Je coure vers le chalet de bois brun aussi vite que je peux. Cora n'est pas encore rentrée et c'est mieux comme ça, je n'aurai qu'à inventer une excuse à mon père. J'ouvre la porte le plus discrètement possible et me glisse dans l'entrée de la maison. Je pose mon manteau de laine et mes bottes fourrées et me dirige rapidement et le plus silencieusement possible vers ma chambre au premier étage. Je referme la porte derrière moi puis me change et remplaçant mon pantalon de toile bleu et ma chemise blanche par ma tenue de combat. Oui, je sais ça peut paraître étrange, mais dans un monde où la guerre vous guette partout où vous êtes, pouvoir acheter des habits de combat est commun bien qu'il faille une autorisation pour acheter des armes. La mienne est composée d'une chemise verte sapin avec par-dessus un corset de cuir brun, un pantalon de cuir foncé léger, des protections de cuir pour les avant bras, des bottes hautes en cuir brun souple et un manteau sans manche vert lacé, serré à la taille par une ceinture de cuir noir. Je prend également un sac en peau de frours avec de l'eau et descent en bas pour aller chercher mon épée dans la forge de mon père, où l'on peut accéder par une porte à gauche dans le couloir.
Je rentre en espérant que mon géniteur ne soit pas là ou occupé ailleurs, mais, pas de chance, il est en train d'emballer une hache dans de la toile et lève la tête en m'entendant arriver puis fronce les sourcils en voyant ma tenue et mon sac. Mon père et un grand homme carré et blond avec des yeux bleu magnifiques, ses cheveux lui arrivent aux épaules et son visage bronzé par tout le temps passé dans la forge est parsemé de quelque rides, de sourire pour la plupart. J'essaye tant bien que mal de cacher ma gène sous un sourire mais celui-ci disparaît quand mon père me demande avec un ton interrogateur :
- Que fais-tu habillé comme ça, Ælis ?
- Je...je...je voudrais aller me promener en ville.
- Comme ça ? Ne me prend pas pour un idiot Ælis, je sais très bien que si tu sors c'est pour aller chasser ou t'entraîner au maniement des armes et au kokijutsu. Je voulais juste savoir si tu pouvais me le dire en face ou si tu préférais mentir.
- Ce n'est pas ça. Papa, j'ai peur de ta réaction.
- Je sais mais tu ne devrais pas, ce n'est pas moi qui vais aller te dénoncer. Cependant il est vrai que tu passe beaucoup de temps à manier des armes et à t'entraîner au kokijutsu en ce moment et je te rappelle que c'est illégal sans papier et en dehors des cours.
- Je sais...mais j'aime ça papa et je sais que nos moyens ne nous permettent pas de me payer des cours. Et puis en plus on sait tous les deux que je déteste être enfermé dans un dojo ou une salle d'entraînement à ne devoir faire que ce que dit le professeur et à la lettre.
- Ha ha ha ! Ça c'est bien vrai ! Tu peux aller dehors je ne dirais rien et je trouverais une excuse si tu n'es toujours pas revenu au retour de Cora.
- Merci papa !
- De rien. J'imagine que tu es venu chercher ton épée ?
- Oui, tu as finis de la réparer ?
- Oui, je l'ai même améliorée. Viens voir.
Mon père me conduit jusqu'à une table tout au fond de l'arrière boutique et prend un paquet enveloppé dans de la toile rouge bordeaux. Il défait les nœux qui retiennent le tissu puis enlève ce dernier puis me tend une lame noire. Elle est comme avant, avec des motifs complexes sur la lame, une fusée rouge bordeaux et les initiales gravés sur le pommeau mais je la sens néanmoins plus légère, la lame est plus aiguisée et un petit dragon de cristal bleu est visible sur la garde. Je saute dans les bras de mon père et lui fait un énorme bisous sur la joue. Il rit et me serre dans ses gros bras bien musclés par le travail. Il me tend le fourreau brun et je l'accroche à ma taille en glissant mon épée dedans. Je lui dit à tout à l'heure puis sort de la boutique.L'air frais de cette fin de journée me fait un bien fou après la chaleur de la forge et c'est sans hésitation que je me dirige vers la forêt à l'arrière de la maison. Je m'enfonce entre les arbres et m'oriente facilement jusqu'à un ruisseau d'eau claire où un chêne au tronc large prend racine sur la berge. Je grimpe dans les grosses branches du feuillus jusqu'à atteindre un trou dans l'écorce où je plonge la main pour en ressortir un arc d'acajou sculpté, un carquois de cuir noir et des flèches très solide avec des plumes au bout. Je passe le tout dans mon dos puis saute de ma branche pour atterrir au sol. La neige de l'hiver recouvre tout et je ne peux m'empêcher de sourire face à ce paysage blanc. Mon père m'avait dit que l'hiver était la saison préférée de ma mère et qu'elle pouvait passer des heures à contempler la nature. Je soupire puis saute par-dessus le ruisseau et continu de m'enfoncer dans la forêt. J'arrive enfin à une clairière située au bord d'une corniche rocheuse. Je n'ai jamais dit à mon père où se trouve mon terrain d'entraînement car je sais que même avec toute la confiance qu'il me porte, il aurait peur que je tombe et me tue. J'observe la vallée en contrebas et plus particulièrement la ville de Suki, que l'on voit de loin grâce aux nombreuses lumières qui sont présentes dans les rues. Je m'assois au bord de la corniche puis entreprend de lister tous les avantages de la vie montagnarde par rapport à la vie urbaine, comme à mon habitude :"1) Les paysages sont plus jolis, 2) Je peux m'entraîner sans que personne ne me voit, 3) Nous n'avons pas de problème de pollution sonore ou lumineuse, 4) Nous avons de l'espace, 5) Ma mère venait d'ici et adorait cet endroit". Cette dernière raison c'est mon secret. Mon père aime bien me parler d'elle quand Cora n'est pas là. Je sais qu'il l'a aimé plus que n'importe qui et que sa mort l'affecte encore aujourd'hui mais c'est aussi pour ça que j'admire mon père. Il est capable de continuer à vivre, à rire, à s'occuper alors que ce qui s'est passé est la pire chose qu'une personne puisse ressentir. J'essuie les larmes qui commencent à couler.
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L'oeil du dragon - Tome 1 : La Prophétie
ParanormalMakia est un monde magique où vivent différents peuples tel que les loups-garous, les vampires, les sirènes, les dragons ou encore les elfes. Mais depuis maintenant dix ans, la guerre règne menée par Le Roi, souverain des mages, et les royaumes des...