J'ai vu mourir de plaisir
La rose la plus belle, Ô Mort,
Dans mon jardin, périr
Au crépuscule ardent d'un soleil d'Or.
Je l'ai vue dans sa robe rouge chaleureuse
En fermant doucement les yeux
Mourir d'un soupir délicieux...
Je crois qu'elle fut heureuse innocemment
D'avoir vécu de doux parfums,
D'avoir respiré l'azur et le jasmin,
Et chaque matin, aimé le vent
Qui la caressait de ses douces mains
En lui soufflant de belles aventures,
Et la pluie qui larmoyait de l'eau pure
Sur ses limbes tant idolâtrées...
Elle pleurait presque de joie,
Et quand elle pleurait,
Elle était plus belle, mille fois,
Mille fois de larmes enchantées...
Elle s'éteignit, dans la nuit,
Dans un silence intime, et puis,
Elle se dévêtit de ses pétales garances,
Montra sans pudeur son coeur généreux,
Sécha sous la lune froide nimbée de bleu
Et tomba sous ses rayons de romance,
D'un coup de vent en vol
En étalant sa robe au sol.
Elle tomba dans la violence,
La surprise, ce que l'ignorance
N'avait pu lui murmurer,
Elle tomba sans même s'interroger,
Prête à dévoiler toute la sève
De secrets qui la nourrissaient,
Prête à s'abandonner à la fièvre
De la passion dont elle jouissait,
À délivrer son essence,
À perdre tout son sens,
Heureuse après tout, pleine d'amour,
De mourir de plaisir en ce jour...Illustration:
Tristan et Iseult, Rogelio de Egusquiza, 1910
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Nocturnes
PoetryQuand la nuit tombe, sur mes yeux Une douce langueur se pose, J'entends Morphée descendant des cieux, J'entends le chant des roses, Un parfum noir emballe mon coeur, Exaltation, psychose obscure, Et dans les bras adorateurs De Morphée, je m'aventur...