Chapitre 5 : Andrew

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Lorsque j'ouvris la porte de la maison, j'inspirai un grand coup. C'était étrange, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais presque soulagé de rentrer chez moi. Il faut savoir que depuis un an, j'avais pris l'habitude de passer mes journées entières loin de ma maison, dans le but d'en fuir l'atmosphère étouffante. Pourtant, ce soir-là, j'avais plutôt envie de m'y abriter. J'étais très fatigué, et mon seul souhait était de monter à l'étage pour pouvoir m'allonger sur mon lit.

Je n'en eus pas le temps cependant, un petit garçon descendit les escaliers à toute allure pour venir à ma rencontre.

" 'Drew ! 'Drew ! S'écria-t-il.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

- Bonjour, Tibo, cours moins vite, tu vas tomber.

Le petit monstre ignora mon ordre, et se jeta en avant pour s'accrocher à mes jambes de toutes ses forces. Je l'attrapai sous les aisselles et le pris dans mes bras. En guise de punition pour ne pas m'avoir écouté, je lui fis sauvagement des chatouilles, le faisant rire aux éclats.

- Je t'avais dit d'aller plus doucement, remarquai-je d'un ton faussement énervé.

Je voyais qu'il tentait de dire quelque chose, sûrement pour me supplier d'arrêter, mais dès qu'un de ces éclats de rire commençait à se calmer, je le chatouillais de plus belle avec un sourire carnassier.

Son rire avait le don de me mettre de bonne humeur.

Je fus interrompu par l'intervention de Sylvia, ma belle-mère, qui descendait les escaliers à son tour, des assiettes dans les mains.

- Andy, ferme la porte tu veux, ça fait des courants d'air.

Mon sourire disparu et je reposai Tibo avant de fermer la porte derrière moi en ignorant ma belle-mère du regard.

Elle ne sembla pas s'en rendre compte.

- Comment s'est passé ta journée ? Continua-t-elle d'un ton enjoué en emmenant Tibo dans la cuisine.

J'haussai les épaules et les suivit en traînant légèrement des pieds.

- Comme d'habitude.

- Mais encore ? Demanda-t-elle avec un air amusé.

Je la regardais vérifier la cuisson de plusieurs plats qu'elle avait mis à cuire.

- J'ai pas très envie d'en parler.

Je n'aimais pas cette femme. Je l'avais jamais aimé. Peut-être que si je l'avais connu dans un autre contexte, j'aurais pu l'apprécier, mais en tant que belle-mère je ne pouvais pas la supporter. Il paraît que c'est psychologique.

- Comment va Mélissa ? Lâchai-je en changeant de sujet.

Il y eut un court silence.

- Je ne sais pas trop, répondit lentement Sylvia, elle s'est barricadée dans sa chambre.

- Tu as dit à mon père de monter voir ce qu'il se passait ? En général, elle le laisse entrer.

Ce fut un ronflement qui me répondit.

Sylvia se tourna vers moi.

- Ton père dort depuis le début d'après-midi.

- Génial...

Mon ton sarcastique ne lui échappa pas et elle afficha un sourire compatissant. Elle se rapprocha de moi et posa une main sur mon épaule.

- Tu devrais être plus indulgent avec ton père, Andrew.

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