un pot qui n'était pas là la veille. Il se soulagea à l'intérieur, puis entreprit de s'occuper comme il le pouvait.
Il rangea la chambre, méticuleusement. Cela lui prit au moins quatre heures pour tout réorganiser, trier etc.
Il connaissait maintenant par coeur l'emplacement de chaque objets.
Un repas lui avait été apporté vers midi, et il attendait avec impatience le souper qui ne tarda pas à arriver.
Il dégusta les quelques pommes-de-terre accompagnées de fromage sans toucher à celui-ci. Il craignait toujours d'être malade, car avait depuis petit un corps faible et fragile.
Le lendemain, le surlendemain et les quelques jours suivant, il s'occupa comme il pouvait en lisant les livres qu'il avait rangé. Mais il perdit vite patience, car ne supportait pas de rester assis toute la journée à lire. Il tenta plusieurs fois d'apercevoir la personne qui amenait ses repas et relevait son pot usagé, mais sans succès. Il avait seulement aperçu une main pâle et fine se glisser derrière la porte.
Sa routine l'ennuyait de plus en plus, car il répétait tous les jours le même schéma; il se réveillait au levé du soleil, se soulageait dans le pot prévu à cet effet, avalait le pain et le jus d'orange (ils avaient finalement cessé de lui donner du lactose), lisait tout le matin, mangeait la nourriture qu'on lui apportait, dormait, mangeait à nouveau puis s'endormait jusqu'au lendemain. Il chantait afin de s'assurer que sa voix fonctionnait toujours, et parlait à haute voix, tentant comme il pouvait de combler son ennui grandissant.
Cela faisait maintenant six jours qu'il tournait en rond dans la pièce.
Et le septième jour, il n'eu pas de septième jour de repos.
Alors qu'il dormait, un grand bruit le réveilla en sursaut. Il faisait encore nuit, et il ne put voir les hommes qui entrèrent dans la pièce.
Il n'eut que le temps de se relever qu'on le renversait au sol en l'accrochant par le cou.
Il fut lancé, balancé dans tous les sens. Il entendait des insultes, et sentait des chaussures frapper son ventre, des poings écraser son visage.
Il se mit en boule et pria pour que tout cesse. Il sentait un goût de sang dans sa bouche, et voyait de plus en plus trouble. Il était inerte sur le sol, abandonnant toute résistance et croyant sa fin devenue proche, lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir à nouveau.
La pluie de coups cessa, et il entendit un dialogue enflammé entre ses agresseurs et le nouvel arrivant;
-"Vous faites encore un geste et je tire." annonce une voix rauque qu'Eren n'avait jamais entendue.
-"Comment t'es arrivé jusqu'à là? T'as buté tous nos gars qui surveillaient?" Cette fois-ci, c'est bien un des assaillants qui parle, car Eren entend sa voix s'élever juste au dessus de lui.
-"Tes chiens n'ont pas été très durs à éliminer. Quoi qu'il en soit, vous allez gentiment reculer contre le mur en attendant que les renforts arrivent. Je sais que vous n'êtes pas armés, alors n'essayez pas de me la mettre à l'envers."
Ils s'éloignent sous la menace de l'arme caché dans la pénombre, et sursautent en voyant la petite taille du gars qui vient les déranger dans leur besogne.
Tout en gardant son arme pointée sur les agresseurs, le petit homme s'approche d'Eren, et place deux doigts sur son poignet. Il est en vie, bien qu'à moitié conscient, sa vie n'est pas en danger.
L'homme au revolver s'assied sur le lit, et attend patiemment, les trois hommes toujours en joue, que les renforts arrivent.
Ils ne tardent pas, et une dizaine de minutes plus tard, des hommes embarquent les trois agresseurs. Un grand homme blond échange quelques mots avec le plus petit;
-"Très bien Levi, on te laisse t'occuper d'Eren Jaeger. On va remettre le système de sécurité en place, bonne soirée."
-"Um"
C'est sur ses paroles peu loquaces que tous sortent, laissant seuls Eren et le dénommé Levi. Ce dernier s'approcha du blessé, et empoigna ses poignets, le projetant sans ménagement sur le lit. Il sortit de la pièce, prenant soin de bien fermer à clé, puis revient avec une bassine d'eau chaude, une serviette et des bandages.
Eren ouvra les yeux, sentant une chose humide et chaude sur son front. Un de ses yeux le lançait, et il arrivait à peine à l'ouvrir. Il parvient néanmoins à apercevoir l'homme au regard glacial qui se tenait devant lui. Il se rappela que son nom est Levi, et que cet homme l'avait sauvé.
D'ailleurs, celui-ci était en train de bander le torse dénudé d'Eren, qui était prostré et silencieux, encore trop choqué de l'attaque qu'il avait subie.
Au souvenir des coups que les trois hommes lui ont porté, il se recroquevilla et pleura entre ses bras. Son tors se soulevant au rythme de ses sanglots faisait souffrir ses côtes abîmées, mais il n'arrivait pas à s'arrêter.
Levi se pencha sur lui, et Eren leva son visage couvert de larmes et de sang vers lui, avant de tendre les bras vers celui qu'il considérait comme son sauveur. Il pensait, et espérait de toutes ses forces que cet homme était celui qui allait le faire sortir d'ici.
Mais alors qu'il refermait ses bras endoloris sur Levi à la recherche de réconfort, celui-ci le repoussa violemment, en lui crachant ces mots emplis de dégoût:
-"Ne me touche pas, monstre!"

Qui es-tu ? (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant