Wolves (BMR Edition)

Chapitre 2 (partie 4) : Pas si simple

Lorsque Sébastien se lève, deux heures plus tard, je suis attablée devant l'ordinateur portable que j'ai installé sur la table de la cuisine. Je me suis mise à faire des recherches sur le supposé lieu de résidence de Sora. Il semblerait qu'elle vive ou qu'elle ait vécu dans une réserve indienne située près d'Asheville. Au plus mes recherches avancent, au plus je sens l'excitation me gagner. Depuis que ma famille a été assassinée, c'est bien la première fois que je me réjouis de quelque chose. J'ai un projet, une raison d'avancer, une motivation. Je ne me rendais pas compte à quel point j'avais besoin de ça.

— Salut ma puce. Tu es debout depuis longtemps ? me demande Sébastien en déposant un baiser sur ma tempe.

Ses cheveux bruns coupés courts pointent dans tous les sens, ce qui le rend, je le reconnais, vraiment adorable.

— Assez longtemps, oui. Je n'arrivais plus à dormir. J'ai fait du café si tu veux, lui proposé-je en lui indiquant la cafetière.

Il se sert un grand mug avant de venir s'asseoir face à moi.

— Qu'est-ce que tu fais ? me demande-il en pointant du menton l'ordinateur de papa.

— Je cherche des informations sur les montagnes Appalaches.

— Laisse-moi deviner... C'est l'endroit où est supposée vivre ta sœur amérindienne, c'est ça ?

— Si on en croit l'adresse du dernier versement bancaire, oui. Elle habiterait dans la réserve Cherokee.

Il se met à rire.

— On se croirait dans un mauvais Western.

Je le fusille du regard. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.

— Je compte la retrouver, Seb, l'informé-sans plus de cérémonie.

— Tu tiens vraiment à aller te perdre là-bas ?

Il me fixe, les yeux ronds, tandis que je lui confirme mes intentions.

— Mais tu n'es même pas sûre qu'elle vive toujours dans cette région ! Et si elle ne veut pas te voir, tu auras fait tout ce chemin pour rien ! Tu devrais peut-être... Je ne sais pas moi, regarder si elle n'a pas un profil Facebook ?

— Déjà fait et je n'ai rien trouvé. De toute façon, je ne crois pas que Facebook soit la meilleure approche. J'ai une sœur, Seb. Tu réalises un peu ? Je veux la connaître et me donner une chance de nouer des liens avec la seule famille qu'il me reste.

Devant mon air déterminé, il ne dit plus rien.

— Et tu comptes partir quand au juste ?

— Je pensais au mois d'avril. Normalement, la succession devrait être réglée et ça me laissera le temps de démissionner.

— Démissionner ?

Là, je crois que je viens de lui porter le coup de grâce.

— Je ne sais pas combien de temps je serai partie...

— Ah parce que tu comptes prendre racine là-bas ? ironise-t-il.

Je suis en train de le mettre sacrément en colère. Je le vois aux éclairs qui dansent dans ses yeux marron.

— Je tiens à passer du temps avec elle. Je veux apprendre à la connaître et ce n'est pas en quelques jours que je pourrai faire ça. Quitte à me payer un billet d'avion à mille cinq cents euros, j'aimerais autant pouvoir profiter d'un long séjour sur place. Et puis, je n'ai pas envie de me sentir pressée par le temps. Si je sais que rien ne m'attend en France, je me sentirai plus libre de prendre le temps nécessaire.