Chapitre 11

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D'un seul coup de patte.

J'avais défoncé la porte d'un seul coup de patte. Elle git maintenant sur le sol en dix milles morceaux alors que je m'avance tranquillement, mes muscles surpuissant roulant sous ma peau sans difficulté. Je me plante devant la louve et les trois autres mâles adultes et grogne en leur ordonnant de reculer. Ils grognent vers moi, mais je m'arrête pas pour autant.

Je lance un énorme rugissement et ils tremblent sur leurs pattes devant moi. Les oreilles de la louve se couchent en signe de colère et ils refusent tous de bouger. Je commande à la bête de ne pas faire ça, de ne pas s'approcher des enfants, mais elle ne m'écoute évidemment pas. Elle n'a qu'un but et l'atteindra quoi qu'il advienne.

Je m'avance et fait mine de mordre le lion qui est en fait le moustachu. Il se recule d'un bond avec un bruit outré et je recommence. Cette fois, j'accroche son museau et y fait une entaille, puis d'un nouveau coup de patte je l'envoie au plancher. Je m'avance vers lui de écume coulant de mes babines et il s'aplatit sur le sol en signe de soumission. Il a fait le bon choix. Combattre le monstre que je suis ne servirait à rien. Je suis trop fort.

Je le laisse dans cette position et me retourne vers la louve et les lynx. Ceux-ci courent rejoindre le lion, conscient que je pourrais leur broyer les os d'un coup de mâchoire, mais la louve reste sur place faisant preuve de bravoure et probablement de folie.

Mes griffes font leur sortie et je grogne en lui lacérant le flanc droit. Elle gémit de douleur et je la fait reculer jusqu'aux autres. Maintenant que la voie est libre, je m'approche des petits félins maintenant terrifiés. Ils se recroquevillent et se collent les uns sur les autres.

Mon museau capte soudainement une odeur si malheureusement familière et je renifle l'air ambiant la truffe pointée vers le plafond. L'odeur d'une similitude. D'un même fait vécu. Cette effluve... Je ne savais même pas que je la connaissais, mais maintenant qu'elle se manifeste je sais ce qu'elle est.

Je tourne la tête dans un bruissement de fourrure et je fixe le jeune guépard. Il redresse les oreilles et se met lui aussi à renifler l'air. Il sait qui je suis. Et je sais qui il est.

* * *

Ils me jettent dans ma cellule et je pousse un gémissement en tombant sur le sol froid. Je heurte le ciment avec force et je sens le choc se répercuter dans tous mes os. Je reste immobile pour un instant et j'appuie ma tête par terre tandis que je me masse l'épaule. Non mais quelles brutes!

Un des hommes revient tout à coup avec un autre et ils me trainent sur le sol crasseux jusqu'aux murs de pierres. L'un me lève les bras alors que l'autre me passe les menottes enchainées à la prison par de gros anneaux de métal. L'acier froid me mord la peau et ils me laissent retomber durement. Ils sortent ensuite de la cellule et m'embarre à l'intérieur. Lorsque je sens que je suis finalement seul, je me laisse aller et je sors toutes les obscénités qui me passe par la tête. Les mots vont par torrents avec une fluidité exceptionnelle. Je n'ai même pas besoin de me concentrer pour les massacrer verbalement. Dommage qu'ils ne soient plus là pour entendre. Je suis sûr qu'ils auraient adoré les jolies poèmes que je faisais sans le moindre effort.

- Ça ne sert à rien, murmure une voix dans le noire.

J'arrête les flots de méchancetés qui me sortent de la bouche et je fouille le noir pour trouver la personne qui a parlée.

- Qui es-tu?

- Quelle importance puisque je ne serai plus rien dans une heure à peine?

Je réfléchis à ses paroles et, même si je sais qu'il dit probablement vrai, je m'obstine à vouloir le savoir.

- Dis-moi qui tu es. Quel est ton nom?

Il soupire.

- Alec. Toi?

- Moi c'est Edgan. Tu es ici depuis combien de temps?

Il part d'un rire nerveux et j'entends des chaines cliqueter dans le fond de la prison.

- J'en ai aucune idée. Ça pourrais faire des semaines comme des mois, peut-être même des jours qui sait?

Je l'entends changer de position et il reste immobile avant de parler de nouveau.

- J'espère qu'ils vont m'achever.

L'opérationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant