Chapitre 3

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Deux mois plus tôt

Je suis allongé sur le lit, le bras replié sur mes yeux, espérant que le mal de tête que je me coltine depuis ce matin finisse par me laisser en paix.

Le matelas s'affaisse lorsque le corps massif d'Elias s'assoit dessus.

Il se penche, caresse délicatement ma joue et dépose un baiser à la commissure de mes lèvres.

— Tu ne te sens pas mieux ? demande-t-il avec un brin d'inquiétude dans la voix.

Je secoue la tête et émets un grognement qui le fait rire doucement.

Il passe sa main dans mes cheveux et je sens son souffle chaud tout contre moi. Ce simple geste m'apaise et je me décontracte lorsque ses bras m'enlacent et qu'il enfouit son visage dans mon cou.

— J'espère que ça va s'arranger. Ça m'embête de devoir t'abandonner si tôt.

— Ne t'inquiète pas. Je vais me reposer un peu et ça finira bien par s'en aller.

Nous demeurons silencieux un court instant, profitant simplement de la présence l'un de l'autre. Sa main caresse distraitement mon torse, et je l'entends respirer doucement.

— Tu comptes toujours te rendre à ton repas de famille ?

Je n'en ai pas la moindre envie. Je veux juste m'enfouir sous les draps et dormir. Ou passer la journée à me taper la tête contre les murs pour essayer de faire disparaître ce foutu mal de crâne. Mais ma mère va me taper une crise si je ne me pointe pas. Elle se plaint déjà suffisamment de ne pas me voir.

— Si je n'y vais pas, je vais en entendre parler pendant des semaines, alors je n'ai pas trop le choix, je maugrée.

Il pousse un soupir. De soulagement ? Peut-être. Peut-être qu'il se dit que si j'envisage de me rendre à ce déjeuner, c'est que je ne suis pas si mal en point, et qu'il ne se sentira pas si coupable de ne pas se joindre à moi.

Je baisse mon bras et me relève. Il m'imite.

— J'aurais préféré venir t'applaudir et t'encourager. Je suis désolé de ne pas pouvoir être présent.

J'adore regarder Elias jouer au rugby. J'aime admirer son corps puissant, ses jambes musclées moulées dans un short, ses épaules carrées. J'aime voir la force qui se dégage de lui sur le terrain. Son esprit combatif, sa rage de vaincre.

— Ouais. Tu dis ça, mais je suis sûr que tu ne viens que pour pouvoir mater ! déclare-t-il en m'offrant un clin d'œil.

C'est à mon tour d'éclater de rire.

— Tu sais bien que les autres ne sont rien comparé à toi.

— Je sais, bébé, dit-il d'une voix sérieuse.

Et bon sang, cette voix me fait toujours autant d'effet. Ce ton grave, rauque, profond. Je pourrais l'écouter parler pendant des heures.

Il se penche vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Ma réaction est identique à chaque fois. Mon corps frissonne, mon estomac se tord, et je chavire complètement. Parfois, je me demande comment il est possible de ressentir tout ça, même après deux ans. Cette passion, ce désir, cet amour. Je ne me lasserai jamais de lui.

Sa langue s'engouffre dans ma bouche et je pousse un gémissement. Mes mains agrippent sa taille tandis qu'il mordille ma lèvre, la lèche, pour revenir m'embrasser avec fougue. Je sens ma queue se dresser sous mon boxer et je commence à me frotter contre lui.

J'avale son rire et continue de l'embrasser.

— Désolé, bébé, je dois vraiment y aller.

Mon grognement de mécontentement l'amuse profondément.

Il se relève du lit, attrape son sac abandonné sur le sol et le balance par-dessus son épaule.

— Au fait, je vais sûrement inviter quelques potes à passer après le match. Ça ne te dérange pas ?

— Non. Je risque de rentrer tard de toute façon.

— OK. Préviens-moi si tu décides de rester ici.

— C'est noté.

Il va pour quitter la pièce, mais je le retiens par le bras.

Je pose une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes et murmure.

— Gagne pour moi, champion.

Un sourire illumine son visage et il effleure ma mâchoire du bout des doigts.

— C'est prévu. Je t'aime, ok ?

— OK.

Puis il quitte la pièce, me laissant admirer une dernière fois son cul parfait.

L'appartement est silencieux à présent, et je profite du calme pour tenter de me reposer. Je ferme les yeux et laisse mes pensées dériver pour tenter d'oublier la douleur qui me vrille le crâne. Je m'imagine collé contre le corps d'Elias, ses dents mordant mon épaules pendant qu'il me baise profondément. Je m'imagine nos peaux couvertes de sueur glissant l'une contre l'autre tandis que je psalmodie son nom sans relâche jusqu'à éjaculer dans sa main. Je m'imagine blotti dans ses bras, les yeux à moitié clos, repus de luxure et de plaisir.

Et à présent, en plus d'un foutu mal de crane, je me tape aussi une sacrée trique. Merde. Je la laisse retomber, pas assez en forme pour m'en occuper, me tourne et me retourne sans parvenir à trouver une position adéquate.

Après être resté une bonne demi-heure immobile, je ne constate aucun changement. Avisant l'heure, je me dis que je devrais tout de même essayer de me bouger un peu et de me préparer. Je quitte le lit à reculons, avale un autre doliprane qu'Elias a pris soin de poser sur la table de nuit accompagné d'un verre d'eau et me traîne dans sa salle de bain. Je prends une douche rapide, me brosse les dents, renonce à me raser, mais je dois me rendre à l'évidence. Je ne suis pas assez en forme pour conduire jusqu'à chez ma mère. Je crois que je ne vais avoir d'autre choix que d'annuler, tant pis pour les remontrances.

N'ayant pas la force d'affronter ses reproches de vive voix, je décide de lui envoyer un texto dans lequel je m'excuse platement et lui promets de passer un soir de semaine pour dîner avec elle et mon beau-père. Puis je m'écroule sur le lit, enfonce ma tête dans mon oreiller et ferme les yeux.

Désirs Défendus (Sortie le 16 mai 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant