Comme promis, je ne fais pas de pause dans mon histoire.
"Il n'y a pas de caméra..."
C'est... Dieu? qui a parlé. Non, ce n'est pas le respect qui m'étouffe. J'ai alors fait ce que j'ai expérimenté pendant des années, c'est-à-dire agir avant de réfléchir.
"Eh la vioque! C'est quoi ton... Oublie, en fait tout va bien."
Parce que je m'étais alors de son prénom. Diane. Elle avait dû me le dire cinq minutes auparavant. Ou peut-être dix. Grand maximum.
"La vioque ? Sale gosse !
- Ça va...
- Mais non ça ne va pas ! Et puis j'ai quarante-trois ans, je suis encore dans la fleur de l'âge !"
Qu'avais-je dit, rappelez-moi ? Une quarantaine d'années. Une fois de plus, j'avais raison. Et j'ai toujours raison car je suis une personne tout à fait extraordinaire. En bref, je suis la meilleure (et modeste avec ça... Décidément, j'ai toutes les qualités).Sur ce, la meilleure retourne à son histoire.
"Un peu fanée, la fleur... Grommelais-je.
- J'ose te signaler que je t'entends...
- Toutes mes félicitations, vos oreilles ont encore de belles années devant elles. Bon alors ce n'est pas que je m'ennuie, mais en fait si. Et puis ça commence à faire un bout de temps qu'on parle pour ne rien dire.
- Enfin, elle s'en rend compte !
- Tais-toi, truc, là. C'est quoi déjà ton nom ? Ah oui ! Gabriel ! Enfin je crois...
- C'est L–
- Non mais, en vrai, je m'en fiche. Je vais supposer quelques instants que vous n'êtes pas des hallucinations causées par mon cerveau malade–
- T'es malade ?"L'autre niais m'avait encore coupée. Je déteste être coupée du plus profond de mon âme. C'est la goutte d'eau qui met le feu aux poudres, comme dirait l'autre. Ah non, au temps pour moi. C'est moi qui dit ça. J'aime beaucoup les mélanges d'expressions. Ça me fait bien rire et ça dédramatise la situation. Ça marche presque à tous les coups. Presque. Pas toujours. Et ça dépend avec qui. Bon, je vous l'accorde, ça marche parfois. De temps en temps. Mais laissons là cet aparté. Il faut savoir que je m'énerve vite. Très vite. Et là, j'en ai marre. Ça ne sortait pas de nulle part : je m'étais tout de même fait capturée par des témoins de Jéhovah fous furieux ! Du moins étaient-ce mes pensées sur l'instant. Maintenant ? Je pense différemment, mais on en discutera plus tard et revenons plutôt à nos moutons, voulez-vous ?
"Princesse ? Je parle, là, donc sois mignonne et arrête de me couper. Merci ! Tu sais, ce n'est pas très poli de faire ça. Oh ! Mais suis-je bête ? Bien sûr que tu le sais ! C'est sûrement écrit dans ton manuel de la petite fille bien polie et bien mignonne !"
Comment décrire le ton que j'ai utilisé ? Eh bien, je dirai qu'il s'agissait d'un savant mélange de condescendance, de peine, de réprobation et de foutage de gueule, le tout saupoudré de battements de cils exagérés. Pour la dernière phrase, j'ai opté pour un ton glacial accompagné d'un sourire à la limite de la grimace. Il n'y a pas à dire, je m'adore. Sur le coup, j'avais oublié que m'adressais à des personnes probablement surentraînées (oui, même la femme et non, je ne suis pas faible).
"C'est à moi, qu'tu parles ? Fit Luc – du moins, il me semblait que c'était le nom de la princesse–
- Non, au président de la République, juste derrière toi ! Mais non, ne regarde pas ! J'y crois pas, je ne veux pas y croire... L'ironie, tu connais ?" Je me tournais alors vers Diane. "Il est toujours comme ça, votre gorille ?"
Seul un soupir me répondit. Je repris alors:
"C'est bon ? Je peux finir ? Oui, c'est bien à toi que je parle, princesse. Bon. Je disais que j'allais un instant arrêter de vous considérer comme des hallucinations et tenter de vous écouter. Ensuite, vous répondrez à quelques questions.
- Enfin ! Dieu merci ! Lâcha Gabriel
- Moui, je sais, je sais..." répondit Diane en limant ses ongles avec une lime sortie de nulle part
Me faisant violence pour ne pas m'énerver, j'avais plaqué un grand sourire sur mon visage, pas forcé du tout, je l'ai fermée et j'ai écouté.
"Je suis Gabriel, Gab, Gabi, Gabou, comme tu veux... Mais pas Gaboulette ! Ce n'est pas moi. Démon, de mon état. L'abruti, là-bas, c'est–
- Eh, je t'entends tu sais ?
- Luc. Un Ange, finit-il, pas perturbé pour deux sous. Puis avec un air presque doux sur le visage : Je te charrie, chéri
Chéri ? Pourquoi pas, après tout. Le problème était que je commençais à avoir des images et, comme ils étaient juste en face de moi, ce qui était à peine gênant, je les ai combattues avec d'autres. Drôles au départ, puis la qualité c'est vite dégradée. Berk. Rien que d'y repenser j'en tremble.
"Tu vas mieux? Tu as commencé à rire, puis tu es devenue toute blanche et tu as commencé à hurler.
- T'inquiètes...
- Oui, je m'inquiète ! Même les possessions ne sont pas aussi impressionnantes ! Non, c'est pas vrai. Voir une personne se faire posséder, c'est bizarre. L'utilisateur teste toutes le possibilités en quelques secondes. C'est vraiment très bizarre.
- En effet, ç'a bien l'air marrant. Mais sinon, moi, ça va. J'ai juste eu des... images. C'était horrible. Affreux. Horriblaffreux."
Je la vis alors pâlir à vue d'œil et réprimer un haut-le-cœur. J'ai supposé qu'elle et moi on avait les mêmes problèmes d'imagerie mentale. Elle disparut dans un flash blanc. N'y prêtant pas plus attention, Gabriel reprit:
"Et Dieu, ben... C'est Dieu, il n'y a pas grand chose à dire en plus.
- Excuse-moi, mais... De qui tu parles, là ? De Diane ?
- Diane ? Oh, tu sais, elle ne s'appelle pas comme ça... En réalité, c'est juste que Diane commence comme Dieu. Ça l'amuse. Elle aime beaucoup l'humour... Elle fait beaucoup d'humour, reprit-il en soupirant. Le sien est d'une nullité rare. C'en est presque triste."
Un nouveau flash blanc nous éblouit et une Dieu en meilleure forme apparut, quoiqu'un peu ébouriffée.
"Et alors, raillais-je, on ressuscite ? Comme Jésus ? Tu as un peu de retard, le come-back ça fait des lustres que c'est has-been.
- Tout comme ces mots, reprit-elle.
- Oui, mais ça c'est parce que t'es vieille, alors j'utilise des mots que tu peux comprendre.
- Touché, dit-elle en grimaçant. T'as gagné. Mais j'aurais ma revanche !"
Vous n'avez rien compris ? C'est normal. Je venais d'affirmer ma supériorité manifeste sur Dieu, tout en restant on ne peut plus courtoise. Non, ce n'est pas un clash. J'ai déjà dit que nous restions courtoises. Vous devez surement connaître l'adage "Que le meilleur gagne". Je ne peux pas m'en empêcher. De toute façon, c'est juste pour savoir qui a l'humour le plus nul. Je n'ai jamais encore trouvé d'adversaire à ma mesure, mais elle a tenu plus longtemps que les autres. Un bon point.
"J'ai compris qui vous êtes, du moins je crois. Ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi sommes-nous là, comment, et ce que vous me voulez. D'ailleurs, avant que je n'oublie... Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Ça a beau briller d'un peu partout, c'est glauque, tout de même.
- Commençons par le commencement, la salle autour de toi est la SaS, la Sa...
- On dit un sas, et puis ça n'en a pas vraiment l'air."
Si je déteste être coupée, la réciproque n'est pas vraie. Surtout quand je ne prends pas mes adversai– mes interlocuteurs au sérieux.
"Écoute-moi et arrête de me couper. La SaS, c'est féminin et on prononce les majuscules, c'est la Salle aux Souvenirs, nous sommes ici grâce à la téléportation, pour te convaincre que non, nous ne sommes une bande d'échappés de l'asile, et, enfin, pour te demander d'être mon Passeur."
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Edit : BOOM ! One down, two to go. Du coup je peux m'attaquer aux dernières réécritures, puis à l'écriture en elle-même.
Cordialement,
KrPdiM
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Dieu
FantasyCE LIVRE NE TRAITE PAS DE RELIGION ET ENCORE MOINS DE FOI. A NE PAS PRENDRE AU PREMIER DEGRÉ ! Je suis Camille, dix-sept ans, et aujourd'hui j'ai rencontré Dieu.