sept mille milliards

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La vue de sa chambre est splendide. Alice a mis du temps à s'en rendre compte. Parce que chaque matin, elle se prépare (en vitesse), déjeune (en vitesse) et fuit son cocon sans plus de considération. Les draps sont brûlants : elle a dû mal dormir cette nuit. Pourtant, Alice se sent reposée. Mathieu lui a posé problème au moment de s'endormir. Elle s'est souvenu de ses mots, de ses menaces quand elle lui a annoncé que pour rien au monde elle ne laisserait tomber Marquand, surtout pas dans cette situation grave dans laquelle elle considère qu'elle a une énorme part de responsabilité.

Elle va voir son enfant, qu'elle est allée rendormir en pleine nuit, comme chaque fois qu'il se réveille, parce qu'il n'a pas encore le rythme. Ce n'est pas du luxe, cet accueil chez elle alors qu'elle a un bébé à la maison. Mais Marquand a dit être très satisfait de l'endroit, et de la compagnie.

La juge se demande s'il a des réminiscences de ses sentiments pour elle. Parce qu'elle sait qu'ils ont été puissants. Elle n'a pas osé demander à l'équipe médicale s'il allait retomber amoureux d'elle. C'est un peu ridicule, comme question, non ? Alors elle se torture à penser que ce n'est pas possible et qu'on ne voit ça que dans les contes. S'il le faut, elle lui rafraîchira elle-même la mémoire. Parce que mine de rien, se savoir aimée par lui, c'était une des plus belles raisons qu'elle avait d'être, auparavant.

Alice : Alors, cette première nuit ?
Fred : Après l'hôpital, c'est royal. J'ai été acheter des croissants et je vous ai fait du café. Vous aimez, au moins ?
Alice : Oui ! Par contre, je n'ai pas acheté de...
Fred : Ce n'est pas grave, pour cette fois, je vais me plier au café. Je suis quand-même bien loti, je ne vais pas me plaindre pour du chocolat au p'tit déjeuner.
Alice : Vos goûts vous reviennent ?
Fred : Hm. Et mes dégouts aussi ! J'ai rêvé d'un mec, un vrai salaud qui mettait qui il voulait dans sa poche. Je ne sais pas la fin de l'histoire mais je l'aurais bien buté s'il n'avait pas été le mari d'une femme qui comptait pour moi.

Paul gigote dans la chaise haute : il a envie de son biberon ! Alice quitte son stoïcisme pour le lui apporter. L'enfant se met à le boire goulûment, sans prendre en compte la température qu'elle a trouvée un tantinet élevée.

Fred : Vous allez au Palais aujourd'hui ?
Alice : Oui. Je me suis dit que vous voudriez rester seul.
Fred : J'aurais juré que vous n'oseriez pas me laisser ruminer en ermite !
Alice : Ah mais je ne le fais que pour vous, parce que je ne suis pas vraiment rassurée. Mais je vous connais, et je sais que m'avoir sur le dos une journée entière n'est pas vraiment pour vous plaire...
Fred : Sérieux ?

Une fois sur le point de partir, Paul dans la poussette, elle claque une bise sur chaque joue du commandant.

Les fantômes se réveillent.

Tout au long de la journée, il rumine et fait des recherches sur l'ordinateur qu'Alice a laissé au hasard à sa disposition. Il cherche des noms, des dates pour voir s'il se souvient des attentats ou des fêtes nationales, des trucs du genre.

Le soir n'est pas aussi joyeux que le précédent. Il est sur le point de comprendre... mais il lui faut dormir. Son instinct le lui dit. Après avoir mené une telle investigation, son subconscient a besoin de faire le plein d'énergie et un petit tri bénéfique... Alice redoute le moment du souvenir tout autant qu'elle l'attend.

L'envers amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant