Chapitre IV

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Assise devant ma coiffeuse, je fixais mon reflet sans vraiment le regarder, trop angoissée par la myriade d'évènements de ces derniers jours survenus dans mon monde, et dans celui de Dastan.

C'était certes des préoccupations très différentes, et dont la gravité des unes ne faisait que renforcer la frivolité des autres mais je n'étais toutefois en mesure ni de les négliger, ni de les concilier.

Ainsi, il était parfois plus que pénible de rêver jour après jour d'Évasia, d'assister aux troubles qui s'y rependaient, sans pouvoir rien faire pour aider ou soutenir le prince.

Avec un soupir je me redressais sur ma chaise et posais mon pinceau. Nous étions samedi, c'était le soir du bal du printemps, et je finissais de me préparer pour la soirée. Je portais la tenue que j'avais choisie. C'était une véritable robe de princesse en satin et tulle perlée de couleur mauve, avec un corset en forme de bustier ornée de broderies florales à perles, froncée sur le coté pour donner des plis à la taille et le bas était renforcée de tulles à l'intérieur pour obtenir une ligne plus évasée. Elle se laçait dans le dos et était accompagnée d'une étole assortie.

J'avais noué mes cheveux, longs et noirs, en plusieurs nattes que j'avais ensuite tressées ensemble, pour finir la coiffure j'avais ajouté en plusieurs endroits des barrettes à perles rappelant les broderies de ma robe.

J'étais à présent occupée à me maquiller, mais le cœur n'y était pas. Certes j'avais apporté beaucoup de soins à ma tenue, mais au fond je savais très bien que je n'avais aucun désir d'assister à cette soirée. Ce n'était même pas pour mon cavalier que je m'étais préparée avec autant d'application.

Il fallait que ça s'arrête, j'étais vraiment en train de devenir folle. Ces rêves, cet autre monde, qu'il soit réel ou non cela ne changeait rien, il était hors de portée et ne m'était accessible que pendant mon sommeil, et pourtant il prenait une place de plus en plus prépondérante dans ma vie. Enfin, surtout Dastan.

Je ne pensais qu'a lui, je me faisais belle pour lui, et j'espérais devenir un jour aussi importante à ces yeux qu'il l'était aux miens. C'était puéril et égoïste, mais pourtant c'était ce que je ressentais.

Ce soir là tout particulièrement, j'aurais mille fois préféré pourvoir être auprès de lui que d'être obligée d'assister à ce maudit bal.

Soudain une idée me vint. Ce n'était peut être pas totalement impossible...

Le cœur battant, je me levais et me dirigeait vers la chambre de ma mère. C'était une pièce sobre à la décoration assez simple avec des murs blancs et des meubles de bois clairs. Elle se composait d'un immense lit king size, encadré de chaque côté par des tables de chevet, et au pied duquel trônait un coffre qui servait à ranger draps et couvertures. Une large commode surmontée d'un miroir parcourait le mur opposée. A gauche du lit, un dressing renfermait les affaires de mère, et à droite une porte fenêtre menait à un balcon.

Je me dirigeais tout droit vers l'un des chevets et en ouvrit le tiroir pour récupérer la boite de somnifère que ma mère gardait toujours près d'elle.

La moitié d'un comprimé suffirait certainement, je n'avais pas besoin de dormir très longtemps.

Retournant dans ma chambre, je m'allongeai sur mon lit et avalait le médicament. Je savais très bien que mon attitude était irresponsable, mais j'avais besoin de le voir, de lui parler...

Mes paupières se firent rapidement lourdes et je sombrais dans le sommeil.

J'avançais dans une obscurité et un silence quasi-total, seule une lueur tremblotante me guidait tel un phare vers ma destination. Il n'y avait rien par ailleurs, ni son, ni lumière, seulement le néant. Plus je m'approchais, plus le crépitement du bois dans le feu me parvenait avec netteté. J'avais réussi, j'étais là où je désirais me trouver, ou du moins j'en étais le plus proche possible.

L'Appel du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant