10. Avis de recherche

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Blacksad
J'ignore combien de temps je suis resté inconscient. A mon réveil, j'étais affalé sur le contrebas de la falaise, j'avais eu beaucoup de chance de ne pas avoir été emporté par les flots et m'être noyé. Je levai les yeux et aperçus que Nick s'avançait vers moi, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait vraiment l'air en colère. Moi qui m'attendais à un quelconque signe de gratitude de sa part pour l'avoir sauvé, il se contenta de m'asséner une énorme gifle sur la joue.

- Tout ça c'est de ta faute ! Me cria-t-il. "Non, il faut rester, on trouvera peut-être des informations importantes" ouais, ouais, eh ben tout c'qu'on a gagné c'est que Judy s'est fait tirer dessus et est maintenant entre les mains d'ce taré ! Voire peut-être déjà morte ! On aurait dû partir, comme elle l'avait dit ! Et si tu nous avais pas fais sauter d'cette falaise on aurait pu la sauver. Tu l'as abandonnée.

J'aurais pu accepter toute cette série de brimades, je l'avais méritée, mais cette dernière remarque était de trop. Je savais que j'étais du genre antipathique et solitaire, mais jamais je n'abandonnerais un partenaire. Je sentis la colère monter en moi et rendis à Nick la gifle qu'il m'avait infligée. Cela l'envoya directement au sol, mais quand je vis qu'il saignait, je compris que j'y avais été un peu fort et regrettai légèrement. Je pouvais comprendre que Nick pouvait à ce point s'en faire pour Judy. Pour moi, il était maintenant clair que ce que Nick ressentait pour elle tenait plus de l'amour que de l'amitié, mais cette gifle semblait au moins lui avoir remis les idées en place puisqu'il reprit peu à peu son calme. Vu qu'il semblait avoir fini de me rabaisser majestueusement, je pris donc la parole, reprenant mon calme moi aussi.

- Je n'l'ai pas abandonnée. On n'pouvait rien faire pour elle, on se serait fait tuer. Quant à Judy, tu l'as dit toi-même, si Gallo tue une policière, la police le saura tout de suite. C'est un candidat à l'élection du maire, il a beaucoup de médias sur le dos,et ils s'en rendraient vite compte. Et il ne pourrait pas faire croire que c'est un acte de Bloom, vu qu'ils n'attaquent que des prédateurs. Il la garde en otage, c'est sûr. Il nous faut quelque chose qui prouverait la culpabilité de Gallo, mais l'ennui, c'est qu'on a rien. Il nous faut trouver quelque chose, n'importe qu...

*Oui, c'est vrai, je suis un partisan de Preybloom, et nous bannirons tous les prédateurs de Zootopie afin d'unir à nouveau la population*

Je n'y croyais pas. Ce son venait de derrière moi. C'était exactement la voix de Gallo ainsi que les paroles qu'il avait prononcées. Je me retournai afin de voir d'où venait tout ceci, et je vis Nick, le bras levé, tenant dans sa main une sorte de... de stylo en forme de carotte ? Nick appuya sur un bouton sur le côté du stylo, et le même son en ressortit.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que c'est ? Demandai-je incrédule.

- Ça s'appelle une carotte. Ricana-t-il. C'est avec ça qu'on a réussi à piéger Bellwether, alors on peut y arriver pour Gallo.

Je restais perplexe devant une telle méthode. Nick et Judy avaient réussi à piéger l'ancien maire avec... un jouet ? Il n'y avait plus de doutes là-dessus, Nick et Judy étaient vraiment des flics pas comme les autres. Mais qu'importe que cela ait été enregistré par un jouet, cette déclaration restait tout de même une preuve. Il nous fallait la ramener au commissariat. Nous remontâmes finalement la falaise. Comme lorsque nous étions arrivés, il n'y avait absolument personne, Gallo et Damian avaient disparu et l'absence du corps de Judy confirma qu'ils l'avaient très certainement emmenée. Nous remontâmes vite dans ma voiture et je pris la direction du commissariat. Nous y arrivâmes quelques minutes plus tard. Les dégâts causés par l'incendie avaient vite été réparés et le commissariat semblait presque dans son état originel. Mais à peine avions nous franchis le seuil de la porte qu'une dizaine de policiers armés coururent en notre direction, pointant leurs armes sur nous.

- Police ! Vous êtes en état d'arrestation ! Cria l'un d'eux.

Nick et moi restâmes perplexes devant cet accueil jusqu'à ce que le chef Bogo arrive.

- Chef... qu'est-ce que ça signifie tout ça ? Lui demanda Nick l'air ahuri.

- Qu'est-ce que ça signifie ? Répondit-il. Vous me demandez à moi c'que ça signifie ? Vous êtes recherchés tous les deux ! On vous soupçonne d'avoir tenté d'assassiner le lieutenant Hopps dans la résidence de l'ancien sénateur Gallo. C'est lui-même qui vous a dénoncé. Ça fait depuis des heures que les médias ont lancé un avis de recherche, et vous me demandez pourquoi j'vous arrête ?

- Chef ! Ces accusations n'ont aucun sens ! Lui cria Nick.

- Dans ce cas, pourquoi la lapine n'est pas avec vous ? Avez-vous une seule chose qui prouverait votre innocence ?

Je tournai mon regard vers Nick et attendis qu'il montre son enregistrement en disant au chef que c'était Gallo le vrai responsable. Mais à ma grande surprise, il n'en fit rien et se contenta de faire non de la tête. Pourquoi ne montrait-il pas cet enregistrement alors que ça aurait pu nous sauver ? Cela me semblait n'avoir aucun sens, mais connaissant Nick, je savais qu'il faisait ça pour une bonne raison. Aussi gardai-je donc moi aussi le silence.

- Vous savez donc ce qu'il me reste à faire. Soupira Bogo.

- Chef... Lança Nick avec un regard plein de tristesse. Vous pensez vraiment que j'aurais pu lui faire ça ?

L'expression du regard du chef changea. Nous savions à son regard qu'il savait que Nick ne ferait jamais de mal à Judy et que nous étions innocents. Mais il y avait trop de preuves contre nous et il devait faire son devoir de chef. Même à contrecoeur.

- Désolé, Wilde... Lui lança-t-il l'air grave. Enfermez-les ! Cria-t-il à ses hommes.

Nick
Cela faisait maintenant plusieurs heures que nous étions enfermés dans cette cellule sale et puante. La nuit était tombée et la cellule était plongée dans une obscurité quasi totale. La seule chose que je percevais encore de John était son regard vert, brillant dans le noir, tout comme devait l'être le mien. Nous n'avions pas dit un mot depuis que nous avions été enfermés dans cette cellule, mais je savais qu'une question devait trotter dans sa tête. Il se demandait sûrement pourquoi je ne nous avait pas défendu grâce à notre enregistrement de Gallo, alors que ça nous aurait sauvé. Je me décidai donc, sans qu'il m'ait posé la question, de lui répondre.

- Si je n'ai rien dit sur l'enregistrement à Bogo, c'était pour Judy. Si Bogo avait entendu l'enregistrement, il n'aurait pas hésité à le faire savoir et à arrêter Gallo immédiatement. Et en apprenant qu'on avait tout dévoilé, Gallo n'aurait plus rien eu à perdre et n'aurait pas hésité à tuer Judy pour se venger. Je sais que c'est un peu égoïste d'agir comme ça, mais je ne peux pas la perdre, je dois l'aider, même si pour ça je dois prendre de très gros risques.

- Ça n'est pas égoïste. Me répondit-il. C'est vrai que les policiers doivent être prêts à mettre leur vie en jeu pour protéger la population, mais ils doivent également tout faire pour que chacun d'eux s'en sorte vivant. C'est ça s'entraider.

Ça me touchait de voir John prendre à ce point ma défense, mais malheureusement, ça n'arrangeait en rien la situation. Judy était aux mains de Gallo, nous enfermés dans cette cellule, et la seule chose qui nous permettrait d'en sortir pourrait directement tuer Judy. Le chef Bogo, et la police en général, avaient toujours donné la priorité à la réussite de la mission et à la protection de la population, plutôt qu'à la survie de leurs officiers. Il fallait l'admettre, la situation était on ne peut plus critique. Soudain, au comble du désespoir, j'entendis une voix, elle venait de dehors. Ce n'était au début qu'un murmure inaudible, mais elle se fut de plus en plus claire :

- Nick ! Nick, t'es là ?

Je me levai et montai immédiatement à la fenêtre pour voir de qui il s'agissait, et j'en fus à la fois soulagé et très surpris. C'était Finnick ! ce bon vieux fennec, mon complice de toujours dans mes arnaques avant que je ne rencontre Judy. J'avais beaucoup diminué mes contacts avec lui depuis que j'étais devenu policier. C'était mon ami et je voulais pas trop qu'on finisse par se mêler de ses petites magouilles si je le fréquentais trop en tant que policier. Ça aurait risqué de lui faire des problèmes. Mais cette fois, plus que jamais, j'étais content de le voir.

Blacksad & Zootopie : L'affaire BloomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant