L'opération

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Il fait chaud, trop chaud même. Un peu plus et je me croirais au beau milieu d'un volcan en train de me dissoudre dans de la lave en fusion. Peut-être n'y suis-je pas, mais je me sens comme si. Mes membres sont presque calcinés à force de rester ainsi à découvert sous le soleil brûlant. Même mes pieds me font mal! Je suis sûr et certain que si je baisse les yeux et regarde sous leur plante il va y avoir des centaines de cloques, éclatées ou pas, qui y seront nichées. Malheureusement, je ne peux rien y changer. Voilà bien des lustres que je n'ai plus de chaussures et je n'ai point d'onguent médicinal pour me soulager de la douleur. De plus, comment voulez-vous que je fasse quoi que ce soit alors que je suis perdu au milieu de nulle part et que la seule chose que je vois à l'horizon soit du sable doré à perte de vue? Je ne sais pas pour vous, mais à moi il me semble évident que je ne survivrai pas. Je n'ai pas peur, au contraire, mais je souffre en silence.

Je marche encore d'un bon pas, couvrant une bonne distance en un rien de temps. Je sais, c'est insolite, mais que voulez-vous? Cela fait peut-être une semaine que je n'ai pas manger et j'ai fini mon eau avant-hier, mais je suis tout de même solide. J'ai été entraîné pour ça toute ma vie. Enfin, ce n'était pas volontaire de me retrouver dans cette situation, mais j'y étais et je ne pouvais rien y faire.

Je continu mon chemin, pourtant rien ne change dans le décor. Encore le même foutu sable et le même ciel toujours vide.

Quand vont-il se rendre compte que j'ai disparu de la civilisation? Peut-être jamais, car je partais souvent en excursion sans rien dire à personne et je revenais quand bon me semblait. Cette fois-ci j'étais parti en promenade dans une forêt amazonienne et ma petite amie était au courant, mais je n'avais pas prévu ce changement de plan. Impossible de prévoir quand c'est involontaire et imposé. Et ce n'était pas de ma faute si ces salopards m'avaient enlevé! Sans cela, je serais rentré chez moi tout naturellement et la vie aurait repris son cours, mais non! Il fallait que je me fasse kidnappé comme un bel imbécile!

Je soupire et m'arrête un peu. Peut-être suis-je résistant, mais je ne vais pas tenir encore très longtemps. Les coups que mes agresseurs m'ont donnés m'ont affaibli et je n'ai plus la même force qu'autrefois, avant mon opération.

Je m'affale sur le sable, incapable de continuer. Peut-être reprendrai-je mon chemin demain si je survis à la nuit glaciale que je vais être obligé de passer.

Si seulement je n'avais jamais subi cette stupide opération. Opération forcée, d'ailleurs. Bon d'accord, je l'avoue, c'est la deuxième fois que je me fait enlever en moins d'un ans. La première pour subir une opération secrète et la deuxième pour essayer de tuer le monstre que je suis devenu.

Je prend une grande inspiration et me relève. Je ne dois pas rester ici, il faut que je continu d'avancer le plus possible. Je prend mon courage à deux mains et continu ma route.

Décidément, je déteste les scientifiques et leurs projets secrets ratés! Si seulement ils n'existaient pas! Ils ne m'auraient peut-être pas pris pour cible et j'aurais continuer à vivre normalement, mais ils étaient bel et bien là. Et ils avaient gâché ma vie. Pour toujours.

Je ressens soudainement une palpitation dans mon coeur et mon poil s'hérisse. J'arrête de marcher et je sais très bien ce qui va m'arriver. Je soupire de découragement et tout mon être se contracte alors que j'essais de repousser le mal qui me ronge. Je sais très bien que je ne réussirai pas, mais au moins j'aurai essayer.

Comme de fait, mon souffle se fait court et je tombe à genoux. Mes os se déplacent et je sens ma structure qui se transforme. Le tout s'arrête et je perd le contrôle. À cette phase, je suis invincible. Personne, j'ai bien dit personne, ne peut m'arrêter. Pas même moi. C'est là que l'horreur commence.

L'opérationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant