Chapitre II

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J'ouvris brusquement les yeux, le cœur battant bruyamment contre mes côtes comme s'il était sur le point d'éclater. J'étais en sueur et un sentiment de profonde anxiété me serrait la poitrine.

Dastan.

Je pouvais ressentir le trouble qui l'habitait. Les évènements s'étaient succédés rapidement, les choses avaient changé. Son frère était parti. Il allait devenir roi.

Il y avait cette tempête aussi. Elle était tout sauf naturelle, et ses conséquences pouvaient s'avérer désastreuse pour Évasia et pour le peuple...

Tout à coup le réveil sonna, me ramenant brusquement à la réalité. Il était temps de se lever et de se préparer pour le lycée.

Après un rapide passage par la salle de bain, j'enfilai la tenue que j'avais préparée la veille et descendit à la cuisine.

Ma mère y était déjà. Assise sur l'un des tabourets du comptoir, elle sirotait son café en lisant le journal. Lorsqu'elle m'entendit arrivée, elle leva vers moi son regard critique.

- Bonjour, Maman, fit-je en ouvrant le frigo.

- Bonjour, répondit-elle en se replongeant dans les nouvelles du jour.

Elle n'avait pas du trouver quelque chose à redire à me tenue.

Elle était comme ça, ma mère, toujours une critique ou une réflexion sur les lèvres. Elle ne pouvait vraiment pas s'en empêcher. Chaque fois qu'elle ouvrait la bouche c'était pou râler et pour critiquer. Elle n'était jamais contente quoi qu'il arrive, et sur la liste de ce qui contrariait le plus Gloria Meyers, j'arrivais nettement en tête.

Je me servis mon jus d'orange sans lui prêter attention. J'avais bien d'autre chose à penser. J'avais appris avec le temps à me blinder face à elle. Quoi qu'elle dise ça ne m'atteignait plus.

Je terminai rapidement de me préparer et quittait la maison sans tarder pour ne pas rater le bus scolaire.

Le grand car jaune ne tarda pas à arriver. Après avoir salué la conductrice, je me dirigeai tout droit vers le fond du véhicule et m'installai dans un coin.

Je profitai toujours des quelques minutes de trajet pour m'enfermer dans ma bulle et réfléchir à mes rêves. Ce matin là, toutefois, il régnait dans le bus une agitation inhabituelle. Les discussions allaient bon train, tout le monde avait l'air surexcité. Les élèves parlaient d'une voix forte en s'interpellaient les uns les autres et riaient de bon cœur. Le brouhaha était assourdissant.

Je tendis l'oreille pour écouter la conversation d'un troupeau de pom-pom girl assise juste devant moi. Leur babillage était la meilleure source d'information pour savoir ce qui se passait au lycée. Et en effet je ne tardai pas à découvrir la cause de toute cette effervescence : la date du bal de printemps avait été fixée pour vendredi.

C'était dans trois jours. Et j'allais être obligée d'y aller sinon ma mère allait encore piquer une crise...

Je bougonnai et levai les yeux au ciel. C'était futile, et surtout je n'en avais rien faire. En plus je n'avais pas de cavalier. Pas que ça m'intéressait d'en trouver un, mais le meilleur moyen de paraitre pathétique à ce genre de soirée c'était d'y aller seule.

Je sais, je sais. Je ne suis pas comme les autres filles de mon âge. Ma mère me le rabâche suffisamment. Je suis renfermée, sauvage, limite asociale parfois, et c'est quoi le mot que ma mère utilise déjà ? Ah oui, neurasthénique.

Le problème, c'était que je ne me sentais pas à ma place au lycée ou avec des gens de mon âge. En fait, je ne me sentais à ma place nulle part. Alors quand il m'arrivait de rêver d'aller à un bal, ce n'était pas au bal de promo et encore moins avec le quater back du lycée. Mes rêves me ramenaient toujours vers Dastan.

L'Appel du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant