Chapitre 4

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Je suis réveillé par des éclats de voix provenant du salon. J'ouvre un œil, tends l'oreille, mais avec la porte fermée, je n'entends pas grand-chose mis à part des bruits sourds.

Merde. J'ai totalement oublié de prévenir Elias que j'avais décidé d'annuler mon déjeuner. Tant pis. Ce n'est pas comme si la présence de ses potes rugbymen me dérangeait plus que ça. Certes, ils ont tendance à parler trop fort, à rire trop bruyamment, et à boire un peu trop de bières, mais ils sont plutôt sympas.

La bonne nouvelle, c'est que mon mal de crâne à totalement disparu. Je me sens bien mieux à présent. Encore légèrement dans le coaltar, mais rien qu'un peu d'eau sur le visage et un bon café ne puisse combattre.

Je me lève paresseusement, enfile les premières fringues qui me tombent sous la main et, après un passage express dans la salle de bain où je découvre ma mine pas aussi fringante que d'habitude, je me dirige dans le couloir.

Je suis sur le point de pénétrer dans le salon lorsqu'un bruit m'arrête net. Pas vraiment un bruit. Plutôt un gémissement. Un gémissement que je connais par cœur pour l'avoir entendu sortir de la bouche d'Elias des centaines de fois auparavant. Pour l'avoir provoqué.

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Je sens mon cœur s'emballer. Cogner fort dans ma poitrine. Une peur indicible s'empare de moi. Je tremble sans pouvoir m'en empêcher.

Pas encore. Pitié. Non. Pas une nouvelle fois !

J'hésite à faire demi-tour et à me carapater sous ma couette. Je ne suis pas certain d'être prêt à affronter ça. Je ne suis pas certain de vouloir affronter ça. Parce que si mes soupçons sont fondés, je crois que je ne le supporterais pas.

Mais je dois en avoir le cœur net.

Ne fuis pas, James. Ne fuis pas. Pas cette fois. Sois un homme, merde !

Je ferme les yeux, prend une profonde inspiration, les rouvre et avance à pas de loup jusqu'au salon, craignant de découvrir une scène que je suis pourtant déjà persuadé de voir.

Je reste interdit devant ce qui se joue devant moi. Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte.

Elias se tient là, complètement nu, un autre homme à moitié habillé à ses genoux en train de le sucer avec ardeur.

— Putain, ouais, suce-moi plus fort.

Je vois la tête du type qui s'active et il me faut quelques secondes pour le reconnaître. Max. son coéquipier. L'ailier droit. Une montagne de muscles. Un visage carré. Une barbe hirsute et des cheveux tout bouclés. Putain de Max.

Les yeux d'Elias se révulsent, sa tête part en arrière, il n'arrête pas de répéter « continue, c'est trop bon », tandis que la main de Max se perd entre ses fesses et qu'il commence à le doigter. Puis je le vois attraper sa queue pour la glisser hors de la bouche de Max, se branler rapidement, avant d'éjaculer sur son visage.

Je voudrais les interrompre. Je voudrais débouler comme une furie dans la pièce, leur foutre mon poing dans la gueule à tous les deux et hurler jusqu'à me casser la voix. Mais j'ai beau le désirer de toutes mes forces, je ne parviens pas à effectuer le moindre mouvement. Mon corps refuse de m'obéir. Je reste statufié dans le couloir, en train de mater l'homme que j'aime en train d'embrasser à pleine bouche ce foutu Max. ils se bouffent littéralement le visage. Grognent, halètent, se serrent l'un contre l'autre.

— Tu es la chose la plus sexy que j'ai jamais vu, déclare Elias, et son sourire est si éclatant qu'il m'éblouirait. Presque.

Mais je n'ai pas le temps de m'inquiéter de ça. Trop occupé à écouter mon cœur qui se déchire, à sentir mon corps parcouru de tremblements incontrôlables, mes yeux qui laissent couler des larmes salées et silencieuses le long de mes joues.

Max l'embrasse une dernière fois avant de lui ordonner de se mettre à quatre pattes. Elias obéit, sans cesser de sourire. D'un seul coup de reins puissant, Max s'enfonce en lui sous le cri de plaisir de mon homme.

Le cerveau agit bizarrement lorsque nous nous retrouvons confrontés à ce genre de situation. Je le sais, parce que ce n'est pas la première fois. Que je le découvre, du moins. Mais le prendre en flagrant délit est une expérience inédite. Du coup, la première remarque qui me vient à l'esprit est qu'ils n'utilisent pas de capotes, et je me demande ce que je dois en conclure. Mais je mettrais ma main au feu que ce n'est pas la première fois.

Je suis en train d'essayer de ramasser les minuscules morceaux de mon cœur en miettes lorsque la voix rauque de Max résonne dans la pièce.

— Tu aimes ça, hein ?

— Putain oui, baise-moi, Max, baise-moi à fond.

Ce dernier ne se fait pas prier et je vois son sexe sortir complètement pour se replonger d'une seule poussée dans le cul parfait d'Elias.

— Tu es si serré, bon sang, c'est trop bon !

J'ai l'impression de me retrouver dans un mauvais film porno. Et je ne sais pas ce qui me décide à réagir. Peut-être de voir Elias se faire prendre et gémir d'extase alors qu'il n'a jamais voulu jouer ce rôle avec moi. Ou de ne plus supporter la vue de leur corps puissants, virils et couverts de sueur se frotter l'un contre l'autre. Toujours est-il que j'avance d'un pas.

Ils ne me voient pas, bien trop occupés à s'envoyer en l'air sauvagement sur le sol.

Max le baise de plus en plus fort, de plus en plus profondément. Elias serre les dents, ferme les yeux.

J'ignore comment il a pu deviner ma présence, Mais je sais que c'est le cas.

Il les rouvre d'un coup. Et les posent sur moi. Son visage devient blême, il arrête de bouger mais ne pense même pas à se dégager, trop pris dans les affres du plaisir. Max grogne derrière lui, le culbute à fond. Leurs peaux claquent l'une contre l'autre et me donne envie de vomir.

Mais je reste là, les yeux ancrés dans ceux d'Elias. Je le regarde lutter pour ne pas fermer les yeux et se laisser envahir par le plaisir. J'observe Max s'enfoncer une dernière fois en lui avant de jouir dans un râle sonore. Je le vois tourner la tête à son tour. Me découvrir. Écarquiller les yeux. Se retirer précipitamment d'Elias, laissant couler le sperme le long de ses cuisses.

J'entends prononcer mon nom. J'observe Elias se relever. Chercher ses fringues. S'avancer vers moi. Et malgré mon cœur qui saigne, malgré la souffrance que je ressens, malgré l'étau qui me serre le cœur, me donnant l'impression d'étouffer, m'empêchant de respirer, je reste inerte. Sans bouger. A me demander ce qu'il va se passer maintenant.

Désirs Défendus (Sortie le 16 mai 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant