E

221 35 49
                                    

 Le café que Nathan avait choisi pour s'asseoir était du genre confortable, pas très grand, ni trop petit, avec une vitre donnant sur une rue bondée de monde. Il n'y avait pas beaucoup de clients, ce qui permit au bleuté de s'asseoir seul, à côté de la vitre. Une serveuse lui demanda sa commande en souriant.

"Un thé au citron s'il vous plaît." Commanda-t-il.

"Entendu."

Pourquoi tu t'es assis devant une vitre ? Les clients risquent de te voir et de fuir.

   Nathan préféra l'ignorer, bien qu'intérieurement, il savait qu'elle avait raison sur ce point. Il prit son carnet de dessin et ouvrit une nouvelle page, hésitant. Quand était la dernière fois qu'il avait ressenti cette envie pressente de dessiner ? Quelle était la dernière fois qu'il avait pris un crayon et dessiné ce qui lui passait par la tête ?

   Il regarda autour de lui, ce demandant ce qui pouvait bien l'inspirer ce jour là. Un jeune couple au fond discutait et riait. Ils avaient l'air heureux.

Tu les envies ? Qui voudrait se caser avec un mec comme toi de toute façon ?

     La voix lâcha un rire sournois. Elle savait que Nathan ne pouvait pas lui répondre en public, et elle s'amusait à le faire tourner en bourrique, encore et encore.

Je le répète, vu que tu es un peu long à la détente : Je n'invente rien, je suis juste ce que les gens pensent de toi.

     La serveuse arriva et posa la tasse de thé avec un petit sourire puis s'en alla.

Regarde la, elle est sûrement soulagée de ne pas avoir à te parler.

    Nathan se mordit la lèvre pour ne pas crier à cette voix de la fermer une bonne fois pour toute. Quand allait-elle le laisser tranquille ?

Tu ne peux pas le nier, j'ai raison. Tu es faible, lâche et horrible. Toi même tu le sais !

      Le bleuté ne trouva rien à rétorquer et décida de se concentrer sur son dessin. Il commença une ligne incertaine, cela faisait un bout de temps qu'il n'avait pas dessiné, mais il se souvenait encore des mécanismes et son doigt vola naturellement au-dessus de la page. Bientôt, son dessin commençait à prendre une forme, un visage, un nez.

    Nathan était du genre passionné par les Mangas, et donc il en dessina un qui reflétait bien ce qu'il était à l'intérieur : brisé, triste, perdu. Le manga qu'il avait dessiné pleurait, le regard vide, regardait quelque, chose sans savoir quoi, on le sentait perdu, désorienté, et Nathan en fut satisfait.

C'est hideux.

   Il aurait fallu encore cette petite voix pour démolir la confiance que le bleuté avait en ce dessin. Encore une fois, elle savait où s'attaquer aux bons moments pour le nuir.

C'est complètement affreux. Tu as vus ces yeux ? Terribles. Ces larmes ? On dirait plus des tâches venus sans raison.

   Nathan regarda plus fixement son dessin. Il devait se rendre à l'évidence, son dessin était raté.

Son nez n'est pas droit, sa tête est mal faite.
 
    Le nez qui quelque minutes plus tôt, lui paraissait bien fait devint lui aussi hideux à ses yeux.

Sans même parler de sa silhouette. C'est tout bonnement...

"S.. Salut." Interrompit une voix un peu timide.

   Nathan releva la tête vers la personne qui venait de parler. C'était une jeune fille aux cheveux bruns, dont deux mèches au devant étaient tressés et ramenés à l'arrière, alors que le reste de sa chevelure était détachée. Ses yeux verts étaient brillants et regardaient timidement le bleuté.

"euh.. Salut." Salua Nathan, un peu confus.

Ça se voit dans ses yeux qu'elle se force à te parler.

"Je.. Je t'ai vu dessiner tout à l'heure et.. J'ai vraiment aimé ton dessin." Dit-elle en rougissant légèrement.

   Nathan était un peu surpris. Il jeta un regard vers son dessin. Il le trouvait hideux, moche, horrible, exactement comme lui.

"Oh.. Euh. Mais... Merci." Balbutia le bleuté.

    La jeune fille sourit et désigna la chaise en face, rougissant un peu plus.

"Je.. Je peux ?"

Oh la pauvre, s'asseoir avec un minable, quel dommage pour une aussi jolie fille.

"Oui, bien sûr." Accepta Nathan, rien que pour faire taire la voix.

  Le sourire de la brune s'agrandit et elle s'assit, puis sortit de son sac un carnet de dessin.

"Je m'appelle Chloé, Chloé Miller."

InsecureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant