Ce type ! Non, mais ce type ! Il m'a énervée, je compte bien lui prouver de quoi je suis capable. Mauvaise amante. Moi ? Pas question de le laisser dire cela.
Noémie, ta boîte de préservatifs va servir.
Titubante, je grimpe au premier étage. Au passage, je rate une marche et manque m'étaler.
Le couloir est éteint, dans le noir je me faufile jusqu'à ma chambre. Mes chaussures volent à travers la pièce, suivies de ma robe qui atterrit sur le bureau.
Heureusement, je porte mon joli ensemble noir en dentelle, je n'aurai pas l'air cruche quand je me glisserai dans son lit. Un coup d'œil au miroir pour vérifier mon visage. Mon maquillage a coulé. Impossible de rester comme cela. Alors, j'attrape mon démaquillant et nettoie ma peau, avant de remettre un trait d'eye-liner. Grâce à la brosse, je fais gonfler mes cheveux.
Ce petit intermède n'a pas entamé ma résolution, j'ouvre le tiroir de la commode. Les capotes sont toujours à la même place. Je saisis le paquet. Est-ce que je devrais enlever le film protecteur ? Cela nous ferait gagner du temps, car au moment fatidique s'amuser à tenter d'arracher avec ses dents ces saletés de protections, ça peut vous couper toute envie. Motivée à rendre cette boîte aussi opérationnelle que possible, j'attaque l'ouverture avec mes ongles. Sérieux, ils ont besoin de mettre autant de colle ? Parce que là c'est scellé à mort. Enfin, je retire le film. Les capotes sont libres. Prête à le rejoindre, je me dirige vers sa chambre.
Sa porte se trouve juste en face la mienne. Je frappe ? Je ne frappe pas ? J'hésite. Imagine, il me dit de ne pas rentrer ? Je serais mortifiée. Est-ce vraiment une bonne idée de le surprendre ? Je ne sais plus comment agir.
Et puis mince, on n'a qu'une vie, j'ai envie de planter mes dents dans ses fesses, alors je tente le coup. Le froid de la poignée me saisit quand je pose ma main dessus. Avec toute la lenteur donc je suis capable, j'abaisse la clenche sans faire de bruit.
Il est dans son lit, il dort. Du moins, je pense qu'il s'est assoupi puisqu'il ne se relève pas. J'avance un pied et entre dans la pièce. Silencieuse, je referme la porte, puis à petits pas je me dirige vers lui. Un obstacle non identifié manque de me faire tomber. Enfin j'atteins le matelas. Je soulève la couverture et me glisse entre les draps.
Donatello n'a aucune réaction. Une fille en sous-vêtements se jette dans son lit et, lui, il ronfle. Il va falloir que je joue avec lui pour le réveiller. Par quoi je commence ? Caresser son torse ? Un baiser sur les lèvres ? Ou alors, je lui mets la main dans le caleçon ? Non, la dernière solution est trop violente. Surtout que si un type me faisait cela dans mon sommeil, je le castrerais direct.
Finalement, j'opte pour susurrer son nom à son oreille. Il bouge, marmonne, sa respiration s'accélère.
— Clélie ? Qu'est-ce que tu fais dans mon lit ?
— À ton avis ?
Seul le silence me répond, comme la chambre est dans l'obscurité, je ne peux pas voir son visage. Il se penche, je perçois un clic et la lumière brûle mes rétines.
— Putain, tu fous quoi à poil ?
— Je suis venue te prouver que je ne suis pas nulle.
Mon ton est misérable. Je n'aurai jamais dû céder à la tentation.
— Je ne suis pas à poil. Ce petit ensemble m'a coûté une fortune, ajouté-je
Il passe une main sur son visage, pousse un soupir de désolation.
— T'es complètement folle.
Il se lève qui permet d'avoir une vue imprenable sur son dos dénudé et ses fesses moulées dans son boxer. Il fouille dans son sac et en sort un tee-shirt. Pourvu qu'il ne se couvre pas, j'ai encore envie d'admirer sa plastique. Quand il se retourne, je bave. Il ne travaille peut-être pas, pourtant j'imagine bien où il passe ses journées, et ce n'est pas dans un canapé à regarder la télé, mais dans une salle de sport. Il est juste sublime. Sa peau mate, ses muscles, la fine toison sur son torse. Toutes ces informations à traiter d'un seul coup, mon cerveau n'arrive pas à suivre.
Ne t'habille pas, ne t'habille pas.
Il s'approche, mon cœur bat si fort que je suis certaine qu'il peut l'entendre.
— Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Franchement l'alcool ne te réussit pas.
Que répondre à cela ?
Il est juste devant moi avec juste son boxer pour le couvrir. Tout à coup, je me sens timide, il m'impressionne. J'ai envie, non, j'ai besoin qu'il me touche.
— Mets ça.
La colère monte en moi, je m'offre à lui et il me refuse. D'un geste brusque, je lui arrache le tee-shirt. Mes mouvements sont saccadés, au moment où j'envoie mon bras dans la manche, mon poing atterrit sur un mur de chair.
Il pousse un grognement de douleur. Fissa, je termine d'enfiler le vêtement afin de voir ce qui se passe. Il est plié en deux et se tient l'aine des deux mains.
Ho. Mon. Dieu. Je l'ai émasculé.
— Tu veux me tuer ou quoi, ahane-t-il
— Je suis désolée, tellement, désolée, je n'ai pas fait exprès.
Inquiète, je me lève et pose une main sur son dos. Sa peau nue contre ma paume, m'électrise. Elle est douce et chaude, ses muscles sont fermes et bien dessinés. Je désire promener ma main le long de sa colonne pour voir des frissons parcourir son épiderme. Néanmoins, ce n'est pas le moment de fantasmer, il est plié sous l'effet de la douleur.
— Je peux faire quelque chose, tu veux de la glace.
Il reprend son souffle petit à petit. Bientôt, il se relève, son visage exprime encore de la souffrance.
— Casse-toi !
— Tu te crois où ? Tu ne me parles pas sur ce ton, je t'ai dit que je n'avais pas fait exprès.
— Clélie, va-t'en, et arrête de crier. Tu vas réveiller les parents et je n'ai pas envie de leur expliquer ta présence dans ma chambre à cette heure-ci.
Il a repris un peu de couleurs, d'ailleurs il saisit mon bras sans ménagement, et me traîne vers la sortie. Il ouvre et me pousse sur le palier. La vache, il n'est pas content, je me retourne afin de lui présenter à nouveau mes excuses, mais il me claque la porte au nez.
Je reste un moment interdite. Il m'a foutue dehors, j'y crois pas. Je vais pour tambouriner afin de lui dire clairement ce que je pense. Mais il ouvre le battant, prend ma main et y fourre la boîte de capotes.
— Pour info, je n'utilise pas cette marque, il me faut des grandes tailles.
Et il referme aussi sec.
Les préservatifs toujours dans la main, je me retourne et marche vers ma chambre. Sauf que je me retrouve dans la salle de bain. J'ignore comment je suis arrivée ici. En fait, depuis la dernière phrase de Donatello, je suis incapable de formuler une pensée cohérente.
Capotes.
Trop.
Petites.
Je crois que mon cerveau a grillé.
VOUS LISEZ
Apprends le désir/Impossible désir [sous contrat d'édition BMR]
Literatura FemininaClélie et Donatello se sont rencontrés adolescents, lorsque leurs parents ont décidé d'emménager ensemble, les obligeant à vivre sous le même toit. Immédiatement, ils se sont détestés. Dix ans plus tard, la situation a bien changé. Clélie se surpren...