Chapitre 9

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Mes jambes commencent à trembler et je serais tombé sur le sol si les hommes ne m'avaient pas retenu. J'avais oublié durant un instant que j'étais si faible.

Ils m'allongent sur les sol et la femme demande au moustachu d'aller me chercher de quoi me sustenter. Il revient vite et me tend, à ma grande surprise, un gigantesque hamburger. Enfin, dans ma tête il est gigantesque.

Je prends une bouchée et tout trois me fixent du regard. Je dévore le hamburger au grand complet et je m'en liche les doigts.

- Délicieux, m'exclamai-je satisfait et repu.

Les hommes hochent la tête avec un sourire en coin et la femme lève la tête au ciel comme je l'avais déjà vu le faire.

- Au fait, je suis Alice, se présente-t-elle finalement. Bienvenu dans notre camp.

- Un camp?

Le mot résonne dans ma tête et il me brûle la gorge. Le manque d'eau ne m'avait pas fait de cadeaux. Je ne serais même pas surpris si je découvrais que ma gorge est en sang.

- Oui, un camp, répète-t-elle comme si j'étais stupide. On accueille tous les gens comme nous.

- Et il y a combien de gens comme nous?

- Une trentaine en ce moment, mais il pourrait toujours en arriver d'autre.

J'hausse les sourcils. Tant que ça? Wow, je ne m'y attendais pas.

- Et à quoi il sert, ce camp? Avec autant de mutants il doit bien y en avoir qui s'entre-tuent.

Elle grince des dents au mot "mutants" mais elle ne relève pas.

- Justement. On leur apprends à contrôler leur transformation et tout ça dans un but ultime, cependant.

- Parce qu'il est possible de se contrôler? Ça, je peux vraiment pas y croire. Ce n'est que mensonges. Personne ne peut espérer prendre le dessus sur une telle force!

- Nous ne sommes pas comme toi, murmure-t-elle en avalant sa salive. On avait jamais vu aussi puissants. Tu es le tout premier.

Elle lance un regard vers la porte couverte de profonds sillons creusés par mes griffes et mon regard fait pareil.

- Elles ont percées le métal.

À mon tour d'avaler ma salive.

- Et merde.

Un long silence suit ses paroles et les deux hommes me dévisagent sans gène.

- Tu dois apprendre à contrôler ça, me dit le plus baraqué des deux en se relevant. Et vite.

Ils hochent la tête simultanément.

* * *

Au cours de la semaine qui suivit, j'appris plusieurs chose sur cette société de mutants qui venait tout juste de m'être révélée. Je rencontrai plusieurs autres personnes, mais ne vit aucune d'elles se transformer. Il était encore trop tôt pour ça, me disait Alice plusieurs fois par jours. Elle insistait aussi sur le fait que je devais dormir dans une des cellules au sous-sol. Bien entendu, vu ma haine chronique des chaînes et sangles, ils ne prenaient pas la chance de m'attacher. Il redoutait surtout une autre de mes crises qui, bizarrement, avait arrêtées depuis la dernière que j'avais faites, soit celle où j'avais passé proche de démolir une porte en métal. C'est pour cette raison que je dormais isolé en bas avec deux à quatre autres mutants pour me surveiller. C'était dérangeant, mais je supportais tout sans rechigner vu qu'ils m'acceptaient, me nourrissaient et prenaient soin de toutes mes blessures. Grâce à eux, ma gorge était redevenue à peu près normale et toutes mes cloques avaient disparues. Ils avaient utilisé un onguent spécial qui m'avait fait plus que du bien. Dès la première application, je m'étais retrouvé directement au septième ciel. Ce camp était une grande découverte et un grand soulagement pour moi et mon pauvre corps meurtri.

* * *

Je sursaute en entendant un coup contre les barreaux de ma grande prison. Elle était plutôt spacieuse pour une cellule dans un sous-sol: un grand lit, de la lumière en grande quantité, des feuilles et des crayons s'il me prenait l'envie d'écrire ou de dessiner et des vêtements qui m'allaient à merveille. En plus, ils n'étaient pas sales et sentaient le propre.

- Edgan?

C'était la voix d'Alice qui m'appelait.

- Oui? répondis-je en retour.

- Allez, viens. Je vais te montrer quelque chose.

Elle débarre ma cellule et ouvre la grille pour me laisser sortir.

- Aucune crise cette nuit? me demande-t-elle.

- Aucune. Et aucun cauchemar en plus.

- Je vois qu'on progresse.

Un sourire me vient et elle me le rend sans hésiter.

- Alors, qu'est-ce que tu vas me montrer aujourd'hui?

Elle se mord la lèvre inférieur et regarde droit devant elle.

- Tu verras bien. Est-ce que tu te sens en contrôle? Ou sur le bord de basculer?

- Totalement en contrôle, répondis-je avec suspicion.

- Bien. Tu vas en avoir besoin.

Son ton grave n'augurait rien de bon. Qu'allait-elle me faire voir?

Elle prend le couloir de droite et je la suis de près. Elle emprunte des escaliers et tout un tas des passages que je n'avais même pas encore vus. J'étais maintenant dans un endroit qui m'était totalement inconnu dans cette énorme bâtisse.

Elle s'arrête devant une porte et pousse un léger soupir remplit de mélancolie.

- Qu'est-ce qui va pas? demandai-je en posant une main sur son épaule.

Elle ferme les yeux et met sa main sur la poignée.

- En contrôle? demande-t-elle en ignorant ma question.

J'hoche la tête, un peu plus incertain.

Elle ouvre la porte et je reste surpris de ce qui s'y cache.

L'opérationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant