Chapitre 1

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Assis sur un confortable canapé, le yeux clos, la tête rejetée en arrière, les mains refermées sur une masse de cheveux blonds, je pousse des râles et des soupirs tandis que je baise brutalement la bouche du jeune inconnu à genoux devant moi. Je dois avouer qu'il est doué, et qu'il met de l'ardeur à la tâche. Ce dont je lui suis reconnaissant.

Il ne laisse rien au hasard. Ses mains enserrant légèrement mes bourses, sa langue titillant mon gland avant de m'avaler en entier. Ses va-et-vient de plus en plus rapides. Ses gémissements dont les vibrations se répercutent autour de ma queue.

Il ne me faut que quelques minutes pour parvenir à la délivrance et je crie tandis que je me déverse dans la capote.

Putain, ça fait du bien.

Le mec se relève, un immense sourire satisfait au coin des lèvres. Il se penche vers moi et m'embrasse furieusement. Ses lèvres ont un arrière goût de latex. Je me laisse faire, même si à présent que j'ai trouvé ce pour quoi je suis venu, j'ai perdu mon enthousiasme.

— Est ce que tu veux terminer la soirée ailleurs ? demande-t-il d'une voix suave qui doit piéger de nombreux hommes.

Je me relève, remonte mon jean et boucle ma ceinture.

— Une autre fois peut-être. Mais pas ce soir. Je me lève tôt demain.

Il m'offre une moue déçue et je caresse doucement sa joue en guise d'excuses. Il n'insiste pas, se contentant de hausser les épaules avant de s'éloigner.

Il ne me demande ni mon nom, ni mon numéro. Il sait que ça serait vain. Nous venons tous dans ce club pour la même raison. Nous perdre durant quelques minutes ou quelques heures dans des étreintes anonymes. Pour arrêter de penser. Pour laisser de côtés nos problèmes. Dommage que le répit soit toujours de courte durée.

J'observe son corps massif jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vue. Passe une main dans mes cheveux blonds pour tenter de me recoiffer. Après un regard circulaire à la pièce où se pressent les corps moites de toute un tas d'hommes plus ou moins bien faits, je décide de quitter le club.

Je n'ai pas menti au type, je dois vraiment me lever tôt.

Demain, je reprends le travail après deux mois et demi de vacances.

Et honnêtement, j'ai hâte.

Cet été ne s'est pas déroulé de la manière dont je l'aurais souhaité. Et reprendre le boulot me fera du bien. Me permettra de m'occuper l'esprit. De penser à autre chose.

Mais comme la veille de chaque rentrée, je me retrouve dans un stress pas possible. J'ignore pourquoi, je n'ai jamais eu aucune raison de m'inquiéter. J'aime mon métier, j'aime l'école privée dans laquelle j'enseigne, j'aime le contact avec mes élèves. J'aime échanger, leur transmettre un peu de mon savoir et de mon expérience.

Je pensais que venir ici ce soir était la meilleure des solutions pour me détendre. Se faire tailler une pipe avant de dormir, rien de mieux pour trouver le sommeil.

Du moins, c'est ce que je croyais.

***

Ploc. Ploc. Ploc.

Ça doit bien faire trois heures que j'écoute religieusement le bruit des gouttes d'eau qui tombent du robinet de la salle de bain attenante à ma chambre. Les yeux grands ouvert, je fixe le plafond.

Respire. Respire. Respire.

Bon sang, pourquoi tout ça est-il si difficile ?

Peut-être parce que tu n'as plus personne pour te rassurer, pour te réconforter, pour te dire que tout se passera bien.

Désirs Défendus (Sortie le 16 mai 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant