"Tu sais qu'il y a eu une fête hier ?"
D'un coup, sa phrase sembla résonner dans ma tête. Je baissai les yeux. Tout. Tout était entrain de revenir. Mon arrivée à la plage, des regards, des lumières, des sourires, une image. Moi, Sam. Je levai les yeux, une larme descendant sur ma joue. J'avais oublié ça ? Ce moment ? Mon premier baiser ? J'avais toujours placé cet événement sur un piédestal. A cet instant, rien ne comptait plus que ce que je venais d'apprendre. Je regardais ma mère avec ce regard de colère décidé et je la poussai. Je sortais en courant. Je m'enfermai dans la salle de bain. Il fallait que je sois seule. Je posais les mains sur mes oreilles et autour de mon crâne. Les larmes montaient toutes seules. Chaque secondes étaient comme plus douloureuses que les autres. N'est-ce pas sensé aller mieux au fur et à mesure des larmes ? N'étais-je pas sensé me sentir bien ? Suis-je normale ? Je ne pense pas en tout cas que c'était seulement pour la révélation que je venais d'avoir que les larmes tombaient. Ce sentiment de trou dans le cœur que j'avais ressentie plus tôt dans la journée. Je ne savais pas pourquoi, je ne l'avais jamais remarquée avant. Mais j'avais réalisée qu'il avait toujours était là, attendant les bons moments pour surgir en force. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal.
Puis, le calme ressurgit. Un calme fluide, triste. Ce qui venait d'arriver m'avais épuisée. J'ouvrais la porte de la salle de bain, et ignorais ma mère tout en marchant vers ma chambre. Elle me criait dessus et me traitai de tous les noms. Comme d'habitude, sauf que cette fois, ça sortait vraiment. Je me décidai enfin à ne plus l'ignorer. Je la regardais dans les yeux quelques secondes, puis je fis un long signe non de la tête. En lui disant, mots pour mots :
"T'es vraiment pathétique."
Elle arrêta de parler, comme-ci ce que je venais de dire était la pire insulte du monde. C'était surement car auparavant je ne lui avais jamais tenu tête. Elle partit en marchant avec un air... Triste. Je soupirai, dans l'incompréhension de cette personne et rentrai dans ma chambre. Je me mettais sous ma couette. Elle ne m'abandonnerai pas. Sa chaleur était réconfortante. La fatigue qui m'avait déjà prise me faucha au bout de quelques secondes seulement.
Mon réveil sonna. Je le regardai avec un sourire, comme-ci pendant quelques secondes j'avais complètement oubliée la soirée d'hier. Mais les souvenirs revinrent et les sentiments d'énervement et de tristesse avec. Je me déplaçai donc jusque la salle de bain, en me trainant le corps tel un zombi.
Après une douche dans laquelle je m'étais endormie, je prenais mon petit déjeuner. J'allais à l'école. Je n'avais pas croisé ma mère, et je remerciai le hasard pour ce petit répis. En arrivant à l'école, lorsque je sortis du bus, Samuelle se plaça devant moi, et me sourit en commençant à dire des tas de choses. Je restait fixe, sans bouger. Au bout d'une dizaine de secondes, elle remarqua que je ne l'écoutais pas et la fixai, alors elle tourna la tête sur le côté en disant :
"Ça ne va pas ?"
J'attendais quelques secondes, sentant la colère et les souvenirs monter, puis ma main partit toute seule. Je la giflai. Elle resta quelques secondes la tête vers la bas. La claque avait fait comme un bruit perçant. Tout le monde nous regardait. Elle me regarda d'un air étonnée, une marque rouge sur sa joue.
"A ton avis, comment ça va quand je me rends compte que la première personne que j'ai jamais embrassée ne prends même pas la peine de me prévenir en voyant que j'ai tout oublié ?"
Elle ne put rien dire, comme-ci elle venait de se rendre compte de quelque chose. Je la poussai de mon chemin et marchai vers le lycée en lui chuchotant :
"Ne viens plus jamais me parler, sale conne."
Nos spectateurs étaient toujours là, la bouche grande ouverte. Ils me firent de la place sur mon passage en s'écartant et en me lançant des regards, subjugués par mon comportement. Je rentrai dans le lycée en ne regardant pas derrière moi. Tant pis si elle pleurait, elle m'avait fait souffrir, et j'étais du genre rancunière.
Je mettais deux ou trois affaires dans mon casier puis me dirigeai vers la classe de français. Je m'asseyais au fond. Sam rentra, en pleurant.Elle s'assit à la première table du premier rang. Il y avait des filles autour d'elle, elles semblaient toutes désolées. L'une d'entre elle me regarda mal en voyant que je regardai le groupe. Je lui souris d'un air de vipère. Elle prit un air de dégout et détourna le regard.
Si les gens croyaient que c'était juste une crise, ils se trompaient. J'étais plus énervée que je ne l'avais jamais été. Tout ce que ma mère me faisait depuis ma "tendre" enfance pour me dégager de la maison avait une chance de conclure enfin, à cause de cette fille qui avait décidée de m'embrasser. Mais était-ce sa faute ? Mon visage se détendit quelques secondes à la pensée que ce n'était peut-être pas sa faute, puis John rentra dans la classe. Il arriva devant moi et commença à s'énerver en plaisantant quand au fait que je n'étais pas venue hier. Il parlait trop. Beaucoup trop...
"La ferme."
Il ouvra grand les yeux. Il ne devait pas trop comprendre. Au bout de quelques secondes, il alla s'asseoir, avec un air déçu. Une évidence m'était tombée dessus : Même si jamais il y avait la possibilité que ce ne soit pas de la faute à Sam, c'était trop tard pour moi. J'avais tout foiré. A vrai dire, j'étais même pas sur que y'avait un truc à foirer. Je baissai la tête et laissai ce cours de côté en m'endormant.
YOU ARE READING
La vie de Sasha [EN PAUSE]
Teen FictionSasha vit sa vie comme elle peut malgré les problèmes, espérons qu'à la fin elle n'aura pas tout perdu..