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«Success is a science, if you have the conditions. You get the result.»
Oscar Wilde

Les différents bruits parvenant de la rue me réveillent de mon sommeil et la lumière qui s'infiltre par la fenêtre agresse mes yeux.

Une douleur lancinante me parvient  quand j'essaye de me lever. Décidément, dormir sur le parquet ne me réussit pas. Je dois vraiment acheter des meubles. Je passe une main sur mon visage, et me lève lentement le corps encore endorli  pour me diriger vers la salle de bain en traînant des pieds.

Mon reflet sur le verre du miroir témoigne des épreuves que j'ai traversé pour me trouver face à ce dernier. Je me lave le visage tandis que les paroles de mon père résonnent dans mon esprit pour la énième fois.

'' Tu t'embarques dans un terrain inconnu, sans repères et complètement seule. Si tu t'en vas tu es l'unique responsable de tes choix ''

Il m'avait craché ces paroles avec une rage qui allumait des flammes dans ses yeux. Et le pire c'est qu'il disait vrai. Mais, maintenant que je suis à des milliers de kilomètres de ce regard, je comprends la source de sa rage.

J'ai toujours été dépendante d'une personne, un endroit, n'importe quelle chose dans mon quotidien.
D'abord, c'était l'amour que ma mère me portait. Ensuite, l'autorité de mon père. Il contrôlait les moindres détails de ma vie, il voulait que je sois une personne que je refusais d'être. La parfaite petite fille du lieutenant Levi.

Mon père était aveuglé par son envie de me perfectionner, je n'étais plus moi-même mais une ombre conçue d'autres choses que de la lumière.
Dans la rue, on me pointait du doigt, j'entendais les passants chuchoter sur ma famille, sur nos problèmes. À un moment donné, je ne pouvais plus supporter toute cette pression, je voulais être libre. Libre de mes choix, de mes pensées mais surtout de ma personne. Mon père l'avait compris.
Sa rage n'était qu'une carapace pour cacher sa peur. Il a eu peur de perdre le contrôle. Parce que la plupart du temps notre colère n'est que tristesse et peur cachées.

[...]

Je regarde les deux tenues que je tiens entre mes mains en soufflant.
J'allais finir par arriver en retard si je ne me dépêchais  pas de choisir.
Mais le stress que je ressens m'empêche de générer une réponse cohérente. Ni la douche froide que j'ai pris, ni les exercices de respiration ne peuvent faire descendre cette excitation mêlée de peur.
Je vais enfin accéder à l'empire que j'observe de loin depuis trop longtemps.

Society, ce journal qui s'est dégradé au fil des années, pour devenir un magazine commercial qui affiche les différents scandales de célébrités aussi minables les unes que les autres.

Je vais enfin pouvoir postuler chez eux. Une voix au plus profond de mon être me murmure que je vaux mieux. Mais une autre me crie que je peux changer le tournant des choses. Et je reste confuse au milieu des deux.

Je finis par choisir une robe noire qui m'arrive au dessus des genoux et attache mes cheveux bruns en une queue de cheval. Je sors de l'appartement, après avoir verrouillé la porte.

Une fois en dehors du bâtiment, je sors mon téléphone de mon sac à main et cherche un café près d'ici. J'en trouve un à proximité et décide d'y aller à pied.

Je repère l'endroit facilement, grâce à  l'enseigne qui comporte son nom. L'ambiance qui y règne est loin de la modernité New-yorkaise.
Le vintage est omniprésent, grâce aux vieux meubles, les images en noir et blanc, ainsi que les tenues des employés.

Je prends place à une table et attends. Une serveuse jeune se dirige vers ma table, un sourire plaqué sur les lèvres.

- Bonjour pourrais-je prendre votre commande ?

- Bien sûr. J'aimerais un expresso accompagné d'un donut, s'il vous plaît.

- Je vous apporte ça, mademoiselle.

- Merci.

Elle tourne les talons pour retourner à son travail et je me mets à regarder les rues à travers les fenêtres du café.
Malgré le fait qu'il n'est que neuf heures du matin, les rues sont bondés. Entre ceux qui courent, promènent leurs chiens, font de la bicyclette, On trouve un bon nombre de gens. C'est fou comme chacun est absorbé par ce qu'il fait. Personne ne communique, l'image pourrait refléter une meute de robots enchaînés à un seul et unique rythme. La vie.

- Mademoiselle...

La voix de la serveuse me sort de ma contemplation, je pose mon regard sur cette dernière qui tient ma commande entre ses mains et la remercie puis commence à manger, le cerveau brouillé par mes pensées.

Mon petit déjeuner terminé, je paye et quitte les lieux à la recherche d'un taxi. J'embarque dans l'un d'eux et lui dit ma destination.

Ma respiration se bloque quand je regarde ce qui se dresse devant moi.
J'ai attendu ce moment toute ma vie, je l'ai imaginé dans tous ses détails .La tenue que je porterais, les actes, les paroles.

Seulement, je n'avais pas prévu une chose : les sentiments.
Par cela, je veux dire la nervosité qui est en train de me clouer au sol, j'ai l'impression que le temps s'est arrêté pendant un instant. Pendant que moi j'étais au milieu de tout ça comme une minuscule pièce du puzzle.
le bâtiment n'est pas très différent des autres mais j'ai l'impression que ses couleurs métalliques forment une sorte de halo autour de lui, je me sens minuscule devant son hauteur vertigineuse. Je rassemble les dernières miettes de courage qui me reste et m'avance jusqu'à l'entrée qui était ornée du nom Society écrit sur une plaque argentée. Cet immeuble doit coûter une blinde.
Quand je franchis le seuil de la porte battante, j'ai l'impression qu'un changement s'opère en moi. Mon père m'a toujours répétée qu'une personne est toujours reliée à une chose peu importe la distance qui les séparent.
Pourtant, j'ai l'impression qu'un lien est entrain de se briser ici même et que je balaye ses débris.

Je prends le temps de regarder autour de moi, et je reste tétanisée par le personnel et                             ses...caractéristiques.

Je ne vois que des personnes tirées à quatre épingles.
Les hommes en costume cravate, la coupe parfaitement arrangée et les femmes toutes en jupes provocantes et chemisiers deux fois plus petits pour elles, ainsi que des talons aux bruits insupportables. Je jette un regard aux ballerines que porte et mon teint blême dont la couleur se reflète sur les baies vitrées installées et je me sens d'un coup beaucoup moins confiante.

Je m'avance vers la réception, où se tient une employée à la peau métissée luisante. Rien avoir avec le jaune de la mienne.

-Bonjour, je peux vous aider ? Dit-elle sans relever les yeux de l'écran de son ordinateur.
- Je viens postuler. Répliquai-je, le regard ennuyé qu'elle me jette me dit que je ne suis pas la première à prononcer ces paroles.

- Suivez-moi, je vais vous montrer la salle d'attente. J'ai l'impression que chaque fois qu'elle ouvre la bouche lui demande un effort surhumain.
Elle traverse les couloirs, faisant claquer ses talons sur le sol, tandis que j'essaie tant bien que mal de suivre son rythme. On a pas toutes la chance d'avoir de longues jambes.

Nous nous arrêtons devant une porte qu'elle ouvre, je reste bouche bée devant l'image qui se présente à moi, une vingtaine de personnes sont assises attendant leur tour. Ne me dites pas que....

- Puisqu'il semblerait que vous n'avez pas de rendez-vous, vous allez attendre que monsieur Turner soit disponible. Me dit-elle avant de retourner à son poste sans me laisser le temps de rétorquer.

Les regards que me lancent les personnes présentes varient entre pitié, moqueries et dédain...
Je me mord l'intérieur de la joue et prends place à côté d'une jeune femme au style vestimentaire similaire aux employées.

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Salut ! Voici la réécriture du chapitre deux, j'attends toujours vos avis car je ne suis pas vraiment totalement satisfaite (oui je sais la syntaxe de cette phrase est à ch**r)
So enjoy 💖💗🌷

SocietyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant