Nanna, fière dans ton habit de paon,
Nanna, Pavonia au teint blanc,
Les perles dans la rivière bleutée
De tes cheveux noirs de nuit
S'écoulent dans ta nuque dénudée
Et chantent l'écho de tes yeux gris...Ô ma douce, Ô ma belle, ces voiles
Qui feignent de couvrir avec pudeur
L'amour dont vous portez l'odeur,
Ces voiles qui tendrement vous emballent,
Je voudrais les déchirer
Et vous peindre naturelle,
Hélas je ne saurais, sans trembler,
Dessiner vos courbes si belles.Un seul regard dans ce regard malin
Et l'on voudrait te capturer, Nanna,
Comme on garde en captivité dans les jardins
Les plus beaux oiseaux de L'Amazonie,
Mais toi, Pavonia, mais toi!
Oiseau trop dangereux, interdit,
Jamais tu ne resterais, pas même une nuit;Amante envenimante, tu te fais aimer
Et fuis le lendemain les amours,
Tu te laisses peindre pour admirer
Ton portrait fini, sans aucun retour,
Muse, tu laisses ton peintre médusé
Et glorieuse, gardes ce sourire amusé!Pourquoi tant de mépris, jeune maîtresse?
Qui faut - il être pour pouvoir goûter tes tendresses?
Le peintre qui te caresse avec l'oeil
N'intéresse, hélas, que ton orgueil,L'artiste, aussi talentueux soit-il, aussi bon,
Aussi aimable et érudit,
Jamais tu ne lui offrirais ton lit,
Ni même un baiser sur le front.Alors qui faut - il être?
Un prince, un roi peut être?Non, personne n'épousera Nanna,
Qui préfère voler, en se pavanant
Comme un joli paon
Dans le ciel pimpant des ingrats.***
Lord Frederic Leighton, Pavonia. 1859
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Nocturnes
PoetryQuand la nuit tombe, sur mes yeux Une douce langueur se pose, J'entends Morphée descendant des cieux, J'entends le chant des roses, Un parfum noir emballe mon coeur, Exaltation, psychose obscure, Et dans les bras adorateurs De Morphée, je m'aventur...