"Passeur ? Gnéé ?
- Passeur, en effet. Elle prit une grande inspiration et... Le-Passeur-doit-trouver-les-personnes-dignes-d'-être-Héritier-,-en-se-basant-sur-leur-comportement-et-leur-caractère. Alors, tu prends le job ?
- Héritiers ? Gnéé ?
- Ça va être long... Marmotta-t-elle. Oui, d'environ-vingt-cinq-ans-choisis-par-le-Passeur-pour-remplacer-les-Entités-qui– elle mima les guillemets–"partent-à-la-retraite". Des questions ? Non, ne réponds pas, c'était purement rhétorique."Jusque là, j'avais plus ou moins compris. Enfin, plus... Tout est relatif. Toujours est-il qu'il me restait encore un point au moins, à éclaircir.
"Entité ?..
- Chut! Tu ne parles pas. Non... commença-t-elle, avant de me voir refermer la bouche. Tiens, prends ça. Et tu me le rends en bon état, j'y tiens."Elle me tendait un bouquin. Je le pris avec précaution et constatais qu'en effet, elle devait beaucoup y tenir au vu de l'état de la couverture. Celle-ci, à moitié déchirée, affichait Manue- des Héritie--. En l'ouvrant, pour le feuilleter, je vis qu'en plus d'y tenir, elle en prenait le plus grand soin. Les pages cornées et gribouillées au crayon à papier l'attestaient. Oh, chouette! Des définitions ! Tout le monde adore les définitions, c'est bien connu. C'est alors que mon regard accrocha quelques petits mots. "Tous frais payés", disaient ces mots.
"Je commence quand ?"Diane, ou Dieu, même maintenant j'ai encore du mal, me fit un grand sourire, suspect, puis se pencha vers Luc et lui glissa quelques mots. Je crus entendre "Imparable" sortir de sa bouche. Moi, me faire pigeonner ? Impossible. Complètement absurde. Impensable. Et je pourrais continuer ma liste toute la journée. Mais je doute que vous vouliez l'entendre.
" Et je me débrouille comment, moi, pour trouver vos fameux Élus-Héritiers-Je-Sais-Plus-Trop-Quoi ?
- Héritiers. Et ne t'inquiètes pas, tous les potentiels candidats te seront indiqués par l'équipe, qui les sélectionne en jetant un coup d'œil sur leur AME.
- Leur âme ? Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Dans quoi me suis-je embarquée, encore ? Non, non, j'ai compris, je ne pose plus de questions."Je lançais cette dernière phrase rapidement. En effet, les trois interlocuteurs m'avaient lancé de concert un regard à glacer le sang. Ils soupirèrent de nouveau et, plus synchrones que jamais, dirent d'un ton las :
"Page sept.
- Définition ?
- Définition.
- Ah.
- En effet.
- Passons. Et pour l'école, la famille, les amis, tout ça..? Comment suis-je sensée faire ? Parce que, soyons sincères, je ne vais pas me planter devant mon proviseur et lui dire : ' Ouiii, bonjoooureuh, je viens vous annoncer que je ne suivrai plus les coooureuh, parce que j'ai trouvé un jooobeuh et que désormais, je n'aurai plus vraiment le teeemps-euh, et toussa, toussa. Allez, tchuss !'( Pour les initiés qui se le demandent, c'est exactement le ton de Sparadrap quand il tente de vous enrôler. Pour les non-initiés, il s'agit d'un mélange d'optimisme incroyable et d'une niaiserie sans bornes.) Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne suis pas tout à fait certaine qu'il comprenne, encore moins qu'il accepte.- Eh bien, je...
- D'ailleurs, en parlant d'école, vous ne croyez pas que... tout ça, là... va passer inaperçu ? Je le vois d'ici, en gros titre sur les journaux : Mystérieuse disparition au lycée Lambda, deux hommes et deux femmes se volatilisent! On suspecte les extra-terrestres illuminati reptiliens(p.4). J'aurais adoré, moi, faire la une, mais dans ce cas... vous ne croyez pas que c'est un peu pourr–
- Non.
- Non ? Comment ça, non ?
- Non, personne n'a rien remarqué. Et pour cause, pour eux, tu n'es pas partie, nous non plus. Pour répondre à ta possible-future-ex-maintenant-que-j'y-réponds question, non, ce n'est pas parce que "gnagnagna projection spirituelle gnagnagna coin reculé bien paumé au fin fond de mon esprit gnagnagna complètement droguée gnagnagna fous échappés de l'asile". Je manipule juste le temps. Pas grand chose : un retour en arrière d'une heure au maximum. Et ferme la bouche, on dirait un poisson mort."En effet, j'affichais un air complètement hébété. Je n'avais retenu qu'une seule chose de la petite explication accompagnant son assertion : elle manipulait juste le temps. Pendant juste une heure. Et elle, elle avait sorti ça sur le même ton que j'aurais pris si je devais dire, par exemple: Le seul évènement notable de ce week-end, c'était une barbe-à-papa. Elle était notablement bien installée dans mon estomac. J'aime la barbe-à-papa.
" On s'en cogne !"
J'ai regardé Luc avec des yeux ronds. Je devais avoir parlé tout haut, mince. En jetant un coup d'œil aux deux autres je vis que Dieu semblait aussi paumée que moi et que Gabriel affichait un air désespéré et secouait la tête, les yeux clos. Luc le regardait, suspicieux. Un air de compréhension éclaira son visage. Il se tourna vers moi et murmura un "hmm déso'."" Ce n'est pas bien grave, elle plissa les yeux puis s'adressa aux deux autres. Gab, explique lui pendant qu'on va chez elle. Luc, tu vas chercher les Émissaires et on se retrouve là bas."
Je décidais de ne pas relever le fait qu'ils semblaient connaître mon adresse, ce n'était décidément pas la chose la plus étonnante qui me soit arrivée durant ces quelques minutes. Gabriel me saisit alors le bras et j'eus la gerbe. Besoin d'une traduction ? Changer de lieu et de temps donne une impression assez intriguante, celle que ton bassin essaye de s'échapper hors de ton corps, entraînant tout tes pauvres os qui n'ont rien demandé, et le tout par le chemin le plus court, à l'horizontale. Sans compter que tes yeux semblent vouloir se libérer de leurs orbites et ton cerveau s'écouler par le nez. Rien de bien désagréable, en somme.De retour devant notre lycée préféré, le mien, donc, ils s'arrêtèrent près d'une voiture, me firent signe de monter à bord. Gabriel pris place au volant et Lady Di' s'installa à ses côtés. Je n'ai plus qu'une seule option, la banquette arrière. Que n'eussé-je écouté ma mère, étant plus jeune ! – Oui, j'ai toujours eu un certain don pour le théâtre, quand bien même fut-ce dans ma tête – "Ne parle pas aux inconnus, me disait-elle, il pourrait t'arriver malheur."
Bon. Inconnus on ne peut plus louches? Check !
Malheur en approche ? Eh bien... Une migraine ? Dans ce cas, check ! En plus il connaissent le chemin pour aller chez moi. La douce voix de Gabriel me sortit de mes rêveries.
" ... Voilà à quoi sert un Passeur. Donc, à quoi tu sert."
Il est fort probable que je n'aie pas écouté la moitié de ce qu'il a dit. Son expression m'indiquait clairement qu'il pensait la même façon que moi. Du moins, le peu que j'ai pu voir dans le rétroviseur. Il secoua négligemment la main, d'un geste qui semblait me dire : "T'avais qu'à m'écouter, ça t'aurais évité de lire le livre".- Quelle horreur. Je ne veux pas lire ça. Je savais que ce bouquin était utile, mais je ne pensais pas avoir à le lire. C'est déprimant" fis-je la mort dans l'âme.
Lady Di' m'adressa un petit sourire auquel je répondis, n'ayant su comment l'interpréter, en usant de toute ma maturité.Je tirai la langue.
Et, en désespoir de cause, j'ouvris ce damné livre, devenu récemment mon nouvel ouvrage de chevet à la page 7, et commençais à lire.
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OK. Republication d'un chapitre et go à la réécriture. Je constate quand même que j'ai de moins en moins besoin de me réécrire, et ça c'est cool.
Cordialement,
KrPdiM.
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Dieu
FantasyCE LIVRE NE TRAITE PAS DE RELIGION ET ENCORE MOINS DE FOI. A NE PAS PRENDRE AU PREMIER DEGRÉ ! Je suis Camille, dix-sept ans, et aujourd'hui j'ai rencontré Dieu.