Ayant dix-sept ans, je suis en première. En sortant du lycée, je vis une femme dans la quarantaine accompagnée de deux hommes plus jeunes qu'elle. Ça m'a paru tout de suite louche : peu de parents attendent leurs rejetons devant le lycée et je ne les ai jamais vus auparavant. Dès que mon regard croisa le leur, ils s'avancèrent vers moi et me demandèrent si je connaissais une certaine Camille Flor. Mon impression qu'ils ne devaient pas se trouver là se renforça. Comprenez, ils n'avaient encore parlé à personne et la seule à qui ils adressent la parole est justement celle qu'ils recherchent. Moi, dans ce cas-là, je prend mes distances et je me protège :
" Nan, j'connais pas. Par contre, vous êtes qui et qu'est-ce que vous foutez ici? Leur crachais-je.
- Nous cherchons Mademoiselle Camille Flor. Répondit l'un des deux blasés.
- Vous avez ma réponse. Tandis que moi, je n'ai pas les miennes..."
La femme s'avança alors, un léger sourire aux lèvres :
" Je dois te parler, Camille Flor."Sous le choc, je haussai un sourcil. Il faut dire que je suis une assez bonne comédienne, et ce jusqu'au bout :
" Je vous ai déjà dit que vous vous trompiez de personne."
Je peux être vraiment bornée quand je veux. Un sourire malsain se développa sur le visage de mon interlocutrice, qui dit d'une voix rocailleuse, presque inhumaine :
" Les mensonges n'atteignent pas l'oreille de Dieu."
Je suppose que les réactions qu'elle attendait n'étaient pas les rires à peine dissimulés de ses deux molosses :
"Les gars ! Je n'ai plus le droit de me la jouer mystique ?"
Les rires redoublèrent. Ils ne faisaient plus attention à moi et j'en profitais pour m'éclipser discrètement...
"Toi, tu restes là." Me lança la femme, vexée comme un pou. Oups. Enfin "discrètement"... façon de parler. Pas impressionnée pour deux sous, je continuais à avancer lorsqu'un des sbires, malgré sa crise de fou rire, me ceintura. Pour le coup c'était moi qui étais vexée. Je n'avais rien à perdre, alors autant crever l'abcès :"Bon, soufflais-je, qu'est-ce que vous me voulez ?
- Hey! Fit l'un. Un peu de respect, veux-tu ? Tu parles à Dieu, là !
- Pardon? Mais vous débloquez complètement ! Et puis de toute façon, je suis athée ! Voilà !"Soit. Après coup, je pense que j'aurais pu mieux faire. Mais visiblement, cela toucha mes trois illuminés puisqu'ils soupirèrent dans un bel ensemble que ça (notre petite entrevue, je suppose) allait être long.
" Commençons par le commencement. Je te présente Gabriel, Luc, et moi, je suis Diane, reprit la femme en pointant successivement les deux hommes puis elle-même. Puis, se tournant vers ses acolytes : je pense l'emmener à la SaS, qu'est ce que vous en dites ?
- Ah ouais, carrément ! S'exclama Luc, comme ça elle sera obligée de nous croire sur parole !"
J'émis un raclement de gorge, assez sonore, pour me rappeler à leur bon souvenir. Il faut dire que je déteste être ignorée :
" N'empêche... Elle est méfiante, ça lui servira si elle accepte. Dit Gabriel.
- HUM, HUM!!! Hurlais-je de toutes mes forces.
- Chope-la par la nuque si elle tente de récidiver. Et tu peux serrer. Mais pas trop, quand même. À tout de suite !" S'exclama-t-il. Les deux larbins disparurent à peine le dernier mot prononcé. La femme m'attira contre elle d'une poigne de fer et s'adressa au vide, un sourire aux lèvres :
" Ça vous amuse tant que ça, de vous payer ma tête ? Ferme les yeux, toi. " Ajouta-t-elle en me regardant. J'eus à peine le temps de cligner des yeux qu'un grand flash blanc défigura le paysage.Là où se trouvaient les arbres, illuminés par un grand soleil s'étendaient maintenant de grandes étagères formant les murs et entourant une table de bois sombre sur laquelle était déroulé un planisphère. Le tout était éclairé d'une pâle lumière bleutée, émanant du contenu des étagères : des pierres bleues luminescentes, toutes sur un présentoir, accompagnées d'un carton où figurent des indications auxquelles je ne comprenais ma foi pas grand-chose. Mes trois olibrius étaient debout près de la table, vers moi, un léger sourire accroché au visage. Maintenant que le décor est posé, venons en au principal :
" Euh... Quelqu'un m'explique? Je veux dire... Où est-ce qu'on est ? Et comment on est arrivé là ? Non mais sérieusement, hein ! Il y a moins d'une minute, on était tous dehors devant la sortie de mon lycée, et là... Et là on est là ! Et puis vous avez parlé d'un truc que je pouvais accepter... Et... Attendez deux minutes. Comment pouvez-vous seulement me connaître ?
- C'est bien simple, d'ailleurs je te l'ai déjà dit. Je suis Dieu."
J'émis un petit rire désabusé:
" Bien évidemment, suis-je bête. Je me trouve actuellement face à Dieu. Dieu. C'est drôle, je ne vous imaginait pas comme ça. Dieu ! C'est normal, après tout... Ha, ha, ha. Et puis vous allez me dire qu'on s'est tp grâce à la force de l'amour, n'est-ce pas ?
- 'Tp' ?"J'ai soupiré. Longuement. Madre mia, me suis-je dit. J'avais oublié qu'elle n'était plus toute jeune ! Tentant ma chance avec la gent masculine, plus jeune ( cette phrase est à ne pas sortir de son contexte, et encore moins sans sa virgule ) je me rendis compte qu'ils étaient paumés que leur aînée. J'aurais préféré dire décontenancés mais le fait est qu'ils avaient vraiment l'air perdus. Pauvre de moi.
"C'est l'abréviation de "téléportés". Vous n'avez jamais joué aux MMO ?
- 'MMO'?!Des fois, il faudrait vraiment que je ferme ma grande gueule.
"Il s'agit de l'abréviation de l'acronyme MMORPG qui signifie Massively Multiplayer Role-Playing Game. En gros, c'est un jeu en ligne à plusieurs. Parmi les plus connus on retrouve WoW et LoL. Avant que vous ne demandiez, il s'agit de World of Warcraft et League of Legends. Sinon y'a Dofus. J'aime bien Dofus. C'est marrant, Dofus. Mais vous ne pouvez pas connaître, vous. Vous êtes vieux.- Eh !" S'exclamèrent les deux hommes en même temps. Je souris :
"Quoi ? Après tout, il n'y a que la vérité qui blesse . Vous êtes des trentenaires, non? Et vous n'avez jusqu'alors jamais entendu parler de MMO ? Eh bien vous êtes vieux. Fin de la discussion. Mais, plus sérieusement... Elles sont où les caméras ?"
Vous avais-je déjà dit que j'étais un petit peu — très légèrement — sceptique sur les bords ? Non ? Voilà qui est étonnant... Je vous ai déjà parlé de moi, au moins ? Nom, prénom, âge, lycée... C'est tout ? Eh bien... C'est pas gagné. Promis je ne fais pas de pause dans l'histoire pour me décrire, non. Ne vous inquiétez pas...______
Edit : J'ai dû passer une bonne heure à corriger et à réécrire tout ça, au lieu de réviser. Et j'en suis fière.Cordialement,
KrPdiM
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Dieu
FantasyCE LIVRE NE TRAITE PAS DE RELIGION ET ENCORE MOINS DE FOI. A NE PAS PRENDRE AU PREMIER DEGRÉ ! Je suis Camille, dix-sept ans, et aujourd'hui j'ai rencontré Dieu.