Planétarium

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            Moi aussi, je suis actrice. J'ai joué dans pleins de films romantiques. Mais je n'ai jamais eu ma happy ending. C'est en dansant l'âme frivole de Mia Dolan sur Planétarium, dans La La Land, que j'ai espéré entrevoir un sourire charmeur digne de la plus belle comédie musicale romantique. Si les étoiles, autour, s'émerveillaient de nos valses, mon partenaire restait concentré. Oui, il dansait si bien qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. De toute façon, avait-il sans doute pensé, nos silhouettes seraient noircies au montage. Que je sourie ou non, personne ne le verra. Nous n'avions donc échangé aucuns regards, aucuns sourires. Comme j'aurais aimé me voir voltiger dans ses yeux ! Ce sont Ryan et Emma qui se sont embrassés à la fin du morceau, illustrant l'accord final de Planétarium.

            J'étais si pressée de partir, que j'ai oublié d'ôter cette robe verte de velours. Le caméraman m'a fait trébucher. Il m'a tendu sa main pour me relever, je ne l'ai pas saisie. J'ai lissé ma robe, filé en cognant mes talons au sol, serrant les poings. On n'humilie pas le double d'Emma. Il me le paiera. Je traversais le musée vide, en furie. En bas de l'énorme escalier, le double de Ryan semblait attendre quelqu'un. Et si c'était moi ? Je réajustai mon chignon, séchai d'un revers de la main mes larmes, lissai une nouvelle fois ma robe, adoptai un rythme de marche plus serein, et descendis les marches une à une. Le double se leva, tourna sa tête et m'aperçut. Il eut un sourire en coin et monta quelques marches en foulées. Un éclat de rire m'échappa, alors que je le regardais s'approcher. Il me susurra à l'oreille : « Marre de jouer l'amoureux ».

            Alors, il jeta sa veste de costume en bas des marches, sauta sur la rambarde et se laissa glisser. Amusée, je l'imitai. Il me souleva par la taille, je décollai mes pieds, il me fit tourner. Quel sourire débile je devais afficher... Il me posa à terre, et emmêla ses doigts dans les miens. Nous fîmes face à l'immense escalier, qui me rappela celui de la Belle et la Bête. Oui, j'étais dans un conte de fée. Il décocha sa main de la mienne et enjamba le plus vite possible les marches de cet escalier. Je n'hésitai pas à le suivre, semant mes escarpins au passage.

            A l'arrivée, deux chemins se présentèrent à nous : Celui menant au tournage, ou à la salle des pharaons. Inutile de préciser que nous prîmes le deuxième. Ici, les lumières étaient éteintes. Il baignait dans l'air une atmosphère de risque. De l'adrénaline. Les sarcophages nous contemplèrent, jaloux. Le double fit quelques pas de claquettes, je ris, il attrapa de nouveau ma main et m'emporta dans une valse où je trouvai enfin son regard. Mes yeux riaient dans les siens. Je lui demandai quel était son nom. Il me répondit : « Ryan. » Je restais figée dans ses bras, avant de répondre : « Mia. »


                                                                                                *

              C'est la première fois que j'écris quelque chose par rapport à un film, mais j'étais si frustrée de la fin de La La Land, que j'étais obligée de dépeindre mon sentiment dans un texte, même s'il est minuscule. C'est aussi rare qu'une oeuvre cinématographique m'attire que j'écrive en citant des personnes réelles, ici Emma Stone et Ryan Gosling. Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me livrer vos ressentis.

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