5. Sauvetage

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Nick
J'étais vraiment de plus en plus inquiet, Judy était déjà partie depuis longtemps et le feu devenait de plus en plus destructeur. Si je n'avais pas été blessé, j'aurais directement foncé dans cet immeuble à la recherche de Judy, j'avais vraiment peur pour elle. J'espérais quelque part que si elle voyait que l'incendie prenait trop d'ampleur, elle aurait l'intelligence de sortir, même sans avoir retrouvé John. Mais je savais au fond que jamais elle n'arriverait à faire ça. Elle n'abandonne jamais même, s'il faut mettre sa vie en danger. Je vis soudain une silhouette sortir du bâtiment, courant à travers les flammes. C'était John, portant Judy inconsciente dans ses bras. Mon coeur faillit s'arrêter.

- Elle est encore vivante ! Appelez une ambulance ! Cria-t-il.

Judy
Autour de moi, le monde semblait perdre consistance. Tout devenait de plus en plus sombre, je ne ressentais plus rien d'autre qu'une immense douleur et la sensation d'être transportée. Je savais que John faisait tout ce qu'il pouvait pour me sortir de l'immeuble en feu, je savais qu'il y arriverait, qu'il survivrait, et qu'il pourrait continuer cette enquête et mettre fin aux agissements de Bloom. Mais pour moi, malheureusement, il ne restait sûrement plus d'espoir, je sentais mon corps se vider de son sang et mes forces m'abandonner. J'étais partie pour aider John, et au final, c'est lui qui était en train d'essayer de me sauver, finalement il avait peut-être raison, je n'avais peut-être pas les compétences de mener cette enquête. Dans ce profond silence, je finis finalement par distinguer quelque chose. Quelqu'un me parlait. Cette voix devenait de plus en plus claire, c'était Nick ! Je l'entendais, ses paroles devenaient de plus en plus claires.

- Ça va aller Carotte, tu vas t'en sortir, reste avec nous...

J'étais au bord des larmes. J'étais incapable de faire quoi que ce soit, j'aurais aimé pouvoir le rassurer, pouvoir lui dire que tout allait bien, que j'allais m'en sortir, même si en réalité je n'avais aucun espoir de survivre. Mais au final, la dernière vision que j'aurais eue de ce monde était les paroles de Nick, paniqué, je n'aurais même pas pu lui parler une dernière fois. J'entendis une dernière fois sa voix.

- Judy... ne fais pas ça... ne m'abandonne pas...

Non, ça n'était pas possible, je n'allais pas mourir, je ne pouvais pas, pas maintenant. Je ne pouvais pas abandonner Nick, le laisser seul, que cette foutue dispute soit le dernier souvenir qu'il garde de moi, et que cette supplication soit la dernière chose que j'ai entendue de lui. Je devais survivre, au moins pour lui. Nick était la personne qui comptait le plus pour moi, il était plus qu'un simple associé ou qu'un simple ami, je ne lui avais encore jamais dit à quel point il comptait pour moi. Tout ça ne pouvait pas se terminer comme ça. La voix de Nick disparut soudain pour laisser place à un nouveau bruit, bien plus fort, c'était une ambulance. Sa sirène sonna de plus en plus fort. Je sentis que l'ambulance se mettait en mouvement, je réussis à ouvrir les yeux un bref instant et la seule chose que je vis à travers le hublot était Nick, à genoux, à terre, le regard attristé, j'eus presque l'impression que, pendant un instant, lui aussi me regardait droit dans les yeux. Cela me faisait de la peine de le voir dans cet état. C'est à cet instant que je perdis connaissance.

Blacksad
Judy partait en direction de l'hôpital. J'étais vraiment inquiet pour elle. Mais par rapport à celles de Nick, mes inquiétudes semblaient n'être rien. Il était vraiment dans tous ses états. Je savais que, si pour moi Judy n'était qu'une partenaire avec qui j'avais été contraint de m'associer, pour Nick, elle représentait beaucoup plus. De plus, l'ambulance n'avait pas accepté de le laisser monter, aussi me décidai-je à l'emmener moi-même à l'hôpital dans ma voiture personnelle pour que nous - et surtout Nick - puissions au plus vite être au courant de l'état de Judy. Nous avions passé toute la soirée à attendre dans une des salles d'attente de l'hôpital. Le temps passait vraiment lentement, il devait être 3 heures du matin passé quand le médecin, un ours de près de deux mètres, nous apporta le verdict.

- Les griffures portées à sa poitrine sont profondes, mais aucun organe vital n'a été touché, même s'il s'en est fallu de peu pour la sauver. Son pronostic vital n'est plus en danger, mais elle devra tout de même rester quelques jours à l'hôpital avant de pouvoir travailler à nouveau.

A ces mots, Nick s'effondra au sol, j'eus peur qu'il ne fasse une attaque sous le coup de l'émotion, mais visiblement tout allait bien. Il ne semblait même pas ressentir la douleur de sa blessure à l'épaule.

- Vous pourrez la voir dès demain matin. Nous dit le médecin avant de partir.

Nick voulait vraiment revoir Judy. Il était prêt à rester toute la nuit dans la salle d'attente afin de pouvoir voir Judy au plutôt. Ça me faisait de la peine de l'imaginer devoir dormir sur un de ces sièges loin d'être confortables, je lui proposai donc que nous dormions dans ma voiture, qui, même si elle possédait une banquette datant du 20ième siècle, était de loin bien plus confortable. Le lendemain matin, à mon réveil, Nick semblait ne pas avoir dormi de la nuit. Je m'attendais à le voir surexcité à l'idée d'enfin revoir Judy, mais au lieu de ça, son visage afficha un air contrit. Je compris que quelque chose n'allait pas.

- Je suppose que tu as eu c'que tu voulais... Soupira-t-il.

- De quoi tu parles ? Lui répondis-je incrédule.

- C'est c'que tu voulais, non ? Me lança-t-il avec colère. Depuis le début tu doutais de Judy, tu as toujours pensé qu'elle serait en danger dans cette affaire, alors maintenant qu'elle vient de se retrouver à l'hôpital, tu as la preuve que tu as raison, le médecin l'a dit : elle devra rester plusieurs jours à l'hôpital avant de pouvoir reprendre, maintenant t'as une bonne excuse pour que le chef Bogo te laisse te charger seul de l'enquête ! C'est comme ça que tu travailles, toujours en solo, pas vrai ?

- C'est vrai. Avouai-je. Je préfère de loin travailler en solo, mais je n'ai pas l'intention de demander ça au chef Bogo, Judy continuera l'enquête avec nous.

- Quoi ? Mais pourquoi ? Je croyais que tout c'que tu voulais c'était te débarrasser de nous pour continuer l'affaire seul. Pourquoi, d'un coup, tu veux finalement continuer avec nous ?

Il lançait vers moi un regard très surpris. Non seulement car il devait être surpris de mes propos, mais également qu'il semblait avoir remarqué que pour la première fois j'avais appelée sa partenaire "Judy" et non "la lapine".

- Eh bien... Commençai-je. Je pense que je vous ai mal jugé. Je n'ai pas réussi à aller au-delà du fait que ta partenaire était une lapine et que vous aviez résolue cette enquête à une période où vous auriez normalement encore dû être inexpérimentés, et je dois m'en excuser. Nous attendrons que Judy sorte de l'hôpital et continuerons l'affaire ensemble.

Le regard de Nick sembla peu à peu s'illuminer.

- Au final, tu arrives quand même à être un peu plus qu'un chat solitaire et antipathique quand tu le veux. Dit-il en riant.

- C'est vrai, enfin ça dépend. Ricanai-je. Mais il me semble qu'une lapine attend sûrement une visite de son renard préféré dans cet hôpital, et celui-ci ferait mieux d'y aller.

Nick me regarda suspicieux.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Allez, ne joue pas à ça avec moi ! Lui répondis-je. J'ai très bien vu que pour toi elle était bien plus qu'une amie.

Vu le regard qu'il lança vers moi, je compris que j'avais vu juste.

- Est-ce que tu l'aimes ? Lui lançai-je.

- Quoi ? Mais... Non ! Ça va pas ! C'est une lapine... et moi un renard...

- Oh... tu sais... la mixité a du bon parfois. Ricanai-je

Malgré que je me doutais d'avoir raison, la situation commençait à devenir embarrassante pour Nick, aussi valait-il mieux changer de sujet.

- Bon, moi je pense que je ferais mieux de rester ici.

- Tu es sûr de ne pas vouloir venir ?

- Non, de toute façon je n'peux pas. Je dois... euh... surveiller la voiture ! Répondis-je.

Il y eut un long silence, puis nous pouffâmes tous deux de rire. Nick s'en alla finalement vers l'hôpital, ayant sûrement compris que je voulais seulement les laisser entre eux. Quant à moi, surveiller une vieille voiture des années 50 ne devrait être trop dur d'ici là, du moins, tant qu'aucun membre de Bloom ne traînait dans le coin.

Blacksad & Zootopie : L'affaire BloomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant